Grève dans les usines de Honda en Chine
 | Pour information, voici l'article publié en français par le site officiel chinois chinadaily. |
Cette grève, la plus importante de l'histoire de l'industrie chinoise, s’est poursuivie jeudi 27 mai après l’échec des négociations entre la direction du fournisseur Honda Chine et ses 1 900 ouvriers, selon un responsable de la Honda Auto Parts Manufacturing Co., basée à Foshan dans la province du Guangdong (sud de Chine).
Les quatre usines d'assemblage de Honda China ont dû arrêter leur production suite à la grève des ouvriers chinois du constructeur automobile, qui demandent une augmentation de salaires. Résultat : l'ensemble de la production en Chine d'Honda Motor, deuxième plus grand fabricant d’automobiles du Japon, est arrêtée depuis le début de la semaine.
Hormis les deux usines de Guangqi Honda dans le Guangdong, qui fabriquent la berline Accord et la mini-fourgonette Odyssey, deux autres usines sont concernées, Honda Automobile China, également basée au Guangdong, et Dongfeng Honda dans la province du Hubei. L’une des usines Guangqi est chargée de la livraison des voitures à une dizaine de pays européens.
La grève a été décidée après que Honda ait annoncé en début de semaine un plan ambitieux de promotion de la production en Chine, qui prévoit l'augmentation de la capacité de production annuelle de Guangqi Honda, une entreprise à capitaux mixtes, de 360 000 à 480 000 véhicules d’ici le deuxième semestre 2011.
Les ouvriers de l’usine du fournisseur se sont mis en grève le 17 mai, se plaignant de salaires trop bas. Après une reprise temporaire du travail, ils ont de nouveau appelé à la grève le 21 mai. Depuis lors, des négociations avec la direction ont eu lieu par intermittence, ont indiqué des sources de l’entreprise.
« Honda ne prévoit pour l'instant aucune date de reprise de la production », a indiqué jeudi au China Daily Zhu Linjie, porte-parole d'Honda Motor (China), basé à Beijing. Il a ajouté que cette grève n'avait pas pour l'instant modifié le projet de l'entreprise d'augmenter sa capacité de production en Chine de 28 % d’ici 2012 à 830 000 unités, soit 650 000 unités supplémentaires par rapport à la production actuelle.
Des experts du milieu industriel considèrent que cette grève servirait d'avertissement aux autres entreprises automobiles en Chine.
Les constructeurs automobiles pratiquent une livraison à la demande des pièces et des composants, l’arrêt du travail d’un fournisseur prend donc rapidement des proportions importantes à l'échelle de l'entreprise, comme c'est le cas en ce moment pour Honda.
Les ouvriers demandent des augmentations de salaires de 1 000 -1 500 yuans à 2 000 -2 500 yuans, selon la presse locale en langue chinoise.
Des négociations ont eu lieu mardi entre les cadres des ateliers et des ouvriers, cependant, selon un cadre de l’entreprise qui souhaite garder l’anonymat, « en raison de divergences importantes, aucun accord n'a pu être trouvé entre les parties ».
Certains services gouvernementaux et syndicats ont également tenté une conciliation entre la direction et les ouvriers des usines, a noté Zhu.
Un responsable du gouvernement municipal de Foshan qui était engagé dans ces négociations a déclaré au China Daily que pour la municipalité, la direction de l'usine Honda n'est pas en violation avec le Droit du travail.
Le salaire minimum de la ville est de 920 yuans par mois, mais la plupart des ouvriers n’en sont pas satisfaits, « en raison de la hausse des prix de la consommation », a-t-il expliqué.
Les salaires pratiqués chez d’autres fabricants et constructeurs automobiles à l’échelle nationale sont les mêmes, relève Duan Chengwu, un analyste du cabinet de conseil IHS Global Insight, basé à Shanghai.
Selon lui, les autres fabricants automobiles en Chine doivent tirer la leçon de cet épisode. « Les profits de l’industrie automobile chinoise sont relativement élevés en comparaison avec les marchés mûres, ce qui devrait permettre de dégager de quoi concrétiser l'augmentation de salaire des ouvriers. »
Un ouvrier dans le secteur automobile en Chine gagne, en général, moins de 10 yuans l'heure, a rappelé Qiu Wencai, professeur à la Faculté d’ingénierie automobile du Shanghai Jianqiao College.
La Chine est depuis l'an dernier le plus grand marché automobile du monde, avec plus de 13,6 millions de véhicules vendues. Pourtant, « les bas salaires pourraient affecter l’avenir de l'industrie », estime-t-il.
Ma Qiufeng, professeur en sociologie à l’Université Jinan de Guangzhou, qualifie cette grève de « bonne nouvelle », parce que cette demande des ouvriers pourrait aider la Chine à devenir une société plus ouverte.