Les négociations automobiles au Canada enlisées dans les méthodes du passé
Viewpoint: Auto Bargaining in Canada-Stuck in the Past?
Bargaining with the Detroit 3 auto corporations is happening in Canada and the United States at the same time this year-the first time that bargaining has aligned since the disastrous bankruptcy ...
https://labornotes.org/blogs/2023/09/viewpoint-auto-bargaining-canada-stuck-past
Les négociations avec les trois grands » constructeurs automobiles de Detroit, les « big 3 », se déroulent cette année au Canada et aux États-Unis au même moment, C’est la première fois depuis les désastreuses négociations de 2009, avec toutes les concessions forcées dans le contexte de la faillite de General Motors. Le syndicat canadien Unifor vient de conclure une entente de principe avec Ford au début de cette semaine alors que la grève de l’UAW contre des usines de Ford, Stellantis et General Motors se poursuit aux États-Unis.
Ceci est révélateur des différences majeures dans les stratégies des deux syndicats. L’UAW, sous un nouveau leadership, fait les choses de façon radicalement différente, en avançant des revendications audacieuses, en mobilisant ses membres et en élaborant des stratégies et des tactiques novatrices. Au Canada, Unifor a également un nouveau président, mais suit l’approche de négociation devenue habituelle au cours de ces dernières décennies. De nombreux travailleurs canadiens de l’automobile prêtent attention aux différences, et certains commentaires indiquent qu’ils préfèrent ce qu’ils voient au sud de la frontière.
Les détails de l’accord d’Unifor avec Ford seront communiqués aux syndiqués samedi matin 23 septembre, et une réunion de ratification en ligne aura lieu plus tard dans la journée. Ce n’est qu’à ce moment-là que nous saurons comment fonctionne l’approche traditionnelle d’Unifor, et si les travailleurs canadiens la jugent suffisante.
« TRACER NOTRE PROPRE ROUTE »
Les conditions économiques et politiques semblent bien meilleures aujourd’hui que pendant la Grande Récession de 2009, et il y a des signes d’un réveil de l’activité syndicale. Il y avait une occasion sans précédent de coopération entre Unifor et l’UAW pour obtenir des succès et revenir sur les pertes subies par les travailleurs ces 15 dernières années.
Au départ, les deux syndicats avaient fait preuve de plus de communication et de solidarité que dans un passé récent. La présidente d’Unifor, Lana Payne, a été invitée à prendre la parole au congrès de négociation de l’UAW en mars, et une réunion entre la direction et les négociateurs des deux syndicats a eu lieu à Windsor, en Ontario, le 1 août.
Cependant, dans le compte-rendu de cette réunion, la direction d’Unifor a déclaré que « des structures organisationnelles et décisionnelles différentes, des revendications différentes, et des contextes politiques différents nécessitent des approches et des priorités spécifiques pour les négociations avec Ford, General Motors et Stellantis. » « Unifor trace sa propre voie dans les négociations automobiles de 2023 », a souligné le syndicat, un message que Payne a répété sans cesse depuis.
LES DIFFÉRENTES STRATÉGIES SYNDICALES
Quelles sont les principales différences entre les stratégies des deux syndicats?
La transparence. Le président de l’UAW, Shawn Fain, a exposé publiquement en détail les revendications audacieuses du syndicat et a également fourni les réponses des entreprises qu’il a ensuite jetées à la poubelle.
Au Canada, Unifor n’a fourni que la description la plus vague de ses priorités en matière de négociation : « Les pensions, les salaires, les plans de transition à mesure que les travailleurs de l’automobile se tournent vers la production de véhicules électriques et la confirmation de nouveaux investissements et de nouvelles gammes de produits. »
L’orientation. L’UAW a toujours dénoncé les bénéfices des sociétés et la rémunération extravagante des dirigeants d’entreprise. Fain a déclaré que l’UAW se bat pour « toute la classe ouvrière ».
Unifor a évité de critiquer les sociétés et participe toujours à des séances de photos conjointes, y compris à l’ouverture des négociations. Fain, quant à lui, a rejeté catégoriquement la traditionnelle poignée de main avec les négociateurs de l’entreprise lui préférant une « poignée de main avec les syndiqués. membres ». Au contraire, Unifor a fourni des photos de presse de Payne posant avec les représentants de la société tout en tenant le cahier de revendications.
