Le gouvernement lâche les salariés de PSA mais sauve sa banque

Publié le par Rédacteur 24 octobre 2012

Le système bancaire n’en finit pas de craquer. La Banque PSA Finance filiale à 100 % du groupe PSA est à son tour menacée de faillite. Et naturellement famille Peugeot et actionnaires s’en vont appeler au secours le gouvernement.

 

Pas de ventes d’automobiles sans crédit

 

Les banques des constructeurs automobiles sont au cœur de la commercialisation des voitures qu’ils produisent, là où la plus-value se réalise en argent sonnant et trébuchant, en cash qui rentre dans les caisses des firmes automobiles. Les voitures vendues par les firmes automobiles sont en fait vendues deux fois, une première fois aux concessionnaires garages automobiles, une deuxième fois par ces concessionnaires aux acheteurs. Cette pratique a été initiée dès les années 1930 par les constructeurs américains pour moins supporter directement les variations de stocks, en reportant sur d’autres plus petits les variations de la demande. La faillite d’un petit concessionnaire est moins grave que la perte de bénéfice pour une grande firme capitaliste.

 

Ce double achat est favorisé par l’intervention du crédit. Chacun a en mémoire le scandale des sub-primes qui avaient dopé aux Etats-Unis les ventes d’immobilier à coup de crédit. Les constructeurs automobiles ont depuis des années employé les mêmes moyens pour accroître les ventes et ils « touchent » sur les deux opérations : sur le dos des concessionnaires en leur vendant des stocks de voitures, puis sur celui des acheteurs particuliers et sociétés. Les trois-quarts des achats de voitures neuves France se font à crédit. Renault et PSA contrôlent ce marché au travers de leurs banques filiales et laissent peu de place aux autres banques qui voudraient participer à ce pactole.

 

Le profit réalisé au travers de ces opérations bancaires devient central pour les deux firmes. Renault Crédit International en 2011 avait contribué pour 761 millions d’euro à la marge opérationnelle1de tout le groupe Renault, soit 70 % du total de 1,09 milliard d’euros. Le même résultat est observé pour PSA, sa contribution ayant été de 512 millions d’euros, soit 40 % de la marge opérationnelle du groupe.

 

Vers la faillite de la banque PSA Finance ?

 

Pour prêter de l’argent, il faut en disposer ou en « inventer ». Renault et PSA sont passés champions en empruntant eux-mêmes de l’argent qu’ils « reprêtent » ensuite à un taux supérieur aux acheteurs. Mais la crise européenne du secteur bancaire rend de plus en difficile l’approvisionnement des filiales bancaires de PSA et de Renault en ressources financières. Elles sont donc amenées à diversifier leur sources. Renault RCI s’est transformé en collecteur d’épargne privée en proposant les taux d’intérêt parmi le plus compétitifs. Peugeot avait préféré comme l’indique son rapport d’activité du premier semestre 2012 s’en remettre aux prêts préférentiels de la part de la BCE et à la spéculation sur les écarts entre taux d’intérêts selon les pays.

 

L’aggravation de la crise les a rattrapés. Pour les « subprimes », le déclencheur avait été l’incapacité des emprunteurs à rembourser suite à l’effondrement des prix de l’immobilier aux Etats-Unis. Pour PSA, le déclencheur est la difficulté à trouver de l’argent. Mais dans les deux cas, on assiste à l’effondrement « château de cartes » du système de crédit mis en place. La digue vient de céder.

 

PSA ne pouvant  pas aujourd’hui rembourser quatre milliards d’euros contractés auprès d’autres banques, le gouvernement  apportera 5 à 7 milliards d'euros de garanties à Banque PSA Finance. Le   gouvernement donnera donc à PSA les moyens de continuer à emprunter, pardon...à spéculer. Et sans contrepartie, car Ayrault, dans sa déclaration à France Inter mercredi 24 ocotobre, a entériné la fermeture d'Aulnay et le plan Varin.

 

Le gouvernement au secours de PSA !

 

Les négociations sérieuses se passent, non pas avec le ministre en marinière Montebourg, mais avec Moscovici. Avant d’être ministre, il était président de « l’Association des collectivités et sites de l’industrie automobile » (Acsia), ouvertement un lobby pro PSA. Il osait déclarer en 2010 : « Même si certains voyants sont allumés, je dispose d’informations plutôt rassurantes. Je constate que pour PSA Peugeot-Citroën, les équipementiers sont considérés comme des ressources essentielles. Je suis vigilant, mais pas trop préoccupé ».

Assez de discussions secrètes ! Les fonds publics ne doivent pas servir à renflouer la banque privée de PSA alors que le groupe s’apprête à fermer des usines et à licencier des milliers de salariés.

La levée du secret bancaire, loin d’être une vieille lune, est aujourd’hui une exigence démocratique élémentaire. Il faut connaître toute la vérité sur la fortune et les malversations de la famille Peugeot. Le rapport d’activité de juillet 2012 écrivait : « Banque PSA Finance maintient des réserves suffisantes de capital et de liquidités ». Preuve est faite que c’était un mensonge grossier.

Pendant ce temps-là, famille Peugeot et actionnaires se portent bien. Ce qui était prévisible depuis déjà plusieurs mois se précipite : la famille Peugeot, de fermetures d’usines en accords de catastrophe avec Opel et de diversification de ses actifs, se désengage de l’automobile. A un rythme qui s’accélère à mesure que leur système craque. Contre les suppressions d’emploi, les fermetures d’usines et maintenant la faillite possible de leur banque, oui, la question de l’expropriation de la fortune de la famille Peugeot est posée.

22 octobre 2012

Jean-Claude Bernard

1 Marge opérationnelle : rapport entre le résultat d’exploitation et le chiffre d’affaires qui permet d’estimer la rentabilité des ventes et la viabilité à terme d'une entreprise.

Publié dans Peugeot

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