Amiante : un véritable permis de tuer sans crainte de poursuite pénale
Scandale de l'amiante dans les usines Ferodo Valéo de Condé sur Noireau : un non-lieu général vient d'être ordonné. L’instruction dure depuis plus de 20 ans suite aux premières plaintes déposées en 1996 contre cet équipementier automobile. Ces plaintes concernaient notamment les cas de 22 anciens ouvriers exposés entre 1952 et 2007 aux poussières volatiles de l’amiante qui entraient notamment dans la fabrication de plaquettes de frein.
L'Andeva, l'association nationale de défense des victimes de l'amiante, a aussitôt annoncé faire appel de cette décision qui équivaut notamment à l'abandon des poursuites contre cinq ex-responsables des usines jusqu'alors mis en examen pour "homicides et blessures involontaires".
"Les magistrats du pôle judiciaire de santé publique ont donc décidé d'enterrer l'ensemble des affaires de l'amiante", a-t-elle dénoncé dans un communiqué, les accusant de délivrer "un véritable permis de tuer sans crainte de poursuite pénale".
Dans leur ordonnance signée le 17 juillet, consultée par l'AFP, les juges ont estimé qu'il n'était "pas possible de déterminer a posteriori une date précise d'intoxication par les fibres d'amiante". Pour l’Andeva, il s’agit d’une « interprétation grossièrement erronée » de ce rapport. « L’amiante est un cancérogène sans seuil d’innocuité dont les effets toxiques sont à l’œuvre dès les premières expositions...Ces effets ne résultent pas d’un événement ponctuel, mais d’un processus d’accumulation des fibres inhalées tout au long de la période d’exposition ».
L'ANVA va déposer au cours de la première semaine de septembre, une « citation directe visant les responsables nationaux de la catastrophe sanitaire de l’amiante », affirmant que plus de 1 000 victimes s’étaient déjà jointes à cette procédure destinée à permettre la tenue d’un procès. Le parquet et les juges d’instruction cherchent à « faire durer les procédures le plus longtemps possible pour qu’il n’y ait plus personne à juger », estime l’association, qui souligne que les « responsables (…) décèdent les uns après les autres ».
En 2012, les autorités sanitaires estimaient que l’amiante pourrait provoquer, d’ici à 2025, 3 000 décès chaque année causés par des cancers de la plèvre ou des cancers broncho-pulmonaires. Il y a des responsables au scandale de l’amiante. Ils doivent être sanctionnés. Assez de la connivence qui les protège ! Nos vies valent plus que leurs profits !
Scandale de l'amiante : un non-lieu général dans le dossier Ferrodo-Valeo à Condé-sur-Noireau
La décision était attendue : sans surprise, les juges qui instruisent cette affaire tentaculaire abandonnent les poursuites contre les cinq anciens directeurs d'usine qui restaient mis en examen ...