Après l'échec de la réouverture de l'usine PSA de Valenciennes un appel du syndicat CGT PSA
En plein pic de l'épidémie, PSA, a le projet de rouvrir ses usines le 6 avril (sauf Poissy) en tout cas très rapidement.
Comme pour un retour de congés, PSA voudrait le faire progressivement sans doute à partir du jeudi 2, vendredi 3 avril.
Dès le 31 mars, Valenciennes (boites de vitesse) et Douvrin (moteurs) vont démarrer avec des volontaires. tous les syndicats s'y sont opposés. C'est bien.
Même si officiellement, la direction le nie encore, elle se prépare à ordonner à des milliers d'entre nous de nous déconfiner.
Nous devons être mobilisés dès maintenant pour être prêt le jour J.
Rouvrir les usines peut paraître incompréhensible et irresponsable mais cet épisode est révélateur du comportement des actionnaires de PSA : comme chaque actionnaire du CAC 40, la famille Peugeot a une banque à la place du cerveau et n'hésite pas à défendre ses intérêts en jouant avec notre peau. Cela doit marquer nos mémoires pour la vie.
Il est vital pour eux que leurs usines tournent, que la fabrique à profit redémarre et cela malgré l'état d'urgence sanitaire, même si les hôpitaux sont tous engorgés.
Les grands actionnaires, les plus riches s'en fichent complètement de participer au combat collectif contre le virus. Leur devise : "c'est nous d'abord ! Peu importe que la société s'écroule autour de nous, qu'elle se débrouille. Ce n'est pas notre problème".
Cette crise nous aura déjà montré qu'on ne peut pas trouver pire individualiste que les actionnaires du CAC 40 et que faire du profit avec notre peau n'est pas qu'une formule. Des millions de salariés le vivent déjà et à PSA, nous allons le vivre concrètement dans les prochains jours.
Aujourd'hui, nous militants CGT de PSA, nous sommes au pied du mur mis devant nos responsabilités.
PSA va appeler nos copains de boulot à reprendre le boulot, ils vont être appelés à sortir du confinement, à sortir de la tranchée.
Nous devons être avec eux, au milieu d'eux.
C'est dans ces moments grave que les salariés ont besoin de militantes et de militants qui sont conscients de la situation, qui disent la vérité, qui ont le courage de s'opposer à la direction et qui proposent des actions collectives adaptées à ce qu'ils sont capables de faire. Le syndicat est une force, un appui pour les salariés mais encore faut il qu'on agisse efficacement pour construire le rapport de force, pour donner confiance aux salariés..
Nous devrons faire avec ceux qui seront présents. Un certain nombre de salariés vont sans doute prendre des arrêts maladie pour éviter de se faire contaminer. C'est humain mais ils se trompent. C'est une solution individuelle et très temporaire. Le virus a encore de belles semaines devant lui.
La seule solution est l'action collective des salariés. A la CGT, nous en sommes convaincus.
De deux choses l'une. Soit les salariés sont en colère et sont prêts immédiatement à agir collectivement. Soit ils sont inquiets, indécis, hésitants, certains voulant malgré tout croire aux mesures sanitaires prises par la direction ou bien les deux à la fois. Nous ne pouvons pas le prédire.
L'attitude la plus juste sera de les réunir, de les faire discuter, de savoir ce qu'ils ont dans la tête, pour savoir ce qu'ils sont prêts à faire et proposer l'action la plus efficace.
J'en suis convaincu, si on appelle à la grève ou au droit de retrait collectif, bille en tête sans savoir ce que les salariés pensent, on aura beaucoup de chances de se retrouver seuls et de se planter.
Pourquoi cette attitude ?
Car il ne faut pas sous-estimer la propagande patronale et gouvernementale qui va se développer dès aujourd'hui. Cela va être un énorme rouleau compresseur aussi gros que l'enjeu financier lui même.
Le gouvernement, les journalistes et le patronat vont affirmer : "les infirmières sont au front pour sauver les vies, les salariés de l'automobile sont au front pour sauver l'économie du pays". Ceux qui ne marcheront pas dans ce piège seront considérés comme des traites et responsable de la catastrophe économique, du chômage. La vérité est que l'on croit se battre pour l'économie et on meurt pour les profits.
Le patronat va affirmer que ça préoccupation première sera la santé des salariés. Ils vont essayer de convaincre que les mesures prises à l'intérieur des usines sont suffisantes.
D'où les CSE de ce 27 mars à PSA.
N'oublions pas qu'en ce moment avec les réseaux sociaux, nous ne touchons qu'un très faible nombre de salariés. Ils entendent plus les arguments du gouvernement et des médias que les nôtres.
Nous allons devoir argumenter face à cette propagande :
Le meilleur argument c'est de reprendre celui du corps médical et scientifique : respecter le confinement, restez chez à la maison !
Sortir de chez soi, c'est prendre un risque pour soi et pour les autres.
Rouvrir les usines c'est ordonner le déconfinement de centaines de milliers de salariés à l'échelle de la filière auto.
C'est notre mot d'ordre car nous ne sommes pas sur le terrain de la direction à discuter des serviettes en papiers ou des scotch sur le sol.
A Mulhouse, le rassemblement religieux de plusieurs centaines de personnes a fait exploser la propagation du virus.
Rouvrir les usines PSA sous entend rouvrir les centaines d'usines de sous traitants. C'est reproduire à une échelle nationale, le rassemblement religieux de Mulhouse.
Il faut marteler cet argument plein de bon sens.
En attendant que PSA rouvre même partiellement ses usines, nous devons téléphoner à tous nos contacts. Discuter avec eux de vive voix. Facebook et Whatsapp, c'est bien mais ça ne remplace pas une discussion en direct. Nous devons les écouter et défendre nos arguments.
On aura déjà un son de cloche. C'est exactement ce que font les chefs en ce moment. Ils ont raison du point de vue de la direction. Faisons pareil !