La saison du monopoly automobile : Fiat aux Etats-Unis et Renault Nissan en Russie
Dans le football, c'est le temps du mercato. Dans l'industrie automobile mondialisée, c'est le temps du monopoly. Renault et Fiat se trouvent intégrés à de nouveaux groupes ou alliances présents sur tous les continents. Le mois dernier, Fiat a pris le contrôle de Chrysler et a de fait créé un nouveau groupe italo-américain.
C'est au tour de l'alliance Renault Nissan d'acquérir, avec le soutien bienveillant du gouvernement Poutine, la majorité du capital du constructeur russe Autovaz, le fabricant des Lada, dans lequel l'alliance était déjà présente.
Selon les termes des pourparlers dont la conclusion serait imminente, Nissan achèterait 25% d'Avtovaz pour près d'un milliard de dollars. Renault étant déjà propriétaire de 25% + 1 action du constructeur russe depuis février 2008, l'alliance deviendrait dès lors majoritaire dans le capital d'Avtovaz.
Cette opération est donc la conséquence du seul achat par Nissan de 25% du capital d'Avtovaz. Cela confirme qu'aujourd'hui, dans l'alliance Renault Nissan, c'est Nissan qui est le champion capitaliste. Les rodomontades de Sarkozy et Fillon n'y changent rien : avec ce type d'opération, Renault s'intègre dans une entité mondialisée dont il devient un élément de moins en moins important. Carlos Ghosn rêve d'être un maître du monde, mais pour son compte propre et celui de ses actionnaires.
Après la prise de contrôle, l'alliance prévoierait d'assembler une voiture compacte Nissan dès 2012 dans une usine du centre de la Russie, et envisagerait de construire un autre site de production en extrême-orient russe.
Les trois constructeurs pourraient en outre fabriquer une voiture à très bas coût pour les marchés émergents dans une usine d'Avtovaz, a ajouté le quotidien.
L'alliance franco-nippone s'est engagée à investir aux côtés du constructeur russe jusqu'à deux milliards de dollars en Russie pour produire 500.000 voitures par an.
Le secteur automobile russe est sur la voie de la reprise après avoir été durement affecté par la crise économique mondiale de 2009 -- année où les ventes avaient plongé de 49% par rapport à 2008 -- et suscite de nouveau l'intérêt des constructeurs étrangers. Ce n'est pas l'eldorado que représente la Chine, mais à la mesure de Nissan et de Renault, cela devient un enjeu important. Les autres constructeurs automobiles lorgnent aussi sur ce marché, à commencer par Fiat qui envisage aussi d'y investir. Le monopoly, c'est la concurrence sans limites. On l'apprend depuis longtemps.