Grève en préparation à Fiat Poland dans l'usine de Tychy

Publié le par Correspondant 21 février 2011

Devant l’aggravation des conditions de travail et les baisses de salaire effectivement touchés en janvier, la presse polonaise se fait l’écho de la préparation d’une grève collective chez Fiat Poland.

Le syndicat Août 80 présent dans l’usine de Tychy prépare cette riposte et veut surmonter les dégâts causés par la division syndicale. Voici des extraits de sa déclaration publiée le 19 février 20011

IL EST TEMPS, C’EST LE DERNIER MOMENT

Chaque salarié de Fiat Auto Poland se rend compte de la division entre syndicats

Les vingt dernières années ont été marquées par les luttes inter-syndicales systématiques et les tentatives des divers syndicats pour dominer. Dans l’absence d’unité chaque syndicat tente d’obtenir le plus pour lui même, réalisant uniquement son propre intérêt particulier, au détriment de la force collective  force des salariés.

C’est un fait que les conditions de travail et de vie sont meilleures qu’il y a des années. Chaque syndicat a introduit quelque chose pour que l’entreprise soit meilleure pour les salariés. Mais le niveau des salaires, malgré des augmentations, est toujours insatisfaisant, ce qui a produit les événements récents à Fiat Tychy.

Il est plus que temps de tenter de résoudre ce problème pour que le mécontentement et la frustration des salariés ne deviennent pas incontrôlables. Il faut créer les conditions pour que le fait de travailler chez Fiat soit considéré comme un bien, pour que les salariés cessent de craindre le lendemain et qu’ils cessent d’avoir peur pour leurs salaires.

Direction, encadrement et contremaîtres de Fiat, vous devez cesser d’être  « maîtres de la vie et de la mort ».à l’usine. Le salarié en tant qu’être humain a cessé de vous intéresser, et n’est pour vous qu’un indicateur de la réalisation du plan, et non un organisme vivant qui a ses besoins et ses aspirations.

C’est trop facile pour vous, chefs ou directeurs, de montrer du doigt un candidat au licenciement, souvent uniquement parce qu’il a regardé quelqu’un de travers, ou parce qu’il est membre d’un syndicat « incorrect », ou bien parce qu’il a été cinq jours en arrêt de travail. Vous avez fait du mal à plus d’un en le licenciant injustement et en pouvant provoquer des tragédies familiales.

Et pour vous toujours l’appartenance syndicale est le seul critère de l’utilité au travail. Si cela continue, vous ne tarderez pas à avoir des cauchemars. Vous devez descendre de vos  tours de surveillance et redevenir des être humains.

D’un autre côté,  tous les travailleurs et toutes les organisations syndicales sont devant un immense défi. Une approche financière des problèmes des gens ne peut conduire à un succès. Les derniers événements dans les usines italiennes de Fiat et chez Fiat en Serbie, comme ceux chez nous à Tychy montrent que la direction de Fiat mise sur la maximalisation des profits au détriment des salariés.

Les semaines à venir vont montrer si la résistance des syndicats italiens, eux aussi divisés comme à Tychy, sera efficace. Les solutions qui leur ont été proposées privent les salariés de nombreux acquis sans rien leur donner en échange et même en provoquant une intensification du travail avec les mêmes salaires. Après les usines italiennes ce sera notre tour à Tychy. Nous devons en être conscients et nous y préparer.

Mais, comme nous l’avions dit d’emblée, l’actuel situation syndicale a fait son temps et n’est plus capable de rien donner aux salariés.

Nous ne sommes pas obligés de créer une représentation commune ou de fusionner les organisations syndicales. Mais nous devons nous adresser à l’employeur en un front commun avec des revendications communes clairement définies. Au cours des derniers jours, par trois fois, nous avons tenté d’organiser une telle démarche. Nous ne comprenons pas  pourquoi les autres syndicats ont refusé ces propositions

C’est pourquoi nous nous adressons à tous les salariés de Fiat Auto Poland SA.

Il est  nécessaire aujourd’hui que les membres des syndicats forcent aujourd’hui leurs responsables à s’asseoir ensemble autour d’une table et forment un front commun de lutte contre l’employeur. Pour qu’ils revendiquent ensemble les augmentations des salaires, renégocient les contrats collectifs qui autorisent la baisse des salaires. exigent  l’arrêt de politique patronale fondée sur le chantage et le harcèlement.

C’est le dernier moment sans doute pour changer quelque chose chez Fiat Auto Poland.
Si les syndicats une fois encore ne mènent pas une politique commune alors on pourra dire pour des années adieu aux espoirs d’un salaire correct pour le dur travail.

Nous ne voulons pas grand chose, seulement la réalisation des aspirations des travailleurs:

- une augmentation de salaires de 850 zlotys [215 euros]

- la clarification des accords concernant le paiement de la prime d’effectivité

- l’établissement d’un plan des congés pour l’année 2011

- l’introduction du principe qu’après une année de travail chaque salarié a le droit à un contrat de travail à durée indéterminée

- la normalisation du rythme des chaînes de montage et l’instauration d’un monitoring systématique de ces chaînes.

Est-ce trop?

Nous en appelons à tous les salariés et en particulier aux membres de “Solidarnosc“ et à la direction de ce syndicat : montrons à tous que nous sommes d’accord pour lutter pour les salaires et les conditions de travail qui sont dus aux salariés. Nous appelons aussi touss les travailleurs à venir à la réunion intersyndicale que nous proposons.

Ensemble nous sommes capables de construire des meilleures conditions du travail. Et ceux qui se mettent en travers ne devraient  pas avoir de place chez Fiat.

Publié dans Autres-constructeurs

Commenter cet article