MALGRÉ UN PETIT CREUX au mois de juin, l'industrie automobile allemande est la locomotive du marché européen. Selon l'association automobile allemande (VDA), il devrait se vendre 3,1 millions de véhicules en 2011, contre 2,92 millions en 2010. Sur le seul premier semestre, les ventes ont augmenté de 10 % à 1,62 million. Sans comparaison avec le marché français, qui n'a affiché qu'une très modeste augmentation (+ 1 %), même si l'effet de la prime à la casse a joué jusqu'en mars pour soutenir les ventes. Et malgré les bonnes performances mondiales des constructeurs français sur cette période - Renault (+ 1,9 % à 1,37 million d'unités) et PSA Peugeot Citroën (+ 0,2 % à 1,86 million) ont atteint des niveaux commerciaux historiques -, leurs rivaux allemands sont loin devant.

Le groupe Volkswagen a vu ses ventes augmenter de près de 12 %. Au total, le numéro un européen a vendu plus de 4 millions de véhicules sur le semestre. Et il ambitionne de dépasser les 8 millions de voitures en 2011, soit quasiment un million de véhicules de plus qu'en 2010. BMW, le numéro un du haut de gamme, est aussi en très grande forme. Sur les six premiers mois, ses ventes ont augmenté de 20 % (833 000 voitures). Quant à Audi et Mercedes, les chiffres sont éloquents : + 17,7 % pour le premier, + 9,7 % pour le second. Même le très haut de gamme allemand s'en sort bien : il s'est vendu plus de 60 000 Porsche au premier semestre (+ 37 %).

Deux raisons à cette santé insolente. D'une part, les programmes de primes à la casse instaurés dans la plupart des pays européens se sont progressivement éteints. Or, ces incitations à l'achat bénéficiaient plutôt aux petits modèles. C'est désormais terminé. Les automobilistes se retournent vers des voitures plus haut de gamme. Et sur ce segment, les allemandes ont une longueur d'avance sur les françaises.

D'autre part, la production de voitures en Allemagne a affiché un record au premier semestre, à environ 3 millions d'unités. A côté, la France fait pâle figure : elle a produit sur la même période trois fois moins de voitures que l'Allemagne. Du coup, la balance commerciale est désastreuse. En 2010, elle était négative de 7 milliards d'euros. L'Allemagne peut aussi s'enorgueillir de voir les volumes de voitures exportées augmenter de 6 %. Le VDA table sur 4,5 millions de voitures allemandes exportées cette année et 5,8 millions de véhicules produits outre-Rhin, un record historique. " Une voiture neuve sur deux vendue en Europe de l'Ouest est allemande ", indique-t-on au VDA. L'Europe n'est pas le seul terrain de jeu des constructeurs allemands. La Chine est un véritable eldorado pour eux. Les nouveaux riches fondent littéralement pour les berlines de luxe. " Ces modèles ont augmenté dans ce pays de 30 % au premier semestre ", indique Yann Lacroix, responsable des études sectorielles chez l'assureur Euler Hermès.

Pas étonnant que l'on trouve aux cinq premières places des voitures les plus vendues des modèles allemands : Audi A6, Audi A4, BMW Série 5, Mercedes Class E et enfin BMW Série 7. Désormais, la Chine est le premier marché à l'export de Volkswagen, Mercedes et BMW. Ce dernier a d'ailleurs revu à la hausse son objectif de bénéfice annuel grâce à l'explosion de ses ventes en Chine.

A ces bons résultats commerciaux s'ajoutent aussi des niveaux de marges excellents." Quand les constructeurs français affichent un taux de marge opérationnel au premier semestre de 3,4 % en moyenne, celui des constructeurs allemands se situe entre 8 % et 9 % ", affirme M. Lacroix.

N. Bn