Les 8 700 salariés de l 'usine Ford de camions du Kentucky rejoignent la grève

L'escalade de la grève "stand up" de l'automobile  se poursuit à l'appel de l'UAW. Devant l'absence de propositions nouvelles   de la part de Ford, l'UAW a appelé à la grève immédiate  les   8 700 travailleurs de l'une des usines les plus importantes et les plus rentables de Ford aux États-Unis.
Ce sont maintenant plus de 33 000 salariés appartenant aux trois grands constructeurs automobiles nord américains qui sont en grève.

Chaque vendredi depuis quatre semaines, les PDG des trois grands constructeurs automobiles nord-américains attendent avec crainte l’annonce, par le président de l’UAW Shawn Fain, des prochaines usines appelées à se mettre en grève.
Mais sans avertissement, mercredi après-midi, le syndicat a pris une initiative qui a retenti comme le tonnerre : : d'ici à 10 minutes, l'UAW fermerait la vaste usine de camions du Kentucky.
Cette usine, s’étendant sur 200 hectares à l’extérieur de Louisville, est l’une des plus rentables de Ford, produisant des SUV grand format et la gamme de véhicules commerciaux Superduty.
« Nous réalisons ici près de la moitié du chiffre d’affaires de Ford aux États-Unis », explique James White, qui travaille dans l’usine depuis une décennie. Dans le cadre de l’escalade mise en œuvre par l’UAW, ces 8 700 grévistes se joignent aux 25 000 déjà en grève dans les usines d’assemblage et les centres de distribution de pièces détachées à travers le pays.

Cela va juste vous coûter....
Ford affirme depuis deux semaines qu'il a encore des compléments à ajouter à son offre économique, explique une source au sein de l'UAW. Ford devait donc faire une contre proposition au syndicat.
Mais lors des négociations qui se sont tenues aujourd’hui, l’entreprise a présenté au syndicat le même paquet économique que précédemment.
« Si c’est tout ce que vous avez pour nous, la vie de nos membres et ma poignée de main valent bien plus que cela », a déclaré le président Fain. «Cela vient de vous coûter l'usine de camions du Kentucky.
« Nous avons un appel à passer. Fain et Browning ont appelé les dirigeants locaux et les ouvriers sont partis en grève à 18h30.

Pas de climatisation mais deux bouteilles de soda !
Cette usine a commencé ses activités en 1969 et est rapidement devenue un élément clé de la stratégie de Ford visant à attirer des clients particulièrement lucratifs issus des administrations et des entreprises. Une gamme de camions à benne basculante et de bétonnières a été baptisée Série L, pour la ville de Louisville.
À l’intérieur de l’installation vieillissante, les problèmes de sécurité se sont accrus à mesure que les étés deviennent plus chauds. "Alors que les gens cherchent la fraîcheur parce qu'il fait très chaud", explique White. «, la réponse de la direction a été : « Nous vous donnerons deux bouteilles soda ». J'ai vu une femme s'évanouir, puis un contrôleur littéralement l’enjamber pour faire redémarrer la ligne de production..
L'année dernière, Ford a engagé 700 millions de dollars pour agrandir l'usine pendant les quatre prochaines années, y compris pour pouvoir y ajouter des variantes électriques de ses SUV. Mais les travailleurs d’ici se plaignent du fait que l’usine ne dispose toujours pas de climatisation ni même d’une cafétéria, alors que l’usine d’assemblage de Ford de Louisville, située à proximité, possède les deux depuis des années.

Impatients d'y aller !
La section locale 862 de l'UAW de Louisville avait commencé l'année en n’étant pas du tout un soutien du mouvement de réforme syndicale qui a amené Fain à la direction du syndicat. Près des deux tiers des membres avaient voté pour les candidats de la liste présentée par l’ancienne direction sortante. caucus de l'administration. Cependant, dès le mois d’août, les dirigeants locaux ont organisé des équipes de mobilisation pour préparer la grève. Des centaines de travailleurs y ont participé. Beaucoup ont été inspirés par les chauffeurs routiers d’UPS Teamsters qui venaient de mettre en place des équipes de mobilisation pour mettre en échec UPS  dont son hub géant est en bas de la rue) et remporter de gros succès revendicatifs.
Au moment où la grève a commencé en septembre, White a déclaré que beaucoup de ses collègues étaient impatients de partir, étant prêts à partit en grève tout de suite » Les offres, bien au dessous de leurs attentes, de la direction de Ford les ont rendus furieux. "Arrêtez de nous donner des miettes », a déclaré White. « Nous savons que vous avez les moyens de nous donner tout ce que nous demandons. C'est ce que vous nous devez. Votre augmentation à vous dirigeants, de 40 pour cent est venue de notre travail  ; vous pouvez nous accorder une augmentation de 40 pour cent !
Au cours des premières semaines de la grève de l’automobile, les syndiqués de l’usine de camions du Kentucky avaient répondu à l’appel du syndicat à s’organiser pour refuser les heures supplémentaires volontaires.
White, un employé à temps plein qui occupe un deuxième emploi dans la sécurité pour subvenir aux besoins de sa famille, affirme que certains membres ont eu du mal à renoncer au salaire supplémentaire. Déjà, l’explosion des loyers avait rendu certains membres sans abri et forcé d’autres à vivre à une heure et demie du travail.
Malgré ce contexte difficile, dit White, les travailleurs sont restés prêts à faire grève. Une heure avant d’être appelés à débrayer, ils se sentaient déjà prêts à partir.

«Ils veulent renverser la situation pour de vrai», explique White. «Ils veulent que ce soit comme la révolte de Boston avant la guerre d’indépendance en 1173. . Ils veulent vraiment faire plier le PDG de l’entreprise.