A Sochaux Peugeot manque de semi conducteurs
Environ 12 000 voitures n’ont pas été fabriquées depuis début février à cause de la pénurie mondiale de semi-conducteurs. La production de la 308 est à l’arrêt forcé pour la quatrième semaine consécutive. Celle des 3008 et 5008 se poursuit, mais reste sous la menace d’un souci d’approvisionnement.
Par Alexandre BOLLENGIER - Hier à 20:03 | mis à jour à 21:22
Depuis le 5 février, c’est un rituel quotidien auquel sont astreints tous les salariés affectés au Montage : composer le Numéro Vert de l’usine en fin d’après-midi, et écouter le message préenregistré, pour savoir si leur séance de travail du lendemain est maintenue ou supprimée. Une application mobile leur délivre la même information. « La situation est pénible pour tout le monde », soupire, impuissante, la direction du site Stellantis (ex-PSA) de Sochaux, dans le Doubs.
Trente séances annulées depuis début février
Jamais le berceau du lion Peugeot n’avait été à ce point perturbé par un aléa d’approvisionnement. La faute à la pénurie mondiale de semi-conducteurs essentiellement produits en Asie. Elle affecte deux éléments des véhicules assemblés sur les chaînes sochaliennes : le combiné du tableau de bord de la Peugeot 308 (dalle numérique) et le boîtier BSI (cerveau électronique) des Peugeot 3008 et 5008 qui représentent les trois quarts de la production de l’usine.
Les pertes de production sont énormes : entre le 5 février et le 16 avril, trente séances de travail ont dû être déprogrammées, soit un manque de quelque 12 000 voitures (environ 400 unités par séance). Ces chiffres vont encore enfler car la production de la 308 est actuellement à l’arrêt pour la quatrième semaine consécutive.
Anticipation de formations, prêt de salariés…
En interne, on cogite, on ajuste et on se réorganise en permanence. Pour la 308 (deuxième génération), il a finalement été décidé de remplacer le compteur entièrement digital et personnalisable par l’ancien compteur analogique, avec ses bonnes vieilles aiguilles. C’est celui qui, moins gourmand en puces électroniques, équipait le véhicule à son lancement en 2013 (jusqu’en 2019).
On s’efforce encore de trouver une solution, forcément temporaire, pour un maximum de salariés. Anticipation de formations dans le cadre de Sochaux 2022 (modernisation du site avec sa transformation en usine 4.0), petits travaux de peinture au Montage, prise de congés, prêts de bras au site de Mulhouse, où la production de la nouvelle 308 (troisième génération) est en train de monter en cadence, et au site de Vesoul… : 200 des 700 salariés de la ligne d’assemblage de la 308 (deuxième génération) ont quand même été mis en chômage partiel. A ce jour, on ne connaît pas la date de redémarrage de cette ligne, mais c’est une question de jours. Ce sera au plus tard tout début mai.
« Ne pas se faire d’illusion… »
Aujourd’hui, l’usine de Sochaux navigue à vue, avec un calendrier de production établi au jour le jour, en espérant un retour à la normale d’ici l’été. Cependant, « il ne faut pas se faire d’illusion », a déclaré Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, le 14 avril dans Le Figaro. Dans une industrie qui ne jure que par le flux hypertendu, « tout le monde va stocker davantage, mais nous connaîtrons d’autres incidents de ce type sur d’autres composants. » De grosses tensions se profilent par exemple du côté des plastiques.