La reprise dans les usines automobiles : produire sous la menace de l'épidémie

Publié le par NPA Auto Critique

A partir des compte-rendus des militants NPA du secteur automobile, le point sur la reprise de la production d’automobiles alors que chacun(e) est contraint(e) de fournir son relevé personnel de températures à l'entrée de l'usine. Preuve que l'épidémie de coronavirus continue !

La reprise de la production d’automobiles a commencé dans la plupart des usines en France le 11 mai, Toyota ayant été une exception pour une usine de montage avec une reprise dès le 21 avril 2020. Les usines de moteurs Renault à Cléon et PSA à Douvrain ont été les premières à rouvrir avec un nombre réduit d’équipes et de salariés. La situation