Les profits retrouvés de PSA et Renault
Au premier semestre 2015, les bénéfices de Renault et PSA ont augmenté beaucoup plus vite que leurs ventes et productions. La hausse considérable des profits ne tient pas à la petite reprise des ventes qui s'est manifestée ces derniers mois en Europe sans du tout récupérer les niveaux atteints avant la crise de 2008. Les ventes de voitures PSA et Renault n'ont en effet que faiblement varié au cours du premier semestre 2015 : une quasi stabilité pour PSA avec seulement +0,4 % par rapport à 2014 pour le total des ventes Monde, et +0,8 % pour le groupe Renault, les ventes de la marque Renault baissant même de 1,4 %.
Montant | Augmentation / 1er semestre 2014 | |
PSA | 28,9 milliards | +1,8 milliard |
RENAULT | 22 milliards | +2,4 milliards |
Monde | 2015/2014 | Europe | 2015/2014 | |
PSA | 1 547 000 | +0,4% | 984 000 | +2,90% |
RENAULT | 1 380 000 | +0,8% | 857 000 | +9,30% |
Bénéfice en euros | Augmentation 1er sem 2014 | Pourcentage | |
PSA | 1,4 milliard | + 1 milliard | +250% |
RENAULT | 1,4 milliard | +0,65 milliard | +86% |
Bénéfice en euros | Augmentation / 1er semestre 2014 | Taux de marge automobile | |
PSA | 1 milliard | +1 milliard | 5% |
RENAULT | 0,7 milliard | +0,3 milliard | 3,1% |
1. Les profits retrouvés de PSA et de Renault tiennent d'abord aux plans de restructuration qui y ont été appliquées à coup de fermeture ou asphyxie d'usines, suppression d'emplois, augmentation de la durée du travail, réorganisation des outils de production et blocage des salaires.
L'activité automobile de PSA a ainsi gagné 827 euros/véhicule vendu, contre un gain de 6 euros par véhicule au 1er semestre 2014 et une perte de 431 euros par véhicule au 1er semestre 2013. Les profits retrouvés de PSA proviennent des gains obtenus dans son secteur automobile de PSA, alors que l'augmentation de bénéfices de Renault ne tient que pour moitié à son activité automobile.
La politique patronale est efficace pour les profits dans l'automobile. Voilà ce que montrent les résultats financiers affichés par les deux groupes.
2. Les profits rapatriés dans les sièges de Renault et PSA tiennent largement aux investissements mondialisés des deux constructeurs.
C'est notamment le cas pour Renault. Nissan détenu à 43% par Renault, a contribué sur les six premiers mois pour 979 millions d’euros aux résultats de Renault. Nissan rapporte davantage en terme de profits que la propre activité automobile de Renault. La tendance observée depuis dix ans a encore été plus marquée en 2015.
PSA suit le même chemin. Les dividendes touchés de ses coentreprises montée en Chine avec Dongfeng ont atteint 313 millions d’euros au premier semestre. C’est déjà autant que sur toute l’année 2014., et c'est le tiers du total des bénéfices de PSA lors des 6 premiers mois de l'année.
La mondialisation dans laquelle sont insérés PSA et Renault apporte bénéfices et profits aux deux firmes françaises, c'est à dire à leurs actionnaires.
Les profits réalisés et consolidés au plan mondial sont de plus en plus découplés des volumes d'activités en France et en Europe. Produire moins pour gagner plus, c'est la nouvelle obsession de ces capitalistes : PSA a ainsi réduit son point mort, le seuil à partir duquel un profit est obtenu, de 2,6 millions de véhicules par an en 2013 à 2,1 millions de véhicules en 2014 pour parvenir à moins de 2 millions fin 2015.
3. Les profits annoncés par Renault et PSA ont retrouvé leur niveau d'avant crise. Ainsi, à l'échelle du groupe, la marge opérationnelle de Renault a atteint 4,8%, son plus haut niveau depuis 2005, selon des données comptables comparables. Et cela avec des effectifs salariés diminués en France de plus du quart. La preuve par l'exemple : la crise de l'industrie automobile a été depuis 2008 l'occasion d'une formidable casse des des emplois et des outils de production. Le prix payé pour la restauration des profits de quelques uns a été exclusivement le fait des ouvriers et salariés du secteur.