Vers une crise mondiale de l'industrie automobile ?

L'étude annuelle du cabinet de conseil AlixPartners, un des organismes qui conseillent les patrons de l’automobile dans le monde entier, prévoit dès l’année prochaine une crise d’ampleur qui risque de provoquer la fermeture de dizaines d’usines automobiles dans le monde.
Cela confirme ce qui se dessinait depuis plusieurs mois, comme l’avaient montré les suppressions massives d’emploi décidées par les deux constructeurs nord américains General Motors et Ford. Les ouvriers de Ford Blanquefort en savent quelque chose.
En effet, l'industrie automobile mondiale va être confrontée pour les cinq prochaines années à la baisse des volumes d'un côté et une forte hausse des investissements. « Tous les signaux passent au rouge ». Les grandes manoeuvres de restructuration autour de Fiat, Renault et Nissan s'expliquent mieux au regard de cette situation.
Il est prévu une baisse du marché automobile mondial dans les deux prochaines années avec un creux en 2020 à 91 millions de voitures (moins 3 millions par rapport à 2017), avant une remontée jusqu'en 2026 avec 106 millions de véhicules. C'est de la Chine que le choc risque d'être le plus dur à encaisser avec une baisse de 3 millions de voitures jusqu'en 2020. Il faudrait attendre 2024 pour que le marché revienne à son niveau de 2017 (28 millions de voitures). Une baisse comme on en connaît régulièrement dans tous les pays capitalistes. La nouveauté tient au fait que c’est la première baisse significative des ventes d’automobiles dans ce qui est devenu le premier marché automobile. Et c’est une nouveauté à l’impact mondial car toutes les firmes automobiles mondialisées y réalisent une grande part de leurs profits.
Les ventes d’automobiles aux Etats-Unis marché américain pourraient aussi d'ici 2021 baisser de deux millions sur l'année. Et si le marché européen devrait se stabiliser autour de 21 millions de voitures, la baisse des ventes de diesel y est déjà très importante.  : elles ne représenteraient plus que 19% des ventes en 2026 contre 36% en 2018, avant de s'effondrer à 10% en 2030. Les constructeurs automobiles, habitués à truquer et/ou ruser avec les règlements ont pris du retard pour appliquer les nouvelles normes. Le amendes infligées à Volkswagen dans ce cadre pourraient atteindre 1,8 milliards d'euros.
En même temps qu’interviendra cette baisse des volumes de ventes et de productions au plan mondial, les constructeurs vont lancer de nouveaux investissements dans les domaines des véhicules électriques et autonome. Plus de 50 milliards de dollars par an pour toute l’industrie automobile mondiale ! La concurrence entre constructeurs et celle venant des GAFA nouveaux acteurs du secteur les y contraignent.
Et Alix Parners pronostique : d'ici 5 à 6 ans, entre 40 à 60 usines dans le monde seront soit fermées, soit transformées dans la fabrication de batteries électriques. Les équipementiers pourraient être les premiers concernés. Ils disposent de plus grandes surcapacités en Chine. En outre, ils pourraient être frappés par l'avènement de la voiture électrique qui va faire disparaître toute une série d'équipements.
« Crise ou crise majeure, les constructeurs automobiles n'ont que deux scénarios auxquels se préparer… » : voilà la conclusion de cet organisme qui bien évidemment du rôle que pourraient jouer des salariés mobilisés pour leur emploi.  Autant être prévenus !