Suicides chez Renault : l’audit qui accable
Après le suicide de trois salariés du Technocentre de Guyancourt, un audit pointe des dépassements massifs du temps de travail. Les cols blancs de Renault avaient des choses à dire sur leur souffrance au travail.
L’ambiance sous la grande verrière et les palmiers de "La Ruche" tranche avec les premières conclusions de l’audit sur les conditions de travail au Technocentre de Guyancourt (Yvelines), où sont imaginées et conçues les voitures du futur.
Le Technocentre héberge quelque 12.000 ingénieurs, designers et techniciens qui imaginent, dessinent et conçoivent les huit nouveaux modèles par an que Carlos Ghosn veut voir sortir des chaînes de l’ancienne Régie, dans le cadre de son "Contrat 2009". C’est tout simplement deux fois plus que le rythme habituel. A moyens constants. L’enjeu est de taille, inverser la courbe des chiffres de ventes de la marque au losange.
Sous la grande verrière et les palmiers donc, les cols blancs vont et viennent entre boulangerie, bibliothèque, Mutuelle Renault, sans oublier un petit détour par la présentation -en avant-première !- de la Laguna III "pour développer la fierté d’appartenance".
75% des salariés en surrégime.
C’est qu’ils y passent des heures dans cette mini-ville de 12.000 habitants. Pardon, salariés. Jusqu’à douze heures par jour. Sans compter le boulot qu’ils ramènent à la maison, avec leur ordinateur portable sous le bras. C’est ce qui ressort d’une étude commandée par les syndicats après le suicide de trois salariés du Technocentre. Trois suicides en moins de six mois, dont deux dans l’enceinte de l’entreprise. Auxquels il faut ajouter celui, fin septembre, d’un technicien du centre d’essais d’Aubevoye (Eure), rattaché au Technocentre. L’un de ces décès a été reconnu comme accident du travail.
Les premiers chiffres de ce rapport d’audit dont nous avons eu connaissance sont accablants. Les trois-quarts des salariés déclarent un "dépassement massif du temps de travail", selon les syndicats. Un résultat qui corrobore les relevés de l’Inspection du travail qui, toujours selon les syndicats, avait pointé en juillet dernier "une large différence entre les horaires affichés par la direction et les témoignages des salariés". Et qui alimente le débat sur la spirale de la culpabilité : "si je n’arrive pas à boucler mes objectifs, c’est que je ne suis pas à la hauteur" etc…
Une “journée de l’équipe” en novembre
"Ai-je suffisamment de temps pour faire mon travail ? Ai-je la liberté de décider comment je fais mon travail ? Les personnes avec qui je travaille sont-elles agréables ? Combien d’heures travaillez-vous par jour ?"… 12.000 questionnaires envoyés en juillet, 8.500 réponses. Un taux de retour deux fois supérieur à la moyenne. Les salariés du Technocentre ont des choses à dire sur leur souffrance au travail. Ils pourront le faire les 8 et 9 novembre, lors de la "journée de l’équipe". Il s’agit, selon la direction, pour chaque service de "poser le crayon" pendant quatre heures, suivies d’un déjeuner "offert par la maison". Une des mesures du "plan de soutien" que Renault met en place pour renforcer l’écoute active de ses cadres et qui s’ajoute aux embauches (240 avant fin 2008), au renforcement des ressources humaines, aux formations à la prévention et à la gestion du stress. Mais la plupart des syndicats sont loin de se satisfaire de ce plan. La grogne monte. Les salariés se plaignent des cadences. 26 modèles à sortir en trois ans, à effectifs constants ou presque, ce n’est pas un long fleuve tranquille. Les résultats complets de l’audit seront présentés jeudi aux syndicats.
Le Technocentre héberge quelque 12.000 ingénieurs, designers et techniciens qui imaginent, dessinent et conçoivent les huit nouveaux modèles par an que Carlos Ghosn veut voir sortir des chaînes de l’ancienne Régie, dans le cadre de son "Contrat 2009". C’est tout simplement deux fois plus que le rythme habituel. A moyens constants. L’enjeu est de taille, inverser la courbe des chiffres de ventes de la marque au losange.
Sous la grande verrière et les palmiers donc, les cols blancs vont et viennent entre boulangerie, bibliothèque, Mutuelle Renault, sans oublier un petit détour par la présentation -en avant-première !- de la Laguna III "pour développer la fierté d’appartenance".
75% des salariés en surrégime.
C’est qu’ils y passent des heures dans cette mini-ville de 12.000 habitants. Pardon, salariés. Jusqu’à douze heures par jour. Sans compter le boulot qu’ils ramènent à la maison, avec leur ordinateur portable sous le bras. C’est ce qui ressort d’une étude commandée par les syndicats après le suicide de trois salariés du Technocentre. Trois suicides en moins de six mois, dont deux dans l’enceinte de l’entreprise. Auxquels il faut ajouter celui, fin septembre, d’un technicien du centre d’essais d’Aubevoye (Eure), rattaché au Technocentre. L’un de ces décès a été reconnu comme accident du travail.
Les premiers chiffres de ce rapport d’audit dont nous avons eu connaissance sont accablants. Les trois-quarts des salariés déclarent un "dépassement massif du temps de travail", selon les syndicats. Un résultat qui corrobore les relevés de l’Inspection du travail qui, toujours selon les syndicats, avait pointé en juillet dernier "une large différence entre les horaires affichés par la direction et les témoignages des salariés". Et qui alimente le débat sur la spirale de la culpabilité : "si je n’arrive pas à boucler mes objectifs, c’est que je ne suis pas à la hauteur" etc…
Une “journée de l’équipe” en novembre
"Ai-je suffisamment de temps pour faire mon travail ? Ai-je la liberté de décider comment je fais mon travail ? Les personnes avec qui je travaille sont-elles agréables ? Combien d’heures travaillez-vous par jour ?"… 12.000 questionnaires envoyés en juillet, 8.500 réponses. Un taux de retour deux fois supérieur à la moyenne. Les salariés du Technocentre ont des choses à dire sur leur souffrance au travail. Ils pourront le faire les 8 et 9 novembre, lors de la "journée de l’équipe". Il s’agit, selon la direction, pour chaque service de "poser le crayon" pendant quatre heures, suivies d’un déjeuner "offert par la maison". Une des mesures du "plan de soutien" que Renault met en place pour renforcer l’écoute active de ses cadres et qui s’ajoute aux embauches (240 avant fin 2008), au renforcement des ressources humaines, aux formations à la prévention et à la gestion du stress. Mais la plupart des syndicats sont loin de se satisfaire de ce plan. La grogne monte. Les salariés se plaignent des cadences. 26 modèles à sortir en trois ans, à effectifs constants ou presque, ce n’est pas un long fleuve tranquille. Les résultats complets de l’audit seront présentés jeudi aux syndicats.