Ford veut tous nous virer. On ne laissera pas faire

Le cynisme de la direction
Ce jeudi 7 juin à FAI la direction lors d’un CE Extraordinaire a dévoilé son calendrier : elle fermera l’usine d’ici fin 2019, avec un PSE qu’elle lance déjà, dès le 26 juin.
Pas de surprise, depuis la fin du mois de février, elle avait annoncé que c’était cet objectif qu’elle préparait.
Elle nous lanternait volontairement, histoire de laisser pourrir la situation. Et pendant trois mois, ils n’ont pas manqué ceux qui ont essayé de nous bercer d’illusions : le prétendu soutien des pouvoirs publics, les rumeurs de reprises, les rumeurs sur les primes, le baratin des cadres pour qu’on travaille « parce qu’on sait jamais », etc.
Malgré cela, pendant des semaines, la résistance s’est exprimée, par des manifestations, des débrayages, le ralentissement de la production, les pancartes dans l’usine et de nombreuses initiatives, comme le concert du 21 avril.
Tout cela, la direction de Ford Europe l’a mesuré patiemment, avec tous ses serviteurs sur le terrain. Son objectif était de faire durer, pour user notre colère, abuser de notre patience, jouer avec nos nerfs.
Maintenant, après des années de manœuvres et de mensonges, parce qu’elle n’a jamais digéré la lutte de 2008 qui lui a imposé de rester, elle tombe le masque. Elle pense que la situation est mûre, et qu’elle peut annoncer froidement son PSE et la fermeture.
Mais il y a un élément qu’elle ne maitrise pas dans son calendrier : c’est notre résistance et notre colère. Nous ne pouvons compter que sur nous même pour lui faire payer son sale plan et pour construire notre avenir.
Ils nous prennent pour des c…
Kieran Cahill, ponte de Ford Europe, a osé saluer « l’engagement des salariés dans des moments difficiles ». Et il nous dit même qu’il ne faut pas « voir les choses en termes de fermeture d’usine… ». Vraiment, ça ose tout, ça se croit tout permis, y compris d’afficher tout son mépris.
Quelle blague, il ne manquerait plus qu’ils disent que perdre son emploi, c’est une chance de rebondir…
Trouver du travail alors que le chômage est massif, c’est un exploit tout simplement. Alors, puisque du boulot, on en a, on se bat pour le garder !
Diviser pour mieux régner
La direction fait le calcul qu’en annonçant un PSE très rapide, tout en faisant croire qu’elle paiera les salaires jusqu’à la fin de 2019 (mais que vaut une telle annonce si l’usine est fermée avant ?), elle va nous diviser entre ceux qui voudront partir très vite, en se disant de toutes façons c’est foutu, et ceux qui voudront aller jusqu’au bout pour approcher par exemple de la retraite.
Et avec ses complices, la direction ne lésine pas en adjectifs « rassurants » pour chacun d’entre nous : « il y en aura pour tout le monde », « le plan sera robuste », etc.
Le piège est grossier. Tous ces gens voudraient nous faire croire qu’on n’aurait pas tous le même intérêt et que chacun doit faire son petit calcul. Foutaise. C’est uniquement si on reste uni et si on résiste uni, pour dire que c’est du travail qu’on veut et pas d’un plan social, qu’on pourra leur faire peur et vendre chèrement notre peau. Alors nous ne nous laisserons pas diviser facilement.
Pas question de payer les pots cassés
FAI, depuis les années 70, a profité à la FMC. Des centaines de millions ont été versés en bénéfices et dividendes, directement dans la poche des actionnaires. Nous avons donné des années de notre vie, notre santé aussi, les profiteurs de notre travail ont encore empoché 8 milliards de profits l’an dernier.
Alors, oui, ils ont des devoirs envers nous. Tout cet argent accumulé doit servir à maintenir tous les emplois, et s’ils n’ont pas de production, à maintenir les salaires de tous, jusqu’à la retraite c’est la moindre des choses.
Elus et ministres : le bal des hypocrites
Une fois de plus, les élus se sont indignés après l’annonce de Ford, comme ils avaient fait en février, et encore avant, et encore…
Les élus locaux (la région, le département, la métropole et la mairie de Blanquefort) déclarent que la fermeture « détruirait de la valeur sur notre territoire, qui a pourtant constamment contribué à supporter Ford depuis sa création. » Ils voudraient nous faire croire qu’ils se rendent compte maintenant que toutes les subventions versées étaient sans réelles contreparties ? Allons…
Du côté du ministre Le Maire, ce n’est pas mieux, puisqu’il prétend que « des discussions pour céder le site à un industriel sont actuellement en cours. A ce stade, une reprise de la totalité des salariés apparait possible, et l’ouverture d’un PSE ne semble donc pas justifiée. » Il a visiblement oublié que la direction de Ford USA n’a même pas voulu le recevoir il y a quelques semaines et qu’ils se moquent pas mal de son avis.
C’est vraiment le bal des hypocrites. A chaque fois qu’ils ont été un peu secoués, ils ont dit qu’ils prenaient conscience de la gravité des choses, ils ont fait semblant d’agir, et ils nous ont remercié pour notre calme. Leur seul objectif est de nous endormir.