Renault Clio 2 : une relocalisation trompeuse

Publié le par NPA

Renault Clio 2 : une relocalisation trompeuse

Le 9 février, Renault, PSA et plusieurs équipementiers signaient avec le gouvernement, à l'Elysée, le « Pacte automobile », censé soutenir la filière automobile.


En échange de prêts à taux préférentiels pour un montant total de 6 milliards d'euros, Nicolas Sarkozy annonçait que les deux constructeurs français s'étaient engagés à « ne fermer aucun de leurs sites » durant cinq ans et à « tout faire pour éviter les licenciements ». Lors de l'émission « Face à la crise », diffusée quatre jours plus tôt, il laissa même entendre que Renault et PSA pourraient « relocaliser » des emplois en France.


Face à la réaction de la Commission européenne, affirmant que cette relocalisation d'emplois constituerait une entrave aux règles communautaires, Le Canard enchaîné dévoilera que le ministère de l'Economie avait démenti toutes ces promesses auprès de la Commission européenne : « Les engagements de maintien d'activité en France sont sans incidence sur les stratégies d'implantation de production.»


Ce qui n'empêchera pas le ministre de l'Emploi, Luc Chatel, en recherche désespérée de bonnes nouvelles, de récidiver en déclarant sur Europe 1, à la suite de la récupération par l'usine de Flins de 8000 Clio 2 Campus actuellement fabriquées à Novo Mesto (Slovénie) : « Aujourd'hui, le groupe Renault va annoncer le rapatriement de la production d'un véhicule jusqu'à présent réalisé hors de France dans l'usine de Flins, ce sera un surplus d'activité pour cette usine. » Ne reculant devant aucune esbroufe pour donner un semblant de réussite à la politique gouvernementale, il ira même jusqu'à lier cette décision au plan d'aide de l'Etat en faveur de l'automobile, affirmant que ce plan « commence à obtenir des résultats ».


Renault mettra les pendules à l'heure, en précisant que ce transfert de fabrication - de juin à octobre 2009 - n'était dû qu'à l'impossibilité de l'usine slovène de faire face à la demande de Clio II et de Twingo, boostée par la prime à la casse qui favorise la vente des petites voitures, notamment en France et en Allemagne. Cette information a été confirmée par le chef de l'Etat: « L'usine slovène tourne à plein, donc il ne s'agit pas de supprimer des emplois en Slovénie. »

Mais toute cette agitation sert à faire diversion sur ce qui se joue dès cette année dans l'application du « Pacte automobile ». Un « Fonds de modernisation des équipementiers automobiles» a été doté de 600 millions d'euros pour restructurer toute la filière au travers de « l'émergence de nouveaux champions en France et en Europe ». Il est financé à parts égales par l'Etat et les constructeurs. Et PSA de préciser : « Nous envisageons ce fonds avec un objectif de retour sur investissement. Il ne s'agit pas de sauver des canards boîteux. ». Oubliant qu'ils sont responsables de la structuration actuelle de leurs équipementiers, les constructeurs s'apprêtent à détruire des dizaines de milliers d'emplois chez leurs fournisseurs.


Pour que les travailleurs de l'automobile ne fassent pas les frais de la crise, il y a urgence à discuter l'organisation d'une mobilisation nationale de toute la filière, avec pour ligne de mire l'interdiction des licenciements qui frappent aujourd'hui équipementiers et sous-traitants.

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