Reprise du travail après 4 jours de grève chez Behr à Hambach.
A l’issue de 4 jours de grève, les ouvriers de l’usine Behr à Hambach ont voté la reprise du travail, sans pour autant être satisfaits des dernières propositions de la direction du groupe, arrachées à l’issue de la négociation intervenue entre le PDG et les représentants de l’intersyndicale.
La direction de l’entreprise n’avait pas lésiné sur les moyens pour essayer de briser la grève et les ouvriers qui bloquaient les accès de l’usine : refus de négociation des revendications, utilisation d’un hélicoptère pour effectuer les livraisons, utilisation du personnel non grévistes à des tâches peu glorieuses de coolies patronaux, plainte en référé avec constat d’un huissier, commis à l’élaboration des listes, activation du réseau patronal de la zone de Smartville et menaces d’intervention policière en lien avec la sous-préfecture.
Mais le choix de ce bras de fer de la part de la direction était un pari risqué. Le climat social global est très conflictuel depuis la mobilisation sur les retraites et dans cette ambiance particulière beaucoup de salariés d’autres entreprises pourraient passer à l’action sur leurs propres revendications, notamment sur les revendications salariales. D’autres sites du groupe Behr ont manifesté leur soutien à la grève de Hambach. En Alsace, une ligne de production a été arrêtée par un débrayage de solidarité et les ouvriers de Behr à Mülhacker en Allemagne menaçaient d’en faire autant dans les prochains jours.
La direction France du groupe a préféré provoquer une négociation avec les syndicats dans la journée de vendredi en les conviant dans les salons d’un hôtel de Sarreguemines. Les propositions patronales, 40 € brut d’augmentation de salaire effectif au 1er janvier (au lieu du 1 er juin habituellement), soit 4 à 5 % de hausse ; une prime de nuit qui passe de 11 à 14 % ; 2,5 % de plus pour les déplacements ; 150 € de prime d’intéressement versés fin novembre (au lieu d’une centaine fin février) n’ont convaincu les grévistes qu’à moitié.
A l’assemblée générale qui a suivie la négociation, beaucoup étaient réticents pour entériner un accord trop éloigné des revendications initiales (100 euros et passage de la prime de nuit de 11 à 20%) La prime de 150 euros d’intéressement, considérée comme une compensation pour les jours de grève et qui concerne aussi les non-grévistes, est refusée par l’AG qui demande le paiement des jours de grève.
Contactée par les syndicats sur ce point, la direction refuse de modifier sa proposition. Le PDG, magnanime, veut bien accorder le retrait de la plainte en référé en cas de reprise du travail. Cela ne lui coûte rien puisque la plainte n’avait guère de chance d’aboutir. Il promet également la constitution de groupes de travail internes pour aborder la situation des conditions de travail et s’engage à pérenniser l’ensemble des activités de production sur le site de Hambach jusque fin 2011.
L’AG reste divisée sur le contenu du compromis mais la majorité des grévistes accepte les arguments des négociateurs syndicaux plutôt satisfaits des résultats obtenus.
Jean-Luc L'HÔTE (06.11.2010)