Encore un hélicoptère pour briser une grève chez l'équipementier Behr en Moselle
Les hélicoptères ont trouvé un nouveau débouché en France : briseur de piquet de grève. Après Dura Automotive à Saint-Etienne (lien sur ce blog), un hélicoptère a été mobilisé par le groupe Behr à Hambach en Moselle.
Des pièces ont été transportées à la main par des non grévistes de l’usine Behr à celle de Smart située en face Et l’hélicoptère affrêté par la direction a amené les pièces à. Rouffiach en Alsace, un autre site du groupe. « Ils ont de l’argent pour ça, mais pas pour nous » : voilà ce qui se dit sur le piquet de grève
Et en même temps la direction avait réclamé au tribunal l’évacuation du piquet de grève. Le tribunal a refusé de prendre immédiatement position. La grève continue
Le point complet sur la grève
Les travailleurs de production de la société Behr située sur la zone Europôle de Hambach aux portes de Sarreguemines ( Moselle), ont entamé une grève reconductible pour la revalorisation de leur salaire mardi matin 2 novembre.
L’entreprise, spécialisée, dans la fabrication de systèmes de climatisation et de refroidissement est notamment sous-traitante pour l’automobile. Confrontée comme l’ensemble du secteur industriel aux procédures de rachats-ventes, la société était passée sous le contrôle du groupe allemand Mahle, ce qui avait suscité beaucoup d’inquiétude chez les salariés à cette occasion. Il y avait 1200 salariés dans l’usine en 2000 et il n’en reste plus que 500 aujourd’hui. Une liquidation de l’emploi qui s’est faite en douceur mais non sans douleur.
Tout le monde connaît la musique du chantage patronal à l’emploi. On maintient la production sur le site, mais soyez mesurés dans vos revendications. De plus, comme tout le patronat, les groupes allemands apprécient les élus des collectivités territoriales qui facilitent les implantations à coup de subventions.
Des élus, qui n’hésitent pas non plus à vanter les vertus de la paix sociale dans l’est-mosellan et la discipline austère de la politique salariale de ce côté-ci de la frontière. Mais les travailleurs ne sont pas pour autant dupes de ces « petits arrangements » qui ne valorisent que le capital. Ils ont décidé de taper du poing sur la table lors des négociations salariales annuelles obligatoires amorcées fin octobre.
L’intersyndicale CGT-FO-CFDT a fait valoir le niveau particulièrement bas des salaires pour revendiquer une augmentation de 100 euros mensuels ainsi que l’augmentation de la prime de nuit de 11 à 20%. Les syndicats indiquent qu’une fois les différentes primes retirées du salaire, il ne reste que 990 € par mois aux ouvriers.
Mais la Direction reste pour l’instant de marbre et refuse toute discussion. Mardi à 6 heures, les ouvriers sont passés à l’action. Ils ont bloqué l’accès à l’usine ainsi que l’accès à l’ensemble de la zone de l’Europôle en distribuant des tracts. Les salariés des autres usines, notamment ceux de la Smart pouvaient rejoindre leur poste de travail mais non les camions des fournisseurs.
Conséquence de la gestion à flux tendu, dès le milieu de la matinée, le manque de livraison commençait déjà à faire sentir ses effets dans certaines unités de production de la zone. Faute de roues et de siège, la Smart était à l’arrêt. Alertée, la sous-préfète de l’arrondissement de Sarreguemines provoquait une réunion avec manifestants et direction, non pour favoriser la négociation salariale, mais pour permettre la levée des piquets, les patrons de l’Europôle se considérant pris en « otage » par le mouvement de colère des ouvriers.
Le blocage était partiellement levé en début d’après midi mais les ouvriers restaient décidés à reconduire la grève et à se manifester une nouvelle fois par populariser leurs revendications et solliciter le soutien des autres travailleurs de la zone....à suivre....
Jean-Luc L'HÔTE ( Metz le 03.11.2010)