Reprise de Sealynx : c'est la lutte qui a payé !
Après la victoire des M-real à Alizay, la reprise de Sealynx à Charleval dans l'Eure par l'équipementier GMD, quasi certaine maintenant, est une bonne nouvelle pour les 500 travailleurs et travailleuses qui ont gardé leur emploi. Elle vient après des années d'incertitudes, de déceptions, d'illusions... et près de 1000 suppressions d'emplois depuis 2006 !
L'usine de joints d'étanchéité (Mesnel, BTR, puis Metzeler) a subi de plein fouet la mise sous pression des sous-traitants par les grands groupes de l'automobile. Rappelons quelques unes de ces péripéties: vente à à un fond de pension écossais, puis une "reprise" par deux directeurs en 2010 qui se termine rapidement en redressement judiciaire.
En 2011, le groupe indien Ruia débarque, mais détourne 4 à 5 millions d'euros de subventions versées par Renault et disparait 6 mois après, laissant l'usine une nouvelle fois en redressement judiciaire... Les délinquants en costume-trois pièces n'ont évidemment jamais remboursé quoi que ce soit, en revanche ils ont laissé impunément 250 salarié-e-s supplémentaires sur le tapis, aux frais de la collectivité comme il se doit.
Une histoire qui aurait donc pu tourner bien plus mal. Il ne faudrait cependant pas croire, comme trop de monde a intérêt à le raconter, que ce résultat est le fruit de la bonne volonté du syndicat "maison" ((la CDTM, majoritaire), des pouvoirs publics et de Renault, qui un beau matin ont décidé que tous les gars du monde devaient se donner la main. Tout au contraire.
Ce résultat est un effet différé de la grève unitaire de janvier2012 "pour l'intégration dans le groupe Renault", avec l'ensemble des syndicats: neuf jours qui avaient enfin brisé le cercle vicieux du découragement et de l'acceptation "réaliste" dde l'inexorable disparition des emplois, souvent enrobée, d'accord en PSE, dans le mot d'ordre "pas de licenciements secs", opposé à la minorité combative qui s'est toujours battue, elle, pour l'interdiction des licenciements.
Confrontée à la gêne occasionnée sur différents sites Renault, à la mobilisation et au soutien important de la CGT de Renault Cléon , la direction de Renault avait dû bouger et s’engager.
Il est bon de se rappeler la leçon de choses du lundi 18 janvier: le dénommé Leclercq ,directeur général adjoint fabrication et logistique de Renault s'était déplacé pour tenter d'enfumer les syndicats par des promesses vagues, avec l'objectif d'obtenir la levée des piquets et de faire arrêter la grève.
L'intervention d'une syndicaliste CGT à l'AG en faveur de l'organisation d'un vote préalable avait réduit à néant ces manoeuvres et dégagé une majorité pour la poursuite du mouvement. Le lendemain, la Direction de Renault n'avait pas pu faire autrement que de consolider ses engagements, avec paiement des jours de grève.
Et il est important de souligner que la reprise du travail avait alors été décidée non pas par les seuls responsables syndicaux, mais soumise à l’appréciation et au vote de celles et ceux qui se sont engagés dans cette grève. Voilà d'où vient la sauvegarde de l'entreprise. Le résultat différé mais bien réel d'une grève donc, et c'est là un point commun essentiel avec la lutte, très différente, de M-real.