La crise chinoise atteint tous les constructeurs automobiles mondialisés.
La Chine connaît une crise capitaliste. Le secteur automobile est en première ligne. Alors que la Chine est devenue le premier marché automobile mondial en nombre de voitures vendues, c'est aussi, devant les Etats-Unis, le grand marché le plus profitable pour les groupes mondialisés . La situation économique chinoise frappe donc directement tous les grands groupes automobiles qui ont investis dans le pays. Le secteur automobile est particulièrement touché car à l'inverse d'autres secteurs industriels chinois les usines de construction automobile chinoises produisent d'abord pour leur marché intérieur, les exportations de voitures fabriquées en Chine étant très faibles.
Les ventes de voitures neuves ont reculé de 7,1 % en juillet sur un an. C'est le quatrième mois consécutif de baisse des ventes, une situation inédite depuis plusieurs années. Sur les sept premiers mois de l’année, les ventes en Chine sont restées stables : + 0,4 %.
Caractéristique d'une crise capitaliste, l'industrie automobile connaît une surcapacité de production. En 2013 et 2014, les capacités installées en Chine ont progressé de plus de 20%, bien davantage que les ventes de voitures neuves (+ 15,7 % et + 9,9 %). Pour 23 millions de véhicules vendus en 2014, la capacité de production installée en Chine était de plus de 40 millions d’unités. Et cela alors qu'il y a cent véhicules pour 1000 habitants contre une moyenne d'environ 600 voitures pour 1000 habitants en Europe.
Pour Volkswagen devenu le premier constructeur automobile mondial au premier semestre de l'année 2015, la Chine représente 34% des ventes annuelles mondiales du groupe. Le groupe produit des voitures en Chine avec 2 coentreprises, l'une avec le constructeur chinois FAW et l'autre avec Saic Motor. En 2014, les dividendes générés pour Volkswagen par cette activité en Chine avaient atteint 5 milliards d'euros. Montant qui s'ajoute aux 15 milliards d'euros de bénéfices annoncés par Volkswagen en 2014.
L'euphorie est finie : sur la seule Chine, entre janvier et juin, le groupe Volkswagen a enregistré un repli de 3,9%, le premier depuis dix ans. La marque Volkswagen seule y a même chuté de 6,7%.
Depuis le début de l'année, les marges bénéficiaires des co-entreprises de Volkswagen en Chine sont inférieures de 25% par rapport à la période correspondante de 2014, Si les ventes sur le marché chinois demeurent aussi basses qu'en juin, le groupe pourrait perdre jusqu'à 2 milliards d'euros de profits.
General Motors dépend aussi largement de son activité en Chine. En 2014, le groupe, ex numéro 1 mondial, y a, grâce à ses co entreprises avec des firmes chinoises, produit 3,2 millions de véhicules et réalisé un bénéfice de 1,2 milliard de dollars, ce qui représente 35 % du total des voitures vendues par GM dans le monde et 20 % de ses bénéfices totaux au plan mondial. Les perspectives sont naturellement revues pour l'année 2015, avec la baisse des ventes observée au premier semestre de l'année qui devrait se poursuivre.
PSA est le constructeur automobile français le plus présent en Chine, l'entrée de la firme chinoise Dongfeng dans son capital ayant ouvert une nouvelle phase dans l'histoire des investissements de PSA en Chine. Le groupe a vendu 734 000 véhicules en Chine au cours de l’année 2014, soit une hausse de 31,9 % par rapport à 2013. La Chine est devenue le premier marché de PSA, devant la France, où 659 201 véhicules avaient vendues en 2014.
La contribution de la Chine aux résultats de PSA est supérieure à 500 millions d’euros en 2014. Le PDG de PSA, Tavarès, indiquait en février 2015 que la Chine permet de réaliser "un gros tiers des profits de l'entreprise" et qu'il s'agit "du premier marché du monde."
Quant à Renault, son implantation en Chine sur une grand échelle est récente et en supportera les conséquences financières par l'intermédiaire des résultats de Nissan qui, eux, seront directement atteints par cette situation chinoise.