Algérie : pour onze mille travailleurs, neuf jours de grève à Rouiba

Publié le par A partir El Watan janvier 2010

La grève a démarré le 5 janvier 2010 à la Société nationale des véhicules industriels.

Au 8 jour de grève et 6e journée de manifestation de rue, les 11000 travailleurs grévistes de SNVI, Anabib, Cammo, Tammeg, Mobsco et autres entreprises n’ont pu que constater l’indifférence des pouvoirs publics. Plus d’une semaine de paralysie de la zone industrielle de Rouiba n’a pas fait réagir le gouvernement. « Le gouvernement méprise le peuple et les travailleurs. Ces gens n’ont aucun sens des responsabilités, ils sont prêts à sacrifier toute l’Algérie.  Comme pendant ces six derniers jours, les travailleurs de la SNVI ont organisé une assemblée générale dans la matinée à l’intérieur de l’usine avant de sortir pour une marche vers la ville de Rouiba.

Face à la « barrière » constituée d’éléments des forces anti-émeute, les manifestants scandaient : « Zidouna souma, arfaâ rassek ya baâ » (augmentez nos salaires pour que nous vivions dignement). La deuxième partie du slogan est reprise dans le répertoire discursif de Bouteflika, qui l’a prononcée lors de sa campagne électorale de 2004 en promettant aux Algériens une vie décente pour lui rappeler ses engagements. L’aigreur a même poussé les manifestants à scander : « One, two, three, viva Malawi », voyant dans la défaite de l’équipe nationale, hier, la déroute de toute une politique. Et de déclarer : « On débourse des milliards dans l’instrumentalisation du football à des fins politiques et on laisse mourir de faim les travailleurs. » En début d’après-midi, les travailleurs se sont dispersés calmement en promettant de revenir dans la rue aujourd’hui.

Suspension sous pression de la grève

Le 16 janvier 2010, Les travailleurs de la SNVI ont décidé de « suspendre la protestation pendant quelques jours afin d’y voir plus clair ». Des animateurs du mouvement de protestation, qui a secoué la zone industrielle de Rouiba durant 9 jours, nous ont déclaré, hier en fin de journée, qu’« une période d’observation s’impose suite aux actions de sabordage menées par les syndicalistes de l’UGTA ».



En vérité, nous avons été poussés à la reprise par le travail de sape mené par la centrale syndicale. Jeudi dernier, très tôt le matin, les membres du syndicat d’entreprise sont allés dans les ateliers de fonderie et de carrosserie ainsi que dans ceux de la DVI pour persuader les travailleurs de mettre fin à la grève. Ils ont même procédé à des intimidations envers les récalcitrants. Des menaces du genre : ceux qui ne reprennent pas risquent d’être licenciés », nous a dit R. Hasni, un encadreur du mouvement. Et de poursuivre  : « Nous avons installé un comité chargé de suivre l’évolution de la situation et des négociations entre l’UGTA et les pouvoirs publics. Si au bout d’une semaine, rien de concret n’est décidé relativement à nos revendications, nous allons reprendre la protestation. »

 

Il est question d'aller vers un syndicat autonome

 

Les travailleurs interrogés sur l’idée de création d’un syndicat autonome qui a germé au sein du collectif de la SNVI pendant cette « révolte » nous ont déclaré  : « Effectivement, il est question d’y aller, surtout si ces négociations échouent. » Le comité qu’ils viennent de mettre en place renseigne sur leur volonté d’avoir un autre cadre de lutte.

 

A partir des articles publiés par El Watan. Pour les articles complets voir les liens suivants

:

Lien : Les travailleurs ne décolèrent pas  El watan 13 janvier 2010

Lien : Suspension sous pression El Watan 17 janvier



Publié dans Monde

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