Les revendications. L’UAW a été claire sur ses revendications transformatrices, y compris l’élimination des niveaux, le salaire égal pour un travail égal, le statut d’ancienneté complète pour les employés temporaires après 90 jours, les pensions à prestations définies pour tous les travailleurs, le rétablissement de l’indexation du coût de la vie et les augmentations salariales de 40 pour cent.
Unifor n’a fait publiquement aucune de ces revendications précises. A propos des niveaux, les « tiers » des inégalités sur le lieu de travail. Unifor n fait qu’appeler à réduire la durée des périodes après lesquelles on change de niveau. Les contrats d’Unifor permettent le recours à des employés temporaires qui le restent pendant des années. Par exemple, le contrat d’Unifor-GM pour Oshawa permet à l’entreprise d’utiliser jusqu’à 15 % des TPT à temps plein, qui n’acquièrent jamais d’ancienneté. Unifor n’a pas exigé la fin du recours aux employés temporaires.
Les entreprise ciblées. Unifor a suivi la pratique traditionnelle de choisir une entreprise cible (Ford cette fois), de prolonger les contrats et de suspendre les négociations dans les deux autres entreprises. L’UAW a choisi de cibler les trois entreprises simultanément.
Les caisses de grève. L’UAW a augmenté l’indemnité de grève à 500 $ par semaine, à compter du premier jour de grève. Unifor maintient l’indemnité salaire de grève à 300 $ (Canadien), le même montant depuis 2019.
Les votes de ratification par télé consultation. Unifor a annoncé que les réunions de ratification seront tenues par Zoom et que le vote sera seulement en ligne. Les syndiqués chez Ford inscrits recevront les points les plus marquants du contrat et le lien Zoom par courriel le samedi 23 septembre au matin. et pourront assister à la réunion de ratification par Zoom plus tard samedi. Ils auront jusqu’à 10 heures dimanche pour voter sur l’accord de principe.
Une réunion en ligne a une dynamique très différente d’une réunion physique où les gens peuvent interagir et parler entre eux. Une réunion de ratification traditionnelle permet également aux membres d’exprimer leur point de vue et d’essayer d’influencer les autres. La « réunion » de ratification en ligne comprendra les présentations des dirigeants, mais la participation des membres sera probablement limitée à des questions et aux réponses.
Unifor n’a jamais appliqué la politique consistant à fournir aux syndiqués le texte intégral des modifications contractuelles négociées. Seuls les points marquants sont distribués. L’UAW a commencé à publier le texte intégral des contrats en ligne en 2011, un mouvement que les oppositions réformatrices avaient longtemps exigé. En 2020, 1600 membres d’Unifor ont signé une pétition demandant la diffusion complète du contrat au moins cinq jours avant le vote de ratification.
CE QUE DISENT LES MEMBRES
Voici une sélection de commentaires en ligne de syndiqués d'Unifor:
Je ne pense pas que les membres apprécient que vous nous disiez ce que nous “devrions” penser. Nous avons tous grandi ici, donnez-nous les faits pour que nous puissions décider.
Si Unifor signe avant l'UAW, nous sommes condamnés à un contrat inférieur.
Les gens n'ont pas demandé de niveaux réduits ... ils ont exigé de les éliminer.
En finir avec la main-d'œuvre temporaire qui travaille à nos côtés à temps plein 6-7 jours par semaine. Ces personnes sont traitées comme des citoyens de seconde zone, cela doit cesser. PAS DE PÉRIODE DE TIERS. Égalité à tous les niveaux nous sommes tous dans le même bateau.
Le frère ou la sœur à côté ou en face de vous qui fait le même travail devrait recevoir le même salaire. N'est-ce pas cela la solidarité et le fait d'être dans un syndicat ? Il est temps de revenir à l'essentiel. Il est temps de sortir ces anciens dirigeants qui ne savent que négocier à la baisse des contrats.
Tony Leah est un travailleur retraité de GM à Oshawa et un militant de longue date de la section locale 222 d'Unifor, notamment au sein du Comité directeur de négociation avec GM en 1996.