Automobile : alerte générale face au brutal retour aux réalités de la crise
L'auto intox du salon de l’automobile aura duré moins d’un mois. « La crise n'est pas finie dans l'automobile. Les équipementiers souffrent. Et le gouvernement s'inquiète » explique une dépêche de l’AFP.
Le gouvernement a mobilisé trois ministres pour envoyer une lettre aux préfets les alertant de la gravité de la situation dans l’industrie automobile et les équipementiers. La situation est à prendre d'autant plus au sérieux que le gouvernement n'est généralement pas enclin à verser dans l'alarmisme lorsqu'il s'agit d'emploi, note le journal Le Monde.
Pour la première fois, les ventes cumulées depuis le début de l'année sont tombées en octobre sous leur niveau de celles de la même période de 2009..Le moins 1% sur les dix premeirs mopis de l’année qui seront annoncés le 2 novembre n’est qu’un hors d’œuvre par apport à ce qui va se passer dans les prochains mois.
On prévoit 2 millions de ventes de voitures cette année, contre 2,3 millions l'an dernier où elles avaient été historiquement élevées, grâce à la prime à la casse. Mais depuis le montant de la prime a été progressivement réduit et elle disparaîtra au 31 décembre. C’est donc une baisse de 15% qui est attendue pour la fin de l’année. Ces données étaient inscrites dans les faits depuis plusieurs mois (voir blog NPA Auto Critique) mais gouvernement, patronat et commentateurs shootés à l'auto intox de l’automobile, ont camouflé cette situation
Le secteur n'est pas sorti de la crise, comme en témoigne une circulaire envoyée aux préfets et datée du 25 octobre et dont l'AFP a obtenu copie.
Ce courrier cosigné par M. Estrosi, la ministre de l'Economie Christine Lagarde et le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez appelle les préfets à mettre en place un plan d'actions pour la filière, pour "fédérer les efforts et d'accroître l'efficacité" des mesures déjà existantes.
Concernant la production automobile, " le recul devrait être également important et concentré sur la fin de l'exercice et le début 2011, en particulier en France dont la production, à la différence de l'Allemagne, est quasi-exclusivement dédiée au marché européen", souligne la circulaire.
En conséquence, les restructurations et des difficultés de trésorerie liées au recul de l'activité "vont menacer non seulement des emplois mais aussi les entreprises elles mêmes". Les secteurs en première ligne sont "l'emboutissage, le secteur des moules et modèles et la plasturgie", est-il précisé.
Si la filière souffrait déjà alors que la prime à la casse produisait ses effets, on imagine aisément les conséquences lorsque celle-ci va prendre fin. Jusqu'à présent les petits sous-traitants, qui, souvent faute de moyens financiers, ont différé les réductions d'effectifs, sont au pied du mur. Le rapport sur la filière, récemment remis à Christian Estrosi, estime que 40 000 à 50 000 emplois sont menacés en 2010 et 2011.
Pour aider ces entreprises,10 millions d'euros d'aides supplémentaires. sont prévues Cette somme intègre un volet de 5 millions pour aider les sous-traitants dans leur stratégie industrielle, d'investissement, d'innovation, de gestion, d'aide financière, de développement commercial", a précisé M. Estrosi.
Le Fonds de modernisation des équipementiers automobiles (FMEA), créé début 2009 par les autorités françaises en réponse à la crise du secteur, a engagé à ce jour 210 millions d'euros. Il reste donc encore 390 millions d'euros disponibles sur le montant initial de 600 millions, a précisé le ministre.
Merci pour les entreprises, mais ce sont les salariés qui sont en première ligne. L’expérience de ces derniers mois montre que les subventions de ce fonds de modernisation sont allées aux entreprises qui restructuraient, licenciaient et fermaient de usines. Rappelons nous, le premier groupe à bénéficier de ces subventions avait été le groupe Trèves qui avait empoché 55 millions d'euros et ensuite liquidé les usines Sodimatex et PPTM. La semaine dernière, c’était autour de Savoy International de licencier 35 salariés à Cluses alors qu’il avait reçu plus de 4 millions d’euros de ce même fonds.