Grève à Lear Corporation : le ras-le-bol des sous-traitants de l'automobile

Publié le par Voix du Nord 28/10/2009

Une grève à Lear Corporation ? Double surprise ! Pour nous, d'abord : jamais l'entreprise de Grévaux-les-Guides, qui fabrique les sièges de la Kangoo, n'avait fait parler d'elle. Pour la direction, ensuite, qui n'a pas été mise au courant du mouvement social. Chômage partiel, salaires trop bas, conditions de travail difficiles et encadrement agressif ont conduit une majorité du personnel à arrêter le travail, jeudi et hier.

 

 

1 200 euros le salaire moyen et des mesures de chômage partiel qui font chuter les rémunérations de 35 %. Certains ouvriers de Lear Corporation ne toucheront que 650 euros, à la fin du mois. Alors que les feuilles d'impôt tombent et que Noël approche, une majorité des 95 salariés du sous-traitant de MCA (ils fabriquent les sièges de la Kangoo) ont décidé, hier, de faire grève.

Palettes brûlées, coup de fil à la presse et à l'attaché parlementaire du député communiste Alain Bocquet... ils ont sorti le grand jeu. Étonnant, pour une entreprise qui n'avait jamais fait parler d'elle. « C'est la première fois, ce qui arrive aujourd'hui », reconnaît Bernadette Dumas, déléguée syndicale CFTC.


C'est que l'heure est grave. Ils sont venus par dizaines nous raconter leur douloureux quotidien. Les arrêts de travail, les traitements médicaux, les retours aux postes difficiles... « J'ai un décollement du bassin, nous dit l'un. Et après ma visite devant la médecine du travail, j'ai dû retourner au garnissage des sièges. » « J'ai 44 ans, nous dit un autre. Mes deux bras sont abîmés. Comment je vais être, à la retraite ? » Un autre encore, dix ans de Lear Corporation, montre sa main droite : « Je sais la fermer, mais je n'arrive plus à l'ouvrir complètement. » Les arrêts maladie et les accidents du travail font l'objet de maquillages, disent-ils tous. Certains sont revenus travailler le lendemain, avec des points de suture à la tête ou à la main. D'autres restent chez eux, avec l'aval de la direction : « Les accidents du travail sont camouflés. » Le métier est pénible et les cadences n'arrangent rien : « On est allé à Cergy, ils travaillent moins et gagnent plus ! » À la merci de l'activité de MCA, leurs semaines de travail sont définies une semaine à l'avance, voire quelques jours seulement. Les relations avec la direction et l'encadrement sont mauvaises les sanctions, les lettres d'avertissement, les entretiens sont nombreux, pestent les ouvriers.


Les systèmes mis en place pour lutter contre le chômage partiel et contre la baisse des salaires sont insatisfaisants aux yeux des grévistes. « On a une direction qui reste figée », dit l'un d'eux. Un entretien, hier matin, a confirmé ce que pensait Bernadette Dumas : « La direction nous dit que c'est à nous de trouver une solution ! Pour compenser le chômage, ils nous disent de travailler plus, de faire des heures supplémentaires. Mais nos conditions de travail sont trop dures ! » D'autres ouvriers haussent le ton : « Ce n'est pas à nous de payer nos jours de chômage ! »

 

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