Grève de l'automobile aux USA : il y a encore plus à gagner !

La grève de l’automobile aux États-Unis est dans sa sixième semaine. Chaque vendredi Shawn Fain le président de l’UAW fait sur Facebook le point à l’intention de tous les membres du syndicat sur l’état des négociations. Le texte de ses interventions est publié sur le site de l’UAW. Shawn Fain y indique que déjà des résultats significatifs « records » ont été obtenus par cette grève.
Mais il constate aussi que de nombreuses revendications n’ont pas encore été satisfaites et appelle donc à la poursuite de la grève.

La traduction de l'intervention du président de l'UAW du 20 octobre 2023

Nous avons étudié les propositions des entreprises. Nous avons chiffré leur offre. Et à mon avis, de l’avis des vice-présidents, et de l’avis de vos négociateurs nationaux, il y a encore plus à gagner.
Une chose que nous entendons sans cesse de la part de ces sociétés, c’est qu’elles nous proposeraient des « contrats records ». Au fait, ils nous ont volé cette expression. Et tu sais quoi? Nous sommes d'accord. Ce sont déjà des contrats records. Mais ils arrivent à la fin de décennies de reculs records. Il ne suffit donc pas d’être meilleur que les contrats passés alors que les travailleurs de l’automobile ont régressé au cours des deux dernières décennies. C'est une barre très basse.
Je trouve aussi une ironie pathétique qu’à chaque fois qu’ils font une offre, c’est le mieux qu’ils puissent faire, c’est une offre record. Et puis deux jours plus tard, il y a un nouveau record. Ce que cela devrait vous dire, c’est qu’il y a de encore la place pour bouger.

Shawn Fein a ensuite détaillé point par point l’état des négociations avec chacun des trois constructeurs automobiles. Il a enfin conclu.

Cette semaine, GM et Stellantis ont reçu haut et fort. le message que nous leur avions adressé. Ils se sont empressés de rattraper Ford dans leurs propositions..
Mais GM, en particulier, est inquiétant. Il nous dit avoir besoin du maintien du système de salaires à 2 niveaux parce qu’il s’attend à faire beaucoup d’embauches. En même temps, ils menacent des usines de production et refusent de donner le droit de grève en cas de fermetures d’usines. Je me demande ce que les syndiqués des usines d’Arlington et de Flint Truck vont en penser.
Il y a aussi des problèmes avec Stellantis. Il maintient à 4 ans .la durée d’appartenance au premier niveau de salaire, et il n’y a toujours que 20 dollars comme salaire horaire pour les travailleurs temporaires. Il a rejeté toutes les demandes d’augmentations pour les retraités. Je connais beaucoup de syndiqués de l’usine SHAP (du Michigan) et de Kokomo (dans l’Indiana) qui ne vont pas aimer cela.
Et Ford fait du surplace, préférant donner de l’argent à Wall Street. Je me demande ce que les membres de l’usine de la Rouge pensent des commentaires de Bill Ford qui laissaient entendre qu’ils pourraient fermer l’usine si nous ne nous contentions pas de ce qu’ils ont proposé ?
En fin de compte, il nous reste des atouts. Et il leur reste de l’argent pour nos revendications.
C’est la partie la plus difficile d’une grève. Juste avant qu’un accord soit conclu, c’est le moment où les pressions sont les plus fortes pendant ce dernier kilomètre. Ils veulent nous faire attendre. Ils veulent la division. Ils veulent la peur. Ils veulent l’incertitude.
Et ce que nous avons, c’est notre solidarité.
Nous avons d’excellents négociateurs et les meilleurs syndiqués du monde. Nous avons des plans et des stratégies pour continuer à gagner lors de ces discussions, appuyés par les syndicalistes les plus durs à cuire du pays.
Sondage après sondage montre que nous avons le soutien écrasant du public américain. Le Sénat américain vient de présenter une résolution pour soutenir l’UAW, et il a le soutien bipartisan.
Si nous sommes solidaires, si nous avons la foi, nous gagnerons. Pas seulement un bon contrat. Pas seulement un contrat record. Mais un contrat qui renverse le cours des choses. Un contrat qui, enfin, commence à redresser la situation chez les « Trois Grands » et aussi pour les travailleurs de l’automobile partout dans le monde.
Enfin, je tiens à vous rappeler une chose. Nous avons dit la semaine dernière que nous n’appellerions pas systématiquement chaque vendredi à un élargissement de la grève. Cette semaine, nous avons vu les entreprises essayer de s’aligner les unes sur les autres. Maintenant nous devons les faire bouger tous les trois.
Ne les laissez pas nous diviser. Ne les laissez pas nous faire peur. Ne les laissez pas nous embrouiller. Notre cause est juste, l’argent est là, et notre stratégie fonctionne. Le temps est de notre côté. L’opinion publique est de notre côté. Les faits sont de notre côté.

Soyez donc prêts à vous lever. Merci. »