PSA Aulnay : les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît !

Publié le par NPA Auto Critique

L'UDI est un regroupement de notables « centristes ». Son président actuel Jean-Chrisophe Largarde a bien du mal à se faire reconnaître. Banco il a trouvé en surfant sur l'air islamophobe du temps. Et le voilà révéler à France 2 que la fermeture de l'usine PSA d'Aulnay « « était aussi liée à l’omniprésence religieuse et au fait qu’il y avait des exigences dans le travail». Bien sûr, pour mettre les points sur les i, il vise la religion musulmane d'une partie des ouvriers de l'usine. Et pour ce faire il lui faut attendre cinq ans après la fermeture de l'usine et la longue grève qui y avait été menée.
Un Lagarde est bien incapable d'inventer quoique ce soit, même les affabulations les plus grotesques. Il est allé chercher dans les poubelles des indicateurs de police ce qui constitue une rumeur datant de 35 ans.
Dès 1982, un an après l'arrivée de Mitterrand à l’Élysée et l’accession du PS et du PC au gouvernement, des grèves d’OS de l'industrie automobile de la région parisienne, dans les usines Renault de Billancourt et Flins, et dans celles PSA de Poissy et Aulnay. Le mouvement est particulièrement long et intense dans les usines PSA car elles sortent d'une longue nuit où la famille Peugeot faisait régner l'ordre avec ses milices patronales présentes et alors que nouvelle situation créée en par les élections de 1981 avait suscité un espoir de changement.
Le gouvernement de gauche avec quatre ministres communistes, face à des revendications portant d'abord sur les salaires et les qualifications professionnelles, choisit l'intransigeance et trouva des bouc émissaires. Il dénonça «des grèves saintes d’intégristes, de musulmans, de chiites», selon les déclarations du ministre de l'intérieur de l'époque Gaston Defferre. Il avait ainsi réussi à découvrir de chiites parmi les ouvriers principalement issus d'Afrique du Nord. S'il y a un fait historique avéré, c'est bien cette fabrication d'un bouc émissaire.
Les usines automobiles ont, depuis les années 1950, rassemblé des ouvriers de toutes origines nationales. Celle d'Aulnay réunissait 49 nationalités différentes. L'unité de lutte ne s'est jamais construite en niant les différences d'origine. Dans ce bastion historique du mouvement ouvrier qu'était Renault Billancourt, de nombreuses formes d'organisations par langues et pays d'origine existaient y compris dans les syndicats. Des lieux de pratique religieuses y étaient parfois aménagés dans les ateliers. Et des prêtres ouvriers y travaillaient, se retrouvant pour certains aider les militants du FLN algérien. Voilà la réalité historique que certains voudraient sortir des mémoires.
Un Lagarde n'a jamais mis les pieds dans une usine sinon escorté par les services d'ordre de ses amis des directions patronales. Allons tous voir ou revoir « Comme des lions », le film qui retrace la longue grève des ouvriers et ouvrières d'Aulnay pour saisir comment leur lutte a su rassembler en s'enrichissant des pratiques et des origines de chacune et chacun.

Article publié dans l'hebdo du NPA L'anticapitaliste 12 janvier 2017
Photo Photothèque Rouge JMB

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