Renault : un milliard d'euros pour les actionnaires, des millions pour Ghosn !

Publié le par NPA Auto Critique

Article publié dans l'hebdo L'anticapitaliste :
26 millions d’euros de super bonus à se répartir entre six dirigeants ! Ni vu ni connu ! Les informations de l’agence Reuters, révélant l’existence d’un plan pour ce montage, n’ont pas été démenties...

Renault déclare avoir « écouté » cette proposition émanant d’une banque d’affaires déjà impliquée dans les opérations de rachats et de restructurations de la firme automobile. Cette banque entretenant des liens étroits avec Carlos Ghosn selon la presse américaine, on est loin de la fable d’un consultant parmi des « douzaines d’autres » apportant sans prévenir quelques idées. Quant à l’application, « on n’en est pas près... », sans plus de précisions.

Un projet de super bonus via une caisse noire.
La proposition s’appuie sur une structure Renault-Nissan créée en 2002 aux Pays-Bas par le prédécesseur de Carlos Ghosn pour se mettre à l’abri des services fiscaux français et des curiosités des salariés. Les économies nées des restructurations entre Renault, Nissan et Mitsubishi devaient alimenter ce qui dans le langage commun est appelée une caisse noire. Prévue pour l’enrichissement de quelques-uns, c’est une vraie niche mafieuse. Que Renault reconnaisse écouter ce genre de propositions est déjà accablant.
Ce super bonus avait pour vocation de s’ajouter aux plus de quinze millions d’euros touchés chez Renault et Nissan, sans compter le pactole supplémentaire annoncé chez Mitsubishi. Lors de la réunion annuelle des actionnaires tenue le 15 juin, la rémunération pour le mi-temps Renault de Carlos Ghosn a été votée sur la recommandation d’un comité de cinq membres... parmi lesquels Marc Ladreit de Lacharrière, celui-là même inculpé d’abus de biens sociaux pour les 630 000 euros versés à Pénélope Fillon ! Bref un « expert » en rémunération correspondant à un travail non accompli. Ghosn sait choisir ses affidés dans ce monde où il se tiennent tous !

Près d’un milliard d’euros de dividendes pour les actionnaires.
Donnant-donnant, cette même assemblée des actionnaires a entériné, avec le concours des représentants de l’État, le versement d’un dividende de 3,15 euros par action, ce qui représente un total de près d’un milliard d’euros. Comparé aux 2,40 euros versés en 2016, la hausse est de 30 %... alors que les salaires sont bloqués chez Renault depuis des années ! Il faut remonter à 2008 pour connaître un dividende supérieur, 3,8 euros par actions. C’était pile avant la crise systémique qui allait créer la violente récession de cette industrie. Aveugles aux crises qu’ils nourrissent par leur avidité de profit, ils préfèrent installer sur les voitures les dispositifs antipollution les moins chers et les moins efficaces.

Ils doivent ouvrir et rendre leurs comptes
L’indignation est largement partagée devant toutes ces pratiques aussi bien parmi les salariés de Renault que dans toute la population confrontée aux fins de mois difficiles. La légitimité de ce système de domination est atteinte. Pour que cette indignation débouche sur des empiètements sur la domination sans partage du capital, Ghosn et ses compères PDG doivent pour commencer être contraints à rendre des comptes, les leurs et ceux de leurs firmes. Ce n’est pas une question de légalité mais de rapports de forces sociaux.

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