Renault continue à garder le secret sur les masques chirurgicaux à sa disposition

Dans une enquête publiée vendredi 24 avril, Mediapart démontre le manque en masques de protection respiratoire FFP2 les plus efficaces et les plus rares, conçus pour empêcher leur porteur de contracter le virus. L’État ne les a donnés qu’au compte-gouttes aux hôpitaux. Et leur distribution aux soignants reste extrêmement restreinte, alors qu’ils sont contaminés par milliers. Mais dans le même temps, les entreprises qui ne sont pas dans le secteur sanitaire achètent et consomment des quantités importantes de masques FFP2 et de son cousin haut de gamme, le FFP3, un modèle essentiellement industriel qui n’est pas en temps normal utilisé à l’hôpital.

Chez Renault ou Michelin, certains salariés sont mieux équipés en FFP2 que beaucoup de soignants hospitaliers qui travaillent dans des services Covid-19. Chez Renault « Pour les rares postes où la distance d’un mètre minimum ne peut être garantie, les salariés concernés sont équipés d’un masque FFP2, qui assure une protection maximale ».

Pourtant compte tenu de la pénurie, dans les hôpitaux l'usage  des maques chirurgicaux est réservé aux cas les plus graves Un avis du 4 mars de la Société française d’hygiène hospitalière précise :  le port du masque FFP2 à l’hôpital est prescrit seulement lors des actes invasifs comme l’intubation, c’est-à-dire pour l’essentiel dans les services de réanimation.

Et Mediapart de conclure son enquête ; des milliers de ces précieux masques de protection respiratoires continuent à être utilisés dans les entreprises, beaucoup moins exposées au coronavirus que les hôpitaux.

Mediapart précise à la fin de l'article : "Nous avons contacté neuf entreprises industrielles qui utilisent des masques FFP2 ou qui ont engagé un processus de réouverture de leurs usines. Michelin, RTE et Ricoh nous ont répondu par écrit. PSA, Airbus, et Saint-Gobain nous ont envoyé des courriels ne répondant pas à nos questions. Renault et Dassault ont refusé de répondre. Toyota n’a pas répondu."

Le commentaire Auto Critique

Il est nécessaire que les salariés contraints de travailler dans des conditions dangereuses disposent des moyens de protection le plus efficaces. Mais  un masque, et a fortiori un masque chirurgical FFP2, utilisé  dans une usine automobile qui produit un bien non essentiel, c’est un masque en moins pour le personnel soignant ! Les activités non essentielles doivent être suspendues !

Depuis des semaines, CGT et SUD demandent que Renault fournisse le nombre de masques et de quel type  commandés ou en stock. Renault s’est jusqu’à présent refusé à fournir ces informations comme il a refusé de répondre aux questions de Mediapart. Renault le champion d’un secret inavouable ?

Renault et toutes les entreprises industrielles doivent rendre des comptes et rendre publics le nombre de masques dont ils disposent. Il n'y a pas à transiger : la vie des soignants et de la population est la priorité.