Covid-19 : un salarié de PSA Mulhouse raconte les effets de la maladie sur le travail de “ceux d’en bas”

Publié le par NPA Auto Critique qui retransmet un article publié sur le site Alterpresse68

Photo Alterpresse 68

À propos d’un article de l’Alsace paru le 9 juillet, intitulé « Fabriquer des voitures en période de pandémie », article concernant le site de PSA Mulhouse, je tiens à rétablir ma vérité, car la vérité historique racontée par ceux d’en haut n’est jamais celle vécue par ceux d’en bas.

Je suis salarié à PSA Mulhouse au Montage et militant CGT.

Dans l’article en question, il est expliqué que Peugeot a tout fait pour protéger ses salariés et était à la pointe des mesures barrière.

S’il est vrai qu’à partir du 26 février, des affiches étaient placardées pour demander « d’éviter tout contact physique pour se saluer, se laver régulièrement les mains, se moucher ou éternuer dans son coude », il est faux de dire que « depuis le 26 février, plus personne chez PSA ne se serrait la main. »

Au contraire, le discours de la hiérarchie était qu’il est malpoli de ne pas se serrer la main, qu’il faut arrêter la psychose, etc.

Ce qui a fait un électrochoc, une prise de conscience de la gravité de la situation à l’usine, çà a été la fermeture des écoles, une semaine avant le reste de la France, pas l’attitude de la Direction de PSA.

S’il est vrai que les salariés revenant de week-end en Italie ce mois de février étaient mis en quatorzaine, il n’en a pas été de même pour les proches et contacts des salariés qui tombaient malades du COVID au sein de l’usine, et il y en a eu..

Lorsqu’en tant que syndicaliste on essayait de savoir si tel salarié qui a été renvoyé chez lui était malade du COVID, la hiérarchie nous répondait « secret médical », et ne prévenait pas l’équipe du malade !

Le 5 mars, au Montage, une vingtaine de caristes débrayèrent et se mirent en « droit de retrait » car un des leurs était malade du COVID,  depuis quelques jours et la Direction ne faisait et ne disait rien. Ce collègue avait été hospitalisé le 1er mars puis est décédé le 9 mai.

L’article de l’Alsace affirme que « le site haut-rhinois aurait dû être un cluster majeur sur le plan sanitaire. » … « Mais globalement, l’industriel a réussi à éviter l’hécatombe qui se produisait dans le Sud Alsace. » Mais en fait le nombre de  malades Peugeot a explosé pendant le confinement. Ces malades ont attrapé le virus les jours avant la fermeture.

 Je connais un salarié qui a perdu son père, son oncle et le fils de son oncle. J’en connais un qui est encore en rééducation après avoir été intubé et dans le coma. Au début du confinement, chaque jour, une dizaine de salariés du site appelaient l’infirmerie pour dire qu’ils étaient atteints par le virus. Et beaucoup de malades n’appelaient pas.

Combien ont été atteints en réalité ? Et ce n’est pas pendant le confinement que la majeure partie d’entre eux ont été contaminés, mais avant, sans doute sur les lignes de montage, les vestiaires où on est tous les uns sur les autres, dans les bus, puisque des chauffeurs ont également été touchés”.

L’article dit également qu’il n’y a eu qu’un décès parmi les salariés du site, or à notre connaissance il y en a eu au moins 2. (un en Logistique et un au secteur Habillage Porte.) Mais combien ont transmis le virus dans leur famille et ainsi fait mourir involontairement des proches ? Combien en ont souffert et ont des lésions à vie ?

Publié dans PSA, Mulhouse

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