Le chantage de General Motors à Strasbourg
General Motors soumet les ouvriers de l’usine de Strasbourg à un chantage scandaleux : ou bien accepter une baisse de 10% des coûts salariaux ou bien la fermeture de l’usine.
Les 1150 salariés du site sont consultés ce lundi 19 juillet par les trois syndicats, CFDT, FO et CFTC qui proposent de répondre « oui » au chantage de la direction de GM. Seule la CGT se prononce contre ce chantage.
Cette usine de boîtes de vitesse, implantée au bord du Rhin, était encore il y a dix ans l'un des plus gros sites industriels en Alsace, avec 2.400 salariés à l'époque. Mais au fil des années, les effectifs ont fondu. Avec la déroute du géant américain, l'usine a été placée en 2008 sous le contrôle de la société MLC, une simple structure juridique chargée de céder les actifs de GM.
Depuis, les salariés vivent dans l'attente d'un repreneur, avec les menaces sur leur emploi. . D'autant que des doutes planent sur la volonté de BMW, le principal client de l'usine, de maintenir ses engagements à l'horizon 2014. En juin dernier, coup de théâtre: le "nouveau" General Motors, désormais renfloué et détenu à 60% par l'Etat fédéral américain, propose de racheter son ancien site... mais à certaines conditions. "Ils nous ont dit: on vous reprend, mais il faut que le coût de la main d'oeuvre baisse de 10%", résume Jean-Marc Ruhland, le secrétaire général CDFT du comité d'entreprise.
Les ouvriers de Strasbourg sont mis en concurrence avec ceux du Mexique. Car la direction du groupe, aux Etats-Unis, doit décider le mois prochain si elle confie la fabrication de boîtes de vitesse à Strasbourg, ou à une de ses usines au Mexique, où les salaires sont évidemment moindres.
Les élus CFDT de Strasbourg ont finalement accepté ce chantage. Ils considèrent que le retour de l'usine au sein de GM serait "une bonne nouvelle". Car "si on leur dit « non », ils iront voir ailleurs. Et notre avenir sera sérieusement compromis". En conséquence, la CDFT n'a pas hésité à "trouver une solution pour faire baisser la masse salariale de manière à ce que ça fasse le moins mal possible aux salariés". (sic)
ll s’agit de baisser l'intéressement, les cotisations patronales à la mutuelle de santé, les subventions au restaurant d'entreprise, et l7 ou journées de RTT (sur 17 par an) disparaîtraient. Le projet de reprise sera soumis lundi à l'ensemble des salariés, sous la forme d'un référendum interne organisé sous contrôle d'huissier par trois syndicats sur quatre, FO, la CFTC et la CFDT.
L'autre syndicat qui dispose d'une influence importante au sein de GM Strasbourg, la CGT, a toutefois appelé à voter "non" à ce qu'elle qualifie de "chantage de la direction". "Nous refusons de signer un chèque en blanc aux dirigeants de GM. Ils ne nous donnent aucune garantie sur l'emploi en contrepartie de ce qu'ils nous demandent", dit Roland Robert, de la CGT.
"De toute façon, le rôle des syndicats n'est pas de faire baisser le revenu des salariés. Nous n'avons pas à nous comparer aux travailleurs qu'on exploite au Mexique, en Chine ou je ne sais où".
Même si le "oui" l'emporte, l'attitude de la CGT pourrait avoir une influence déterminante sur la décision finale de GM, qui ne souhaite s'engager que sur la base d'un consensus syndical.
Une majorité ne suffit pas à la direction de GM car ce sont tous les travailleurs qu’ils veulent soumettre. Décidément le vote proposé à General Motos n’a aucune valeur, et illustre seulement jusqu’à quelles extrémités le patronat n’hésite pas à aller.