Renault : les voitures électriques en panne !
La production de batteries destinées aux futurs véhicules électriques de Renault, devait démarrer à la mi 2012 à l’usine de Flins. Elle accuse déjà un retard de 18 mois.
Ce retard n’étonnera que les naîfs qui avaient cru les déclarations de Ghosn et de Pelata. Au plus fort de la crise en 2009 et au moment où les constructeurs automobiles quémandaient auprès de leurs gouvernements prêts et subventions, il était nécessaire et urgent de montrer que des solutions pouvaient être trouvées à coups de miracles technologiques pour conserver profits et économie capitaliste. Alors ils ont raconté n’importe quoi !
Pendant des décennies, les constructeurs automobiles ont consacré leurs profits à rémunérer dirigeants et actionnaires, à gaspiller le reste dans une course à la sophistication des moteurs au pétrole qui allait devenir un denrée rare. Et par miracle la voiture électrique, laissée si longtemps dans les cartons de quelques bureaux d’études sans budget, aurait pu se développer dans l’instant sous le diktat de quelques dirigeants mégalomanes. La réalité se venge aujourd’hui et ce sont les salariés qui en font les frais.
Aucun délai sérieux ne peut être fourni
Le retard annoncé pour l’usine de Flins ne présente aucune garantie avec une production qui devrait débuter qu’en 2014. Or à cette date, selon les prévisions annoncées en 2009, la capacité de l’usine devait atteindre 250 000 batteries par an contre 100 000 en 2012. Les prévisions faites en 2009 se révèlent fausses. Pourquoi seraient-elles justes maintenant. En fait, le devenir des batteries et des véhicules électriques est encore très incertain.. Et c’est pour cette raison que les prévisions aujourd’hui ne peuvent être que trompeuses.
« La complexité technique et la rapidité de l'évolution des technologies amenait à revoir le planning afin d'avoir la meilleure technologie au moment du démarrage de l'unité de production», a écrit la direction de l'usine de Flins dans un document destiné au personnel datant du 8 juin. Cela veut dire que la technologie des batteries pour le véhicule électrique n’est pas encore stabilisée pour définir un plan sérieux d’industrialisation. On en est encore à s’interroger sur les dangers des batteries électriques que Renault envisage de fabriquer. On ne connait pas encore la meilleure technologie car on est encore dans une phase de recherche. Voilà l’aveu de la direction de Renault.
Et y aura-t-il un jour une meilleure technologie électrique ? Les projets d'automobile individuelle électrique subissent les contre coups de l'arrêt des programmes nucléaires en Allemagne et dans d'autres pays d'Europe. La voiture électrique n'a jamais été et ne sera pas "zéro carbone".
Quand et combien de temps Renault va-t-il produire les batteries Nissan - NEC ?
On apprenait au même moment que Renault n’avait plus besoin du concours financier de 125 millions d’euros de la part du « Fonds stratégique d’Investissement ». Selon des responsables de Renault cités par le Figaro , « Les choses ont été compliquées pour monter ce dossier, tant sur le plan juridique qu'industriel. .Aujourd'hui, nous avons simplifié le dossier ». Il est rare qu’une entreprise abandonne ainsi une subvention prévue. Le motif est que Renault n’investit plus dans son propre projet de batteries et va devenir simple client des deux entreprises japonaises Nissan et Nec. Le retard dans la construction de l'usine de Flins est la conséquence du retard de mise au point des nouvelles batteies Nissan-NEC. C'est la pérennité d'une usine installée à Flins qui en cause dans ce dispositif ; entre la même batterie produite quelque part dans le monde et celle de Flins, que choisira la rentabilité capitaliste ? On sait que les promesses de Carlos Ghosn sont faites pour ne pas être tenues.
Le rêve d’un Renault électrique dominant le monde automobile se casse bel et bien la figure.
Des prévisions revues à la baisse !
En fait, les prévisions de Renault sont d’ores et déjà sérieusement revues à la baisse. Le président du Comité des constructeurs français de l’automobile, Patrick Blain, un ancien responsable de Renault, a remis les pendules à l’heure. « La part occupée par ce type de produits ( hybride, hybride rechargeable, puis tout électrique ) pourrait aller jusqu’à représenter 15 % du marché européen en 2020, sous réserve que les Etats accompagnent ce mouvement qui semble irréversible financièrement et techniquement », Ce chiffre de 15%, conditionné par d'éventuelles subventions des gouvernements est la somme des véhicules hybrides et électriques.
En 2020, selon les dires des, constructeurs automobiles eux mêmes, le tout électrique revendiqué par Renault ne devrait donc pas représenter plus de 5% des ventes d’automobiles neuves en Europe. Les chiffres annoncés par Carlos Ghosn ont été divisés par deux en moins de deux ans !
Lever le secret industriel !
Ces déboires sont inscrits dans la logique même de ces entreprises capitalistes dont l’horizon est borné par les exigences des actionnaires et des agences de notation financière. Preuve est une nouvelle fois faite que l’on ne peut pas faire confiance aux patrons et responsables d’aujourd’hui pour trouver des solutions dans l'intérêt des salariés et de la majorité de la population. On ne peut les croire sur paroles. Pour déjouer toutes ces fausses promesses, c'est l'abolition du secret industriel qui est nécessaire.
Un contrôle des travailleurs mobilisant le savoir faire des salariés serait plus efficace pour la collectivité que les mauvais romans d’espionnage, l’exacerbation de la concurrence., et la soumission aux lois du profit.
La panne de Renault en matière de voiture électrique n’est pas un simple accident industriel mais le révélateur d’un économie et d'une industrie non réformables.