Conditions de travail dégradées dans l'industrie automobile en cours de redémarrage
Dès l'arrêt de la production des usines d’assemblage d’automobiles en France, les firmes automobiles, ainsi que les principaux équipementiers, ont eu comme objectif une reprise, dans les délais plus rapides ! Même si les ventes s’effondraient il aurait fallu produire ! Malgré ces incitations impatientes émises par le patronat depuis ses résidences confortables et protégées, la production n’a commencé à redémarrer dans les usines d’assemblage que depuis le 21 avril. Ce redémarrage en plein confinement maintenu de la population, est encore partiel, à petits pas et différencié selon les constructeurs. S’ouvre en fait, dès avant le 11 mai, une période chaotique où les volumes de production possibles sont incertains, les conditions de travail aggravées et l’épidémie toujours non maîtrisée.
PSA avait été le premier constructeur a vouloir faire reprendre la production dans son usine de Valenciennes le 31 mars. PSA avait finalement dû reculer devant une résistance des travailleurs, l’opposition des syndicats représentés dans les usines et le constat que l’arrêt des ventes ne permettait pas d’écouler la production. Après cet échec, PSA ne fixe plus de date de reprise pour aucune de ses usines et a suspendu le télétravail dans les secteurs de l’ingénierie en y appliquant les mesures générales de chômage partiel. Seule l'usine de Vesoul fonctionne pour les pièces de rechange vendues dans les monde entier, et cela malgré 10 % des effectifs atteints par l’épidémie.
Au contraire Renault semblait il y a quelques semaines en retrait. C’est maintenant le contraire. Les usines de Flins, Sandouville et Le Mans ont redémarré cette semaine des activités de production, avec les centres d’études du Technocentre et de Lardy qui n’ont jamais arrêté toutes leurs activités, et le calendrier de la reprise générale des activités est fixé pour le Technocentre avec un objectif de 90 % des présents à leur poste de travail à la fin du mois de juin.
Enfin l’usine Toyota d’Onnaing près de Valenciennes a repris sa production d’automobiles le 24 avril. Mais pour produire seulement en fin de semaine dernière 150 voitures par jour contre une moyenne habituelle de 1 000 voitures.
Dans toutes les usines qui ont repris les effectifs ne sont pas au complet avec un fonctionnement en équipes réduites par rapport à l’habituel. Et partout le nombre de voitures ou de pièces produites est très inférieur aux standards d'avant l’épidémie.
Les mesures barrière ne se réduisent pas à de la signalétique supplémentaire dans les ateliers et les services. Elles créent en fait de nombreuses contraintes et gênes supplémentaires, et détériorent donc considérablement les conditions de travail.
D’abord le port du masque. Le port du masque obligatoire modifier pendant une session de travail d’environ 8 heures est pénible et cela d’autant plus si les objectifs de productivité restent les mêmes. Et c’est encore plus pénible si le port d’un masque chirurgical ffp2 est obligatoire, comme dans toutes les situations où le travail impose d’être à moins d’un mètre de son collègue . Cette gêne effective et déjà observée dans les ateliers et services n’est évidemment pas mesurée dans les manuels qui sont distribués, aujourd’hui en ligne au personnel.
Ensuite le contrôle de l’air ambiant dans les ateliers et services. Comme il a été démontré que climatisation, ventilation ou brumisateurs pouvaient contribuer aux déplacements des gouttelettes porteurs de virus, tous les dispositifs sont suspendus dans le cadre de l’application des mesures barrière. Cela deviendra vite insupportable dans les mois d’été où la température dans certains ateliers d'usinage peut dépasser les 40 degrés.
La suppression de tous les appareils de distribution de boisson et nourriture sont autant d’obstacles mis à un fonctionnement normal ayant, gagné au fil des ans par quelques aménagements face à un travail de plus en plus contraint
La reprise de la production d'automobiles tant que le confinement est en vigueur doit être combattue. Des conditions de travail dégradées s’observent déjà dans les cas actuels de reprise pourtant très partiels. La dégradation sera bien plus violente lors d’une reprise plus générale. C’est bien une période chaotique qui s’ouvre : il faudra réussir à faire valoir nos conditions de travail et de sécurité contre l’impatience patronale a retrouver le plus vite possible son niveau de production d’avant. Et cela dans une situation où en surplomb la menace d’une nouvelle vague de l’épidémie sera toujours là.