Usine Renault Oyak en Turquie : harcèlement judiciaire de travailleurs et de syndicalistes du "Birlesik Metal-İş"
Nous publions,cet appel contre la répression en Turquie visant le syndicat Birleskil Metal et des travailleurs de l'usine Renault Oyak en Turquie.
Le 2 novembre 2018, 35 travailleurs et syndicalistes de Birleşik Metal-İş ont été condamnés à des peines de prison pour violation de la loi sur les rassemblements et les manifestations Ils sont condamnés pour une manifestation qui a eu lieu en 2016 dans l'usine turque de Renault Oyak, à Bursa. Le 1er mars 2016, les travailleurs avaient protesté pacifiquement contre les efforts déployés par Oyak pour limiter la liberté syndicale des travailleurs et contre les licenciements de plus de 60 travailleurs membres du syndicat Birleşik Metal-İş
Birleşik Metal-İş est un syndicat qui milite depuis les années 90 pour la promotion des conditions de travail ainsi que pour les droits sociaux, économiques et culturels des travailleurs de la métallurgie en Turquie. Le syndicat représente également la très grande majorité des travailleurs de l’usine turque de l’usine automobile Renault, Oyak. Il est membre d’IndustriALL Global Union, qui représente 50 millions de travailleurs dans 140 pays des secteurs des mines, de l’énergie et de la fabrication.
À la suite d'une série de grèves non officielles ayant débuté en mai 2015 dans le secteur de la construction automobile en Turquie, le groupe Renault, IndustriALL Global Union et le syndicat Birleşik Metal İş étaient parvenus, le 4 février 2016, à un accord pour permettre une représentation du syndicat sur le lieu de travail. Une élection sur le lieu de travail devait avoir lieu le 29 février 2016 pour choisir les membres du « comité de dialogue social ». Cependant, la direction de Renault a annulé les élections quelques jours auparavant au motif que celles-ci étaient illégales. En outre, l'entreprise a licencié plus de 60 travailleurs, y compris les porte-parole du syndicat, et 100 autres ont été contraints au départ de l’usine.avec des indemnités.
Dans les mois qui ont suivi, environ 400 travailleurs ont été contraints de démissionner avec des indemnités et ont été menacé d’être licenciés sans indemnité de licenciement s’ils n’acceptaient pas l’offre.
Le 1er mars 2016, pour protester contre la violation de leur droit à la liberté d'association et le licenciement de leurs collègues, de nombreux travailleurs se sont réunis dans l'usine turque de Renault à Bursa. La manifestation pacifique a été dispersée par la police, qui attendait devant l’usine et était équipée de deux canons à eau. Au cours de l'intervention de la police, plusieurs manifestants ont été blessés et certains ont été arrêtés. Une enquête a ensuite été ouverte pour déterminer si les manifestants avaient enfreint la loi sur les rassemblements et les manifestations.
Le 2 novembre 2018, 35 travailleurs et syndicalistes ont été reconnus coupables des mêmes accusations et condamnés à cinq mois de prison. A l’exception de quatre, toutes les peines ont été avec sursis , à condition qu’ils ne soient pas condamnés pour un autre crime au cours des cinq prochaines années. Les travailleurs dont les peines sont avec sursis ne peuvent pas faire appel de la décision..
Les peines prononcées à l'encontre des quatre travailleurs restants sont suspendues et ils ont le droit de faire appel de la décision. En outre, deux autres personnes, qui ont exprimé leur soutien aux manifestations sur les médias sociaux, ont été condamnées à trois ans et quatre mois de prison pour "incitation à des rassemblements et à des manifestations illégaux". Si leur appel n'aboutissait pas, les deux individus seraient détenus pour purger leurs peines de prison..
En mai 2015, l'industrie métallurgique turque a été témoin d'une vague de grèves massive qui a commencé dans les usines turques de Renault et de Tofaş (FIAT) et s'est étendue à de nombreux autres constructeurs automobiles, fournisseurs et autres lieux de travail. Plus de 30 000 travailleurs ont participé aux manifestations et se sont engagés dans une grève non officielle. Les revendications des travailleurs incluent le droit de choisir librement leur syndicat et d’élire leurs propres
représentants ainsi qu’un salaire minimum vital. La grève dans l'usine d'Oyak s'est terminée après une série de négociations entre les porte-parole choisis par les travailleurs et la direction de l'entreprise. Le 25 mai 2015, la société a publié une lettre dans laquelle elle promettait de répondre aux revendications des travailleurs.Malgré l'accord précédent, les élections ont été annulées par la direction quelques jours avant la date prévue.
« Front Line Defenders » exprime sa préoccupation devant les condamnations prononcées à l'encontre de 35 travailleurs et syndicalistes, estimant qu'elles sont uniquement liées au travail légitime et pacifique du syndicat Birleşik Metal İş pour la défense des droits des travailleurs ainsi que des droits humains. « Front Line Defenders » exhorte les autorités turques à ::
1. Annuler immédiatement les condamnations de quatre travailleurs, dont les peines sont susceptibles de recours, et mettre un terme à la criminalisation et au harcèlement judiciaire des travailleurs et des syndicalistes en Turquie,
2. Veiller au respect du droit à la liberté de réunion et d'association des travailleurs et des syndicalistes,
3. Garantir en toutes circonstances que tous les défenseurs des droits de l'homme en Turquie, y compris les défenseurs des droits du travail, soient en mesure de mener leurs activités légitimes en faveur des droits de l'homme sans crainte de représailles et sans aucune restriction.