General Motors : les droits des travailleurs avant les profits de GM
Un article de Diane Feeley publié sir les sites de "Solidarity" et "The Jacobin"
Les travailleurs de GM en grève subissent depuis des années des attaques consécutives aux concessions qu'ils ont subi. Ils ont besoin de plus qu’un accord passable mais d’un accord qui transforme la situation dans les usines et qui mette les droits des travailleurs avant les profits de GM
On vient apporter des beignets, du café et des pizzas sur les piquets de grève de l’usine General Motors de Detroit-Hamtramck. Plus tôt cette semaine, les partisans de Bernie Sanders avaient participé au piquet de grève du milieu de la matinée,et les avaient rejoint, pour rencontrer Sanders, des grévistes de GM des usines éloignées de Toledo et Flint. Aux côtés de travailleurs de Ford et de Chrysler se trouvaient aussi des délégations de la Wayne State University et de la Metro Detroit DSA.
Sanders a remercié les grévistes de tenir tête tête à une société qui paie son PDG 22 millions de dollars, et qui a immédiatement suspendu les prestations maladie des travailleurs dès leur départ en grève. (Après avoir été dénoncé par Sanders et d'autres, GM a finalement fait marche arrière jeudi et rétabli l'assurance maladie des travailleurs.)
La grève approche de la fin de sa deuxième semaine, alors que des désaccords importants demeurent entre entre GM et les cinquante mille travailleurs, répartis à travers plusieurs états et représentés par les travailleurs Unis de L'Automobile (UAW). La cause fondamentale de ce conflit : la volonté inflexible de GM de réduire les coûts de main-d'œuvre et la ténacité des grévistes pour revenir sur les concessions passées.
Les travailleurs ont trouvé insultante l'offre initiale de l'entreprise d'augmenter les salaires de seulement 2% au cours des deux prochaines années. Et ils sont encore plus irrités par les différents plans de GM pour continuer à diviser la main-d'œuvre en différentes catégories. Les travailleurs « temporaires » de longue durée, par exemple, accomplissent les mêmes tâches que les autres sous contrat, mais ne bénéficient d'aucune protection. Un employé de Ford, Eric Truss, a imprimé et distribué des T-shirts avec le message “la vie des travailleurs temporaires compte ” “Temps lives matter.”
L'UAW, issue des grèves massives des années 1930, est organisée comme un syndicat d’industrie réunissant les travailleurs de l’automobile de toutes catégories et ayant à la base le même salaire. Mais en 2007, après des années de concessions, les négociateurs syndicaux ont accepté de faire un autre cadeau au patronat : des salaires et des avantages sociaux à plusieurs niveaux. L’idée était que que cette concession puisse fournir aux travailleurs un minimum de stabilité. Le résultat : les membres de l'UAW ne sont plus tous dans le même bateau.
Pour les travailleurs de la production embauchés avant 2007, le salaire horaire est de 31 dollars , incluant des avantages comme les soins de santé (avec une contribution de 3% à la charge des salariés). Les personnes embauchées après 2007 se situent à un niveau inférieur, et n'atteindront jamais les mêmes salaires et avantages que les travailleurs traditionnels. Au cours des dernières négociations contractuelles en 2015, les travailleurs avaient rejeté un premier projet d’accord parce qu'il n'avait pas supprimé ce système de salaires à deux niveaux. La deuxième version de l’accord, qui a été votée de justesse, a mis en place une phase de 8 ans au bout de laquelle le salaire de niveau inférieur pouvait atteindre 28 dollars. (GM désigne ces travailleurs "en progression.”)
Pour General Motors, sa volonté de continuer à réduire les coûts de main-d'œuvre consiste à mettre hors du champ des négociations les ajustements des indemnités en fonction du coût de la vie et à continuer à diviser la main-d'œuvre en plusieurs catégories. En plus des travailleurs de deuxième niveau, GM fait appel à des travailleurs temporaires, payés de 15 à 19 dollars de l'heure, n’obtenant jamais de gains d’ ancienneté, ni d’avantages sociaux ou de protection de l'emploi. Ils sont obligés de travailler pendant des heures supplémentaires et n’ont droit qu’à trois jours de vacances non payés par an. L'entreprise voudrait augmenter le nombre de des emplois « temporaires », en doublant ou en triplant les 7% actuels , pour disposer d'un maximum de flexibilité pour sélectionner son personnel.
Les travailleurs « temporaires », environ 4 000 aujourd’hui chez GM, espèrent cette fois devenir permanents. Si ce n'est pas le cas, beaucoup ne voudront pas passer les quatre prochaines années dans l'incertitude. La direction de GM doit espérer, que même dans cette économie où le taux de chômage est faible, d'autres candidats seront prets à être embauchés comme « temporaite ».
Mais l'utilisation de ces travailleurs temporaires n'est qu'un des outils de GM. En plus, elle externalise une grande partie des tâches à des sociétés sous-traitantes qui opèrent à l’intérieur même de l’usine. Dans certains accords contractuels locaux, des emplois ont déjà été attribués à des entreprises tierces qui rémunèrent les travailleurs à des salaires inférieurs à ceux des travailleurs “en progression”. Dans les usines GM du Michigan et de l'Ohio, les 850 personnes du secteur entretien employées par Aramark gagnent de 11 $à 15 $de l'heure et bénéficient d’une assurance santé minimum. Bien qu'ils soient encore membres de L'UAW, ils disposent de beaucoup moins d'influence que lorsqu'ils faisaient partie du groupe central pour qui l(UAW négocie en priorité.
Une autre tactique de GM consiste à négocier des salaires et des avantages moins élevés dans certaines usines. L'offre de GM juste avant la grève incluait la réouverture de son usine de Lordstown, en Ohio, ou d'une partie de celle, pour produire des batteries. Les salaires et les avantages sociaux y auraient semblables à ceux des fournisseurs de pièces d'automobile, branche où les salariés ne sont pas syndiqués
À une autre extrémité du spectre des activités, les travailleurs dits « spécialisés », qui gagnent environ 5 $de plus par heure que les travailleurs de la production et qui représentent toujours une faible proportion de la main d'œuvre totale, ont vu leurs emplois décimés par les efforts de GM visant à fusionner les classifications en postes de travailleurs polyvalents. Bien que la plupart des emplois en usines soient dangereux, ces travailleurs risquent plus que les autres d'être grièvement blessés ou tués lorsqu'ils réparent des équipements défectueux.
La stratégie de négociation de l'UAW n'inspire pas confiance. Pour le moment, les négociateurs tentent de conclure un accord qui reste dans les limites du budget de GM — une approche fondamentalement conservatrice qui risque d’aboutir à un accord provisoire dont es grévistes ne voudront pas et pourront voter contre.
En même temps, un groupe de travailleurs de l'automobile et de militants communautaires à Oshawa, en Ontario au Canada, le site de la cinquième usine nord-américaine de GM qui doit fermer, a mis au point une approche différente. Ils proposent de garder l'usine historique ouverte en la réoutillant pour produire des véhicules électriques. Le plan, proposé par Green Jobs Oshawa, maintiendrait le niveau actuel d'emploi et fabriquerait des véhicules réduisant considérablement les émissions de CO2.
Malheureusement, Unifor, le syndicat qui représente les travailleurs canadiens, ne semble pas intéressé. L'usine de montage emploie actuellement 2 200 travailleurs et est liée à environ 10 000 emplois de fournisseurs. Le syndicat semble prêt à accepterlL'offre de GM de créer 300 emplois dans l’estampage et la fabrication de pièces.
Ce serait faire preuve d’une myopie fatale. En l'absence de plans audacieux en faveur des travailleurs, les entreprises continueront de réduire les coûts de main-d'œuvre et d'intensifier la journée de travail. Comme L'a récemment fait remarquer un ancien négociateur syndical pour Fiat Chrysler, GM va à un moment donné demander l'arrêt des négociations et conclure : “les UAW vont gagner la bataille”, a-t-il prédit. "Mais ils vont perdre la guerre parce que GM va réduire les coûts de différentes façons, et cela peut signifier la modification des process de production en recourant de plus en plus à des fournisseurs extérieurs pour employer directement de moins en moins de travailleurs.
GM Workers Need More Than a Decent Contract
On the picket lines at the Detroit-Hamtramck General Motors plant, people drop by to bring doughnuts, coffee, and pizzas. Bernie Sanders's supporters swelled the mid-morning picketing earlier this ...
https://jacobinmag.com/2019/09/general-motors-strike-contract-united-autoworkers-uaw
GM Workers Need More Than a Decent Contract
On the picket lines at the Detroit-Hamtramck General Motors plant, people drop by to bring doughnuts, coffee, and pizzas. Bernie Sanders's supporters swelled the mid-morning picketing earlier this ...
https://solidarity-us.org/gm-workers-need-more-than-a-decent-contract/