La crise de l'automobile n'est pas finie.
Après les cocorico entendus en ce début d'année, il faut remettre les pendules à l'heure. La production de voitures a baissé en 2009 et le directeur général de Renault annonce une année 2010 difficile avec une baisse de 10% des ventes en Europe.
Sur les 9 premiers mois de 2009, la production automobile de véhicules particuliers (VP) en Europe a reculé plus fortement (-21%) que les immatriculations (-6,6%). Dix millions de voitures ont été produites contre 10,9 millions de vendues. La hausse des ventes d'automobiles observées le dernier trimestre de l'année 2009 doit donc être relativisée Ce qui crée l'emploi, c'est la production. Ce qui alimente les ressources financières des entreprises, ce sont les ventes.
Au plan de tout le continent européen,ce décalage entre ventes et production n'est pas la conséquence d'une nouvelle vague d'importations. En effet, les échanges de voitures neuves ont continué à l'être très majoritairement à l'intérieur de ce continent. On n'a pas vu ,en cette année de crise, les voitures chinoises ou coréennes innonder l'Europe.
La cause de ce décalage tient pour l'essentiel au déstockage. Tous les constructeurs européens ont été embarqués dans la même couse : déstocker, c'est à dire réduire le plus possible les stocks pour disposer de plus d'argent frais disponible.
La France est l'un des pays d'Europe où la baisse de la production aura été la plus violente en 2009, avec une baisse de de 27% par rapport à l'année précédente. Seule la Suède avec une baisse de près de 60%, dû à l'effondrement de Volvo et de Saab, fait pire.
Pour la France, ce phénomène de déstockage commun à toute l'Europe se combine avec l'augmentation des productions réalisées en Europe de l'Est. Cela serait dû, à écouter les plaintes du gouvernement Sarkozy et des patrons de l'automobile, aux salaires qui seraient trop élevés en France. Pas de chance pour cette explication : la production a beaucoup moins reculé en Allemagne ( -17%) alors que les salaires des ouvriers allemands sont pourtant supérieurs à ceux des français.
Découplage entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est : l'Est est encore plus touché que l'Ouest par la crise en ce qui concerne les salaires, l'emploi des travailleurs et aussi les ventes de voitures neuves. Mais la production de voitures en Europe de l'Est est restée stable en 2009 grâce aux exportations vers l'Europe de l'ouest, la France en particulier. La Tchéquie est ainsi devenue le quatrième paus constructeur d'automobile sur tout le continent européen.
Découplage confirmé : l' augmentation des ventes de voitures neuves en France par rapport à 2008 est bien réelle. Ce résultat a été atteint grâce à la prime à la casse, subvention à l'achat de voitures neuves. Un "sparadrap" a été mis sur la crise de surproduction de l'industrie capitaliste européenne qui a ainsi pu vendre des voitures moins chères La fin programmée en 2010 de cette subvention va laisser l'industrie automobile confrontée aux mêmes difficultés que précédemment. Rien n'est résolu : l'industrie automobile n'en a pas fini avec sa crise.
Le directeur général de Renault, Patrick Pelata, a averti dans une interview au Monde du 5 janvier 2010 : "On anticipe encore une année difficile pour le secteur. En Europe, en 2010, le marché va chuter de 9% à 10%" . Les prévisions officielles sont souvent faites pour être démenties, mais elles indiquent que la politique patonale d'aujourd"hui se décide avec des anticipations d'une crise se perpétuant en 2010.