Sud Renault : "Conduire le changement ou changer le conducteur"
Lire le tract dans sa version diffusée le 4 avril
SUD l’avait dit : le code de déontologie n’a rien de déontologique puisqu’il passe par un permis de délation. Quelle ambiance entre les salariés quand on sait que l’entreprise met à la disposition de n’importe qui un droit d’alerte « éthique » sous couvert d’anonymat ? Qui sera menacé par la prochaine vague de lettre anonyme ?
Avec l’affaire des 3 cadres, le piège s’est refermé sur la gouvernance qui l’a mis en place.
Pourtant, si les 3 salariés sont aujourd’hui blanchis, personne n’oubliera la brutalité des affirmations au premier rang desquelles se posait avec intransigeance Carlos Ghosn.
Maintenant, le voilà qui essaye d’associer tous les salariés du groupe RENAULT à ses excuses. Pourtant, personne d’autre que lui n’est responsable de ses graves erreurs de management.
En digne patron le mieux payé du CAC40, Carlos Ghosn se précipite pour empocher les millions des résultats exceptionnels quand tout va bien, mais rejette toute possibilité de démission face aux erreurs commises !
Quand le RENAULT WAY vole en éclats…
Ces mêmes hauts dirigeants qui prônent le RENAULT WAY, loyauté-confiance-solidarité, se retrouvent aujourd’hui démasqués dans leur pratiques de flicage « barbouzardes » (JDD du 03/04). Pourquoi Carlos Ghosn ne s’est-il pas donné la peine de déployer une énergie à la hauteur de son salaire en consentant, à minima, la présomption d’innocence puisque les dossiers d’accusation étaient vides ? Parce que son ambition première est aussi de maintenir le cours de l’action RENAULT, quitte à distiller un climat de confiance entièrement faussé aux actionnaires via un conseil d’administration aux ordres.
On en a appris davantage en quelques semaines à travers la presse que la direction avec son enquête troublante durant plusieurs mois…
De retour au JT de 20h pour faire des excuses publiques -comme ont coutume de le faire les patrons japonais- il tente de substituer le malentendu à l’accusation tout en brandissant la réintégration façon happy end. Il espère dans l’embarras faire reculer ceux qui veulent sa tête et abandonne 1,6 M€ de bonus pour les convaincre. Et même si les dirigeants impliqués en font autant, cela couvrira-t-il les conséquences financières de leur dérapage ?
Le plus scandaleux : un conseil d’administration qui valide de tels fonctionnements !
Qu’un conseil d’administration, composé également de 3 membres élus par les salariés (1 administrateur CGT, 1 CFDT et 1 CFE-CGC) dont la mission première consiste à défendre les intérêts des salariés, votent unanimement sa confiance au PDG, cela revient à cautionner les méthodes de surveillance clandestines (Médiapart du 15/03) pour faire soi-disant triompher la « déontologie » !
Cela revient à renoncer à se préoccuper de l’origine et de l’utilisation de plusieurs centaines de milliers d’euros pour payer ces enquêtes conduites illégalement, alors que des milliers de salariés réclament des augmentations de salaires en juste reconnaissance de leur travail !
Les leçons de cette histoire sont pleines d’enseignements :
Cette affaire démontre une fois encore que la direction générale n’a aucune considération pour ses salariés, que 20 ou 30 années de carrière au service de l’entreprise peuvent être balayées devant une dénonciation anonyme, que les droits élémentaires de la personne peuvent être bafoués par quelques ordres venus d’en haut. Carlos Ghosn conduit les licenciements comme il dirige le démantèlement progressif de la fabrication RENAULT en France.
Cette énorme erreur de management révèle une gouvernance incompétente et incapable de discernement dans une situation de danger. Une gouvernance dans laquelle nous n’avons plus confiance, car manipulée au lieu d’être exemplaire, et portant atteinte à l’image de marque de notre entreprise.
A ceux qui pensent que restaurer l’image de RENAULT et la confiance en ses dirigeants passe par refuser les démissions, que les licenciements de Carlos Ghosn et Patrick Pelata seraient préjudiciables à l’entreprise, SUD répond qu’il y a d’autres constructeurs européens implantés à travers le monde qui cultivent une performance bien supérieure à la notre. A l’image de AUDI ou DAIMLER, ces entreprises réussissent et n’oublient pas au passage de récompenser leurs salariés pour leurs efforts. Peut-être est-ce parce que Carlos Ghosn n’est pas à leur tête ?
Suppression de l’outil d’alerte professionnelle et présomption d’innocence, enquêtes internes menées légalement et uniquement dans le périmètre professionnel. Comme en Janvier et Juillet 2009 (questions DP N°65070/01-09/42 & 65070/07-09/56), SUD demande à nouveau la suppression de l’outil d’alerte professionnelle, l’arrêt du flicage des salariés ainsi qu’une réorganisation et un encadrement du service de sécurité, auquel jusque-là la direction accordait l’entière impunité pour agir en dehors des lois, y compris dans l’espionnage de la vie privée de salariés et d’élus (mœurs, filatures, violation des données informatiques/bancaires personnelles…)