Face à la crise du diesel, droit d'alerte pour les travailleurs de Bosch
Un Comité Central d'Entreprise de toutes les usines Bosch en France s'est tenu mardi 27 juin à Rodez en Aveyron. A l'ordre du jour : l'avenir des usines du groupe dans le contexte de crise du diesel. « Vous dites que vous vous battez pour le diesel, nous, on se bat pour l'emploi » a lancé un ouvrier au président de Bosch France présent sur place : l'enjeu est clairement posé.
La surproduction en fabrication diesel chez Bosch : 300 postes menacés
Les 1600 salariés de l'usine Bosch de Rodez, la principale du groupe en France pour le diesel, travaille à 99 % pour le « diesel system ». Ils sont donc directement concernés par l'avenir de la filière. Bosch ne vend pas directement à un utilisateur final et est dépendant des commandes des grands groupes automobiles, notamment en terme d'injecteurs et de bougies. Bosch n'avait pas anticipé la crise actuelle du diesel et avait investi à tout va pour faire pièce à la concurrence . C'est pourquoi aux investissements effectués à Rodez pour 2 lignes de production s'ajoutent ceux effectués en Turquie à Bursa pour 12 lignes de production.
Dans l'usine de Rodez, Bosch a ainsi investi 57 millions d’euros en deux ans et demi pour s’adapter aux exigences des constructeurs d’automobiles, qui augmentent la pression d’injection du gazole pour diminuer la consommation des moteurs. Et cela alors qu'ils s'apprêtent maintenant à supprimer le diesel des petites voitures parce qu'invendables. Les constructeurs automobiles savent faire reporter les risques sur leurs salariés et leurs fournisseurs
Face à la chute du diesel, à commencer pour les petites et moyennes voitures, Bosch se retrouve avec une crise de surproduction. Il continue a faire tourner les anciens équipements au niveau de production en baisse adaptée à la demande. 300 postes sont menacés dans les trois ans. Les profits sont pour aujourd'hui et la préparation de solutions alternatives au diesel ne sont pas vraiment à l'ordre du jour. C'est tout le sens du droit d'alerte que tous les syndicats ont fait voter par le Comité Central d'Entreprise réuni le 27 juin.
Macron roi des démagogues
Les pires ennemis de l'emploi sont ceux qui jusqu'il y a quelques mois expliquaient que l'avenir était dans une modernisation du diesel et que les salariés devaient, pour cela, faire confiance à leurs patrons. Le roi des démagogues a été incontestablement Emmanuel Macron. Celui-ci encore ministre de Hollande mais déjà en préparation de sa campagne présidentielle, s'était rendu devant l'usine Bosch de Rodez il y a un an le 4 août 2016. Il y avait déclaré après avoir été hué par les salariés de l'usine : « le diesel reste au coeur de la politique industrielle française et du projet industriel français de la mobilité environnementale". C'était du vent pour se faire élire et, bien plus grave, faire accepter par les salariés aux salariés les conséquences des errements des patrons et des politiques à leur botte.
Un droit d'alerte pour savoir et contrôler !
Le « diselbashing » était encore dénoncé il a quelques mois par des syndicats de Bosch à Rodez. On est passé à un autre moment. Le droit d'alerte voté, tout doit être mis au service de l'emploi et de la santé publique, l'un et l'autre. Le droit d'alerte cela devrait vouloir dire ouvrir les livres de comptes et les plans industriels. Le droit d'alerte doit servir à contrôler les décisions patronales. Mais cela ne se produira pas sans lutte pour l'imposer, ce qui passe notamment par une mise en commun des informations, des mobilisations avec les salariéEs des groupes automobiles donneurs d’ordre. Comme à GM&S, il faut combiner la combativité des salariéEs directement concernéEs avec des actions communes capables de faire supporter par les donneurs d’ordre la responsabilité et les conséquences de leurs politiques industrielles entièrement construites sur la recherche du profit.