Automobile : la crise frappera deux fois

Publié le par Blog Auto Critique 18 février 2010

Cet article a été publié dans l'hebdo du NPA "Tout est à Nous "le18 février. Il reprend  le contenu de plusiers des articles publiés sur ce blog. Des liens avec d'autres articles de ce blog.sont indiqués.

Malgré les annonces de pertes comptables de Peugeot et Renault, ces entreprises affichent des bénéfices nets très confortables en ces temps de crise.

Pour l’opinion publique, les services de communication de PSA et de Renault assènent sans répit l’ampleur des pertes comptables enregistrées en 2009, respectivement 1,16 milliard et 3 milliards d’euros, manifestement pour préparer à de nouveaux sacrifices en termes d’emploi et de salaires. Le discours à destination des opérateurs financiers est bien différent. PSA a insisté sur son bénéfice net de 809 millions d’euros. Et, en écho, le directeur général de Renault a martelé qu’en 2009, l’unique priorité était d’atteindre un « free cash flow positif ». Avec 2 milliards d’euros, l’objectif est atteint ! Du jargon : le cash, disent les financiers, le pognon dit-on avec les mots de tous les jours, c’est la différence entre ce qui sort et rentre dans les caisses de l’entreprise pour une année.
Dans le contexte de crise, PSA et Renault ont réalisé des bénéfices qui atteignent à eux deux près de trois milliards d’euros. À comparer aux six milliards d’euros octroyés par Sarkozy à l’hiver 2009.
Pour parvenir à ce résultat, Renault et PSA ont tous deux limité brutalement leurs stocks de voitures neuves avec comme conséquence une baisse de la production plus marquée que celle des ventes. Le déficit de production lié à cette politique a été pour le seul PSA de 142 000 voitures, entraînant plus de suppressions d’équipes et de chômage partiel. Et de façon encore plus significative, les deux constructeurs ont continué de baisser leurs coûts fixes largement constitués de salaires. Pour Renault, ils ont baissé de 17 % en 2009, contre 5 % en 2008. Et pour les deux groupes cela a entraîné le renvoi prioritaire des intérimaires et une augmentation des cadences et du stress pour ceux qui restent.
Les résultats financiers fournis par une entreprise sont le produit de savants calculs où il est strictement impossible à première lecture de savoir ce qui revient exactement aux propriétaires et actionnaires. C’est particulièrement le cas de PSA où le pouvoir et la propriété appartiennent depuis plus d’un siècle à la même famille Peugeot. Dans les pertes comptables affichées par PSA, il y a par exemple une augmentation de capital dans sa filiale Faurecia à qui le groupe a régulièrement demandé de baisser ses prix de vente.
Crise, vous avez dit crise ! Jamais la trésorerie de Renault, avec un montant de 9 milliards d’euros disponibles, n’a été aussi grande. Quelle leçon de choses du fonctionnement du capitalisme !
Et tout indique que la même politique produira les mêmes effets en 2010. Soumis à la pression des deux grands donneurs d’ordre que sont PSA et Renault, sous-traitants et équipementiers automobiles ont été en première ligne des attaques. Ceux et celles de Continental, New Fabris, Molex, PTPM, Visteon, se sont mobilisés de façon visible dans ce contexte où 35 000 emplois ont été supprimés pour tout le secteur en 2009.
Et les plans patronaux et gouvernementaux pour l’année 2010 sont dans la continuité : « La filière pourrait encore réduire ses effectifs de 40 000 à 50 000 personnes dans les deux années à venir dans l’Hexagone, d’après le rapport établi fin novembre dans le cadre de la commission pour le soutien aux sous-traitants, réunie par Christian Estrosi », indique les Échos du 5 février.
La « crise » sert en France de catalyseur et de prétexte à la réorganisation capitaliste de tout le secteur des équipementiers. La globalisation des attaques est inscrite dans les plans patronaux et gouvernementaux. Ce constat indique qu’il n’y aura pas d’issue victorieuse entreprise par entreprise.
C’est bien vers une lutte tous ensemble qu’il faut aller pour refuser licenciements, fermetures d’usine et diktats de la propriété privée. Ce qui devrait être à l’ordre du jour, c’est une nécessaire coordination des luttes, mais aussi empiéter sur la toute puissance du capital, avec un contrôle des travailleurs sur les comptabilités bidonnées, l’obligation de rembourser les subventions publiques, et l’expropriation revendiquée, avant qu’ils ne déménagent machines et comptes en banque, de tous ces patrons qui ferment leurs usines.
Jean-Claude Bernard

Voir article "Tout est à Nous"
Voir article Bilan Renault publié dans ce blog le 12 février 2010
Voir article Bilan PSA publié sur ce blog le 11 février 2010

Publié dans France

Commenter cet article