Des zones franches autour des usines automobiles ?
Inspirée de l'exemple de Renault à Tanger, l'idée a été soumise à Montebourg et à Ghosn.
C'est une proposition plutôt inhabituelle de la part de syndicats : depuis plusieurs semaines, CFE-CGC et FO planchent sur un projet d'établissement de zones franches, à fiscalité et charges très réduites, autour des usines françaises de la filière automobile, celles de Renault ou de PSA, mais aussi des équipementiers. « L'idée est de pouvoir mettre en place un système exceptionnel, vu les difficultés actuelles de la filière, qui serait entièrement tourné vers les exportations pour ne pas faire de concurrence sur le sol français et strictement encadré pour éviter tout effet d'aubaine. Cela permettrait de préserver les emplois et les usines, voire de relocaliser une partie de la production »,juge Jean-Yves Sabot, secrétaire fédéral de FO chargé de l'automobile.
L'idée, issue des négociations sur la compétitivité des usines françaises en phase finale chez Renault, a été soumise par FO à Arnaud Montebourg lors d'une rencontre au ministère du Redressement productif fin janvier. « Le ministre l'a jugée très intéressante », assure Laurent Smolnick, délégué central du syndicat. « C'est un projet important sur lequel nous fondons beaucoup d'espoirs », ajoute de son côté Dominique Chauvin, délégué central CFE-CGC.
Chez Renault, le PDG, Carlos Ghosn, s'y est aussi déclaré « totalement favorable » le 15 février lors d'une réunion avec les syndicats. Le projet sera discuté en mars lors d'une réunion du comité stratégique de la filière, qui regroupe l'ensemble des professionnels de l'automobile, les organisations syndicales et des représentants de l'Etat.
Si l'aboutissement de ce dispositif n'est pas forcément gagné, vu les écueils fiscaux, réglementaires (Bruxelles) ou encore politiques, il fait directement écho au dispositif mis en place autour de Tanger. Dans cette ville du nord marocain, Renault a inauguré une usine géante voici pile un an pour sa gamme low cost (Lodgy, puis bientôt les Logan et Sandero). Cette implantation a bénéficié d'une panoplie imposante d'aides publiques, non seulement pour le groupe français, mais aussi pour ses équipementiers, installés dans l'une des trois zones franches à leur disposition, à Tanger ou à Kenitra : exonération totale de l'impôt sur les sociétés pendant cinq ans, puis plafonnement à 8,75 % pendant les vingt années suivantes, exemption de droits de douane et de TVA sur les biens importés, exonération de taxe professionnelle et de taxe foncière, aides à l'achat des biens d'équipement (15 %)… Le tout à condition d'exporter au moins 70 % des produits fabriqués au Maroc, ce qui est le cas de Renault.