Volkswagen a été complice de la dictature au Brésil
Mardi, alors que l'affaire menaçait déjà de discréditer le "Made in Germany", d'anciens travailleurs de Volkswagen et des militants ont déposé plainte à Sao Paulo, au Brésil, accusant le groupe d'avoir permis la torture et la persécution d'opposants sous la dictature militaire brésilienne.
"Des salariés de Volkswagen ont été victimes de torture et de détention illégale, d'autres ont été mis au chômage et placés sur des listes noires, surveillés illégalement", a assuré Rosa Cardoso, une avocate qui représente plusieurs victimes.
Au Brésil, la plainte, déposée par le Forum des travailleurs pour la vérité, la justice et la réparation, avec l'appui de syndicats, d'avocats et de militants des droits de l'homme, porte sur les activités de la marque automobile durant la dictature militaire (1964-1985).
Des documents "dévastateurs" ?
"Les documents que nous avons contre (Volkswagen) sont dévastateurs, dans le sens où elle a permis l'existence d'un État policier à l'intérieur de l'entreprise et des arrestations directement aux postes de travail", a affirmé à l'AFP Sebastiao Neto, l'un des responsables du Forum.
La plainte, qui réclame des dommages et intérêts de manière collective auprès du groupe allemand, mentionne 12 ex-employés arrêtés et torturés dans l'usine de Volkswagen à Sao Bernardo do Campo, près de Sao Paulo, ainsi que des dizaines de personnes placées sur liste noire.
«Ils m'ont emmené, menotté, au département du personnel et là ils ont commencé à me torturer», a raconté à l'AFP l'un d'eux, Lucio Bellentani, militant communiste de 28 ans et employé de Volkswagen au moment des faits. Lucio avait ensuite été transféré dans un centre de détention où il avait passé un an avant d'être jugé.
Des avocats de la Commission nationale de la vérité
"Volkswagen n'a pas été l'unique entreprise impliquée, mais elle a eu un rôle de gestion à Sao Paulo et elle a même coordonné les autres" entreprises, a expliqué à l'AFP Sebastiao Neto.
L'action judiciaire est soutenue par des avocats qui ont participé à la Commission nationale de la vérité, mise en place en 2012 par la présidente de gauche Dilma Rousseff pour enquêter sur les crimes de la dictature militaire.
Dans l'un de ses rapports publié en décembre 2014, cité par le site de Deutsche Welle, la Commission affirme que des "montagnes de documents" viennent confirmer une coopération "à long terme" entre Volkswagen et la dictature militaire. En 1980 déjà, un certain Inacio Lula da Silva, alors syndicaliste, futur président (entre 2003 et 2010) prévenait les employés de Volkswagen que le directeur de la sécurité de l'entreprise auto les espionnait.
Volkswagen, qui a installé sa première usine dans le pays en 1953, est le plus important constructeur automobile ainsi que l'une des principales entreprises privées du pays. En mars dernier, il a atteint le record de 22 millions de véhicules produits au Brésil.
(Avec AFP)
Article publié à 8h22, mis à jour à 14h20