Decazeville : tous ensemble de l'hôpital à la SAM
Dans le bassin de Decazeville dans l'Aveyron les coups pleuvent contre les salariés, la population et les services publics. L'usine de la SAM, un équipementier automobile, est elle aussi visée. Le fait marquant, c'est qu'à l'échelle de cette agglomération marquée par les traditions de lutte dans les anciennes mines de charbon en activité jusqu'en 1965, un « tous ensemble » se manifeste dans les luttes.
Samedi 2 septembre 6 000 personnes - pour une agglomération de 15 000 habitants - ont manifesté à l'appel d'un collectif tous ensemble autour des principales structures syndicales et de lutte. Protestation de toute une ville : la plupart des petits commerces étaient fermés avec l'appel à manifester apposé à leur devanture. Des compétitions sportives avaient été reportés .
La marche est partie de l'hôpital où se mène une bataille pour la réouverture de la maternité fermée depuis plusieurs mois. Elle s'est terminée, trois kilomètres plus loin devant le siège de la principale usine de la ville, la SAM, un équipementier automobile dont l'un des principaux clients est Renault.
L'usine de la SAM regroupe 600 salariés, dont 170 intérimaires, et a été mise en redressement judiciaire suite aux errements du patron précédent qui a syphonné les comptes de l'usine pour se lancer des opérations aventureuses de rachat et constituer le groupe Arche aujourd'hui en complète déconfiture.
Comme candidat au rachat de l'usine SAM de Decazeville, il ne reste plus qu'une entreprise canadienne Linamar. Sa première proposition consistait à ne garder que 312 emplois, en se séparant de tous les intérimaires et en supprimant le tiers des emplois SAM : au total, la moitié des effectifs en poste de travail supprimée ! Les menaces sur l'emploi sont donc très violentes même si refusées par les administrateurs judiciaires, la firme canadienne présentera le 2 octobre une nouvelle proposition devant le tribunal de commerce de Paris.
Le tous ensemble de Decazeville a été à l'échelle de ce bassin industriel une incontestable réussite. Élus de droite et macroniens étaient présents et silencieux dans la manifestation. Ont pris la parole le secrétaire du syndicat CGT de l'hôpital, Maxime Gaillac, « l'ARS met en péril une population de 60 000 habitants et il y a une menace sur une centaine d'emplois, on fragilise notre structure mais on tient, on se bat » et d'un responsable de la CGT de la SAM, Sébastein Lallier, appelant au maintien de tous les emplois dans l'usine, ceux ci entraînant d'autres emplois chez d'autres sous traitants sur place.
Oui le « tous ensemble du bassin », de l'hôpital à l'usine de la SAM traduit une protestation massive contre les méfaits des impératifs de la concurrence et de la rentabilité. L'arrivée de Macron n'a pas entamé une mobilisation qui s'organise depuis plusieurs mois. Et les attaques aujourd'hui redoublent. Tout se tient entre les attaques dans cette veille région industrielle et les ordonnances Macron.
Correspondant Aveyron