Les ravages des flux tendus : plusieurs usines de PSA bloquées pour un manque de vis
La conséquence des flux tendus et de la chasse aux coûts : une rupture d’approvisionnement de vis et tout est détraqué dans les usines de PSA.
PSA achète la majeure partie de ses vis chez le groupe AGRATI. C’est un fournisseur dit « majeur » de PSA. Il travaille à 85 % pour PSA et 15 % pour Renault. AGRATI livre 250 références de vis pour l'ensemble des usines PSA ce qui représente 80 % des fournitures de visserie.
Récemment, AGRATI a racheté les 3 usines de visserie du groupe ACUMENT, toutes les trois situées dans le Nord (Vieux Condé, Fourmies et Amiens). ACUMENT avait déjà commencé la restructuration de sa production en commençant à fermer l'usine d'Amiens pour recentrer la production et surcharger l'usine de Vieux Condé. AGRATI poursuit la restructuration avec la fermeture de l'usine d'Amiens. AGRAI est un groupe italien qui emploie 800 salariés en France
La Firme AGRATI bénéficie des aides du Fonds de Modernisation des Equipementiers automobiles, le FMEA. C’est un fonds d'aide aux patrons équipementiers de la filière automobile pour restructurer la production au profit des donneurs d'ordre en licenciant si besoin. Ce fond est abondé par Renault, PSA et les pouvoirs publics. Ce sont eux qui font la pluie et le beau temps sur toute la filière automobile.
A la suite d’une baisse des effectifs, en août dernier, AGRATI devait mettre en place une réorganisation complète de sa logistique avec la création à Vieux Condé d'une plate-forme unique de logistique pour que PSA se livre à moindre coût en petit colis. Même si PSA ne le dit pas, c'est à sa demande que AGRATI a opéré cette réorganisation.
D'après PSA, cette réorganisation a connu des problèmes informatiques. A la reprise de la production le 30 août, AGRATI aurait péché par excès d'optimisme. « Le redémarrage, le 5 septembre d'Aulnay et de Madrid a écroulé le système et vidé les encours ».
Le jeudi 8 septembre, PSA a décidé d'arrêter la production chaotique en attendant que AGRATI remonte la pente. Toutes les usines du groupe au niveau mondial sont à l'arrêt sauf Sochaux (livré par hélicoptère ou avion) et Mulhouse qui sont prioritaires.
Un redémarrage progressif prévu à partir de lundi avec livraison d'abord à Sochaux, Mulhouse et Poissy.
A noté un détail qui peut avoir son importance : les véhicules DAD (conduite anglaise) seront prioritaires pour fournir rapidement la GB. Il va sans doute y avoir des problèmes de mix sur les chaînes.
En conclusion : PSA paye sa politique de restructuration et de flux tendu qu'il impose aux sous-traitants pour qu'ils produisent avec des coûts toujours plus bas.
Les conséquences sociales sont importantes :
- pour les salariés des fournisseurs, ce sont les licenciements et les surcharges de travail.
- Pour les CDI de PSA, c'est la récupération de la production par des samedis gratuits obligatoires, des heures supplémentaires ou de l'APLD ( activité partielle de longue durée).
- Pour les intérimaires c'est après une paye d'août composée de seulement 3 jours, une paye de septembre qui va être amputée d'un nombre encore non défini de jours de chômage.
En ce qui concerne le rattrapage de la production la CGT a revendiqué que les salariés ne devaient pas en faire les frais que ce soit à travers la récupération ou les heures supplémentaires
C'est à la direction d'assumer sa politique. Concernant l'APLD, (même si nous savons que c'est un moindre mal) nous avons dénoncé son utilisation. En effet, il est scandaleux que PSA demande aux pouvoirs publics de payer les salaires à sa place et n'assume pas sa politique.