Aux Etats-Unis, face aux trois grands constructeurs automobiles, de fortes revendications

Publié le par NPA Auto Critique .Trduction en français d'un article de Labour Notes

Les contrats des travailleurs de l'automobile avec les 3 Grands constructeurs automobiles, «  les Big 3 » expireront le 14 septembre 2023. Face à cette échéance, Les nouveaux dirigeants du syndicat UAW se préparent à une grève.

Les accords couvrent près de 150 000 travailleurs chez Ford, General Motors (GM) et Stellantis. Début août, le président Shawn Fain a présenté aux trois entreprises une liste de revendications, les qualifiant de propositions « les plus audacieuses depuis des décennies.”

Depuis avant la grand dépression de 2008, les entreprises ont arraché des concessions aux directions syndicales précédentes. Le but de la nouvelle direction de l’UAW est d’ annuler. toutes ces concessions et retours en arrière.. L'un des principaux objectifs est de veiller à ce que la transition vers les véhicules électriques ne soit pas utilisée pour saper encore d’avantage les normes qui s’appliquent aux travailleurs de l'automobile.

En entrant dans ce cycle de négociations, les « Big 3 » ont déclaré des bénéfices combinés de 21 milliards de dollars au premier semestre 2023. Cela vient s'ajouter aux 250 milliards de dollars de bénéfices accumulés au cours des 10 dernières années. “Notre message pour les négociations est clair: : des bénéfices record signifient des contrats record”, a déclaré Fain aux membres de l'UAW sur Facebook Live le 1er août.

Au lieu de cibler les négociations sur une seule entreprise automobile, comme c’était l’habitude de l’UAW, puis de baser les contrats des autres sur ce modèle obtenu dans l’une des trois, Fain a averti les trois entreprises de se considérer chacune comme des cibles, en leur demandant de ne pas spéculer sur le fait de savoir laquelle des entreprises serait visée en priorité. En 2019, 49 000 membres de l'UAW ont fait grève dans la seule firme pendant six semaines

Parmi les demandes présentées par Fain figurent:

Élimination des systèmes différenciés de salaires et d'avantages sociaux. Augmentation de salaires d’au moins 10 % pour tous
Rétablir l’indexation des salaires sur les prix, suspendue pendant la Grande Récession de 2008.
Rétablir les niveaux de retraites et de remboursement des soins de santé pour tous les retraités, alors que les travailleurs embauchés depuis 2007 n'ont ni l'un ni l'autre
Augmentation des pensions des retraités actuels alors qu’il il n'y a pas eu d'augmentation depuis 2003
Le droit de grève contre les fermetures d'usines
Faire de tous les intérimaires actuels des employés permanents, avec des limites strictes sur l'utilisation future des intérimaires
Augmentation des congés payés

PROTÉGER LES TRAVAILLEURS DES VÉHICULES ÉLECTRIQUES

Le syndicat fait simultanément pression pour améliorer les conditions des travailleurs des usines de batteries des véhicules électriques employés dans des coentreprises entre les Big 3 et des entreprises sud-coréennes. Une lettre signée par 28 sénateurs a exhorté les entreprises à intégrer ces travailleurs des usines de batterie dans leurs accords-cadres avec l'UAW. “Ce sont des emplois hautement qualifiés, techniques et pénibles”, lit-on dans la lettre. “Il est inacceptable et une honte nationale que le salaire de départ d’un installateur de batteries de véhicules électriques dans une entreprise américaine en "joint venture", soit de 16 dollars de l'heure.”

Les entreprises affirment que ces propositions sont trop coûteuses et menacent leur compétitivité, en particulier lorsqu'elles augmentent leurs investissements pour se convertir aux véhicules électriques. Fain dit que cet argument ignore l'histoire récente. "Lorsque les Big 3 disent que l'avenir est incertain et que la transition des véhicules électriques coûte cher, rappelez-vous qu'ils ont réalisé 250 milliards de dollars de bénéfices en Amérique du Nord au cours de la dernière décennie et qu’ils ont versé des milliards de dollars en dividendes, rachats d'actions et rémunération des dirigeants surdimensionnée.”

La rémunération des PDG des Big 3 a augmenté en moyenne de 40% depuis 2019, la PDG de GM Mary Barra récoltant à elle seule 29 millions de dollars de rémunération en 2022. “Nous savons que nos affiliés valent la même chose et plus”, a déclaré Fain.

PLUS DE TRANSPARENCE

Fain a été élu en mars 2023 sur une liste soutenue par le mouvement réformiste Unite All Workers for Democracy (UAWD), sur une plate-forme “Pas de corruption, pas de concessions » mettant fin à 70 ans de règne à parti unique au sein de l'UAW. Il préconise non seulement une approche plus militante dans la négociation, mais promet également plus de transparence avec les membres du syndicat.

"La négociation n'est pas un spectacle mené par une seule personne”, a déclaré Fain. "Ces jours sont révolus, et avec eux est révolue la fausse croyance que les contrats syndicaux sont gagnés par le seul président.”

Cette fois-ci, Fain a eu des mots particulièrement durs pour Stellantis, la société mère de Jeep, Ram Trucks et Chrysler formée en 2021 par une fusion de Fiat Chrysler et Peugeot. “J'ai été choqué de voir comment une entreprise en particulier essaie de saper nos droits et avantages”, a-t-il déclaré sur Facebook Live le 8 août. Fain a déclaré que les exigences formulées par Stellantis comprenant notamment la suppression d’un plafond pour le nombre d’intérimaires, et la réduction des vacances pour les nouvelles recrues, étaient à mettre à la poubelle.

Les anciens dirigeants de l'UAW avaient l’habitude de négocier à huis clos, n'organisant jamais les membres du syndicat pour faire pression sur les Big 3, et refusant même de révéler le détail de leurs objectifs. Ils appelaient parfois à des grèves, mais à la dernière minute et pour inciter les adhérents à accepter des offres patronales minables.

Néanmoins, les membres de l'UAW ont maintenu une tradition militante pour continuer à organiser piquets de démonstration et de grève.

LA MOBILISATION DES MEMBRES DU SYNDICAT

Cette année, certains anciens directeurs régionaux et responsables locaux de la vieille garde ont refusé de de participer à l’actuelle campagne pour de nouveaux contrats. la qualifiant de complot de l'UAWD. Mais l'approche affirmée et ouverte de Fain a encouragé les militants et certains responsables sceptiques à se lancer dans la lutte.

.Sur Facebook Live le 15 août, il a déclaré "Je demande aux militants de base de tout le pays de faire tout ce que vous pouvez pour vous organiser dans votre usine...Notre direction nationale organise des formations virtuelles hebdomadaires qui vous expliqueront comment organiser des actions sur votre lieu de travail.”

Fain a précisé qu'il fallait organiser un grand vote pour décider de la grève, mettre des affiches sur les vitres des voitures et, en s ‘appuyant sur l’exemple des camionneurs, organiser des piquets de démonstration et des rassemblements sur. les parkings. Outre les votes de grève, aucun de ces moyens de lutte n'avait été utilisé par l'UAW depuis de nombreuses décennies.

De plus, l'UAWD encourage les membres à partager information et incitation à la lutte au travers de “réunions de 10 minutes”, avec quelques collègues sur les lieux de travail.

À la grande usine Ford de Chicago, 500 membres de la section locale 551 ont suivi ce type de cours de formation à la grève en sessions de deux heures au début du mois d'août. Près de 100 se sont portés volontaires comme responsables de grève. Avant le début des sessions, certains adhérents se montraient des vidéos des revendications sur leurs téléphones: "Augmentation de 46% d'ici la fin du contrat ? C'est bien sur."Les militants ont applaudi lorsque les responsables ont rappelé la menace de frapper les trois entreprises à la fois, si nécessaire.

La formation a permis de soulever des idées pour intensifier la pression sur Ford avant l'expiration du contrat en cours , en s'inspirant d'une vidéo de “piquet de mobilisation” réalisée par les camionneurs d'UPS. L'une des plus grandes salves d'applaudissements est venue lors de la suggestion d'un animateur de “ne faites aucune faveur aux patrons".

L'esprit combatif des affiliés au syndicat s’est manifesté dans les questions. Par exemple, Wayne Davis, ouvrier d'assemblage, a demandé : "Comment préparer les autres à endurer un combat aussi long qu'il le faudra ?”

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