PSA et Fiat Chrysler : c'est maintenant qu'il faut construire les solidarités

Publié le par NPA Auto Critique

La fusion probable entre PSA et Fiat Chrysler, est annoncée alors que toute l’industrie automobile est confrontée à une récession qui commence, notamment en Chine, aux États-Unis et en Allemagne. Les mesures qui prévoient l’interdiction, à l’horizon d’une génération, des véhicules à moteurs thermiques – diesel et essence – sont la cause, dans cette économie capitaliste, de restructurations indispensables pour concilier investissements massifs et dividendes versés aux actionnaires.

PSA et Fiat Chrysler ce sont plus de 400 000 salariés dans le monde : 200 000 pour PSA dont 60 000 en France, 200 000 pour Fiat, dont 100 000 en Italie. Les ventes additionnées des deux firmes dans le monde sont de 8,7 millions de véhicules, avec un chiffre d’affaires cumulé de 170 milliards d’euros générant un bénéfice de plus de 10 milliards d’euros.

PSA et Fiat Chrysler ne sont chacun que partiellement mondialisés. PSA est absent des États-Unis et subit en ce moment une déroute en Chine. Depuis sa fusion avec Chrysler, la principale source de profit de Fiat est le modèle Jeep, une référence en terme de 4X4 dévoreur de pétrole.

Les deux firmes automobiles se vantent d’être les parmi les plus profitables du « marché automobile ». Elles annoncent vouloir réaliser dans quatre ans 3,7 milliards d’euros d’économies par an grâce à cette fusion. Fournis avec cette précision ridicule, ces chiffres destinés à appâter les actionnaires indiquent le but recherché. Cela vaut avertissement pour tous les salariés auxquels il est promis qu’il n’y aurait pas de fermetures d’usines – les promesses n’engagent que ceux qui y croient, et surtout sans qu’aucune garantie ne soit donnée pour le total des emplois.

Les méga fusions accompagnent toujours des attaques contre les travailleurs. Opération aux dimensions plus réduites le récent rachat des filiales européennes de General Motors en Europe, Opel et Vauxhall, entraîne la suppression de 4 000 emplois, 20 % des effectifs, chez Opel en Allemagne. Fiat et PSA sont l’un et l’autre engagés dans une politique visant à répartir leur production au détriment de leur base historique la France et en Italie. Ils y ont fermé des usines dans la dernière décennie, celle d’Aulnay pour PSA ou celle de Termini Imerese pour Fiat. On ne voit pas pourquoi la fusion projetée les ferait renoncer à cette politique.

Alors que le projet de fusion entre Renault et Fiat avait échoué en juin 2019, le projet actuel ne semble pas connaître les mêmes difficultés. Bourgeoisie et appareils d’États en France et en Italie applaudissent. Il y a déjà accord sur la répartition des actions, la présidence confiée à l’héritier de la famille propriétaire de Fiat, Agnelli, et la direction générale  au patron de PSA, le psychopathe de la performance Tavares. Le siège de la nouvelle entité sera aux Pays Bas, paradis fiscal bien connu. Et en prime,  un cadeau de bienvenue de 8 milliards d'euros aux actionnaires, 5,5 pour Fiat et 2,5 pour PSA.  Les deux vieilles familles Agnelli et Peugeot, les principaux actionnaires, sont les premiers bénéficiaires de ce cadeau qu'ils se sont auto octroyés.

Les véritables « idiots » utiles de la direction que sont chez PSA, la CFDT et FO, se félicitent de cette annonce de fusion."C'est quelque chose qui nous rend assez optimistes. PSA a déjà prouvé qu'il savait intégrer d'autres constructeurs avec Opel »a déclaré le secrétaire du syndicat F0. Merci pur les salariés d’Opel dont l’emploi a été supprimé ! Et Laurent Berger de rajouter : « par rapport aux défis qui sont ceux de l'industrie automobile aujourd'hui, être plus fort, plus costaud, plus gros, ce n'est pas une mauvaise chose »

La CGT de PSA, par la voix de son délégué syndical central, estime que « l'intérêt des groupes en question est forcément d'augmenter leur rentabilité et les profits, ce qui ne peut se faire que sur le dos des salariés en France, en Italie et aux États-Unis. »

Quant à la FIOM, le syndicat italien majoritaire chez Fiat, s’adaptant aujourd’hui aux politiques patronales, elle réaffirme ses priorités : "Relancer le développement et la production en Italie et protéger l'emploi"

Face à ce projet de fusion, la défense, chacun de son côté d’une industrie nationale ne peut que faire le jeu de la concurrence entre travailleurs telle que la souhaite un patronat qui sait se mondialiser. Le repli nationaliste, c’est en fait aller contre nos intérêts et contre l’emploi.

Avec une fusion possible entre PSA et Fiat, des centaines de milliers d’ouvriers français, italiens, allemands, espagnols, anglais, marocains, slovaques,polonais, nord-américains, argentins ou brésiliens auraient le même patron. Mais l’expérience nous enseigne qu’il n’y a pas de liaison automatique entre ces implantations mondialisées et l’affirmation sur le terrain d’une solidarité entre les travailleurs. Cette solidarité il faut la construire concrètement. Lorsque la fusion entre Renault et Fiat se préparait il y a quelques mois, des militants du NPA ont échangé avec les camarades de « Sinistra Anticapitalista ». Des interviews croisés de militants syndicaux des deux firmes ont affirmé alors de vraies convergences de lutte. La fusion discutée aujourd’hui entre PSA et Fiat Chrysler appelle de nouvelles initiatives de ce type. Pour préparer des ripostes communes !

Publié dans PSA, Fiat, Fiat-Chrysler

Commenter cet article