Automobile, Stellantis : le retour du « junkie »
Les Echos 1er octobre 2024
Stellantis remet les projecteurs sur les cash-flows dans l'automobile. D'une ampleur sans précédent dans la vague récente, l'alerte sur les profits du groupe dirigé par Carlos Tavares se traduit par un différentiel de 10 à 15 milliards d'euros sur la génération de cash par rapport aux attentes.
Pas avare de provocations, Sergio Marchionne, feu l'ancien patron de Fiat-Chrysler, avait intitulé une de ses conférences financières « Confessions d'un « junkie » du capital ». Le sous-titre de la présentation, « point de vue d'un initié sur la façon de guérir l'addiction destructrice de valeur de l'industrie automobile », se rappelle aux investisseurs maintenant que son lointain successeur, Carlos Tavares, le pilote au volant d'un ensemble devenu Stellantis après le mariage avec PSA, s'apprête à brûler entre 5 et 10 milliards de cash-flows sur l'ensemble de l'année 2024, quand eux escomptaient une génération de ce « carburant » d'environ 5 milliards.
Le différentiel de 10 à 15 milliards d'euros n'est certes que l'illustration des violents mouvements de balancier du besoin en fonds de roulement habituels dans ce secteur dès que la production s'accumule sur les parkings, comme cela a été le cas aux Etats-Unis pour le fabricant de Jeep et RAM, jusqu'à ce que les prix soient cassés pour les écouler.
Mais cette sortie de route du pilote le plus brillant du circuit ne peut que remettre les projecteurs sur tous ses concurrents. Mercedes-Benz financera cette année ses rachats d'actions par la dette. Chaque véhicule vendu rapporte 220 euros de cash-flow libre à Volkswagen, l'épaisseur du trait. Carlos Tavares ne sera pas tout seul au confessionnal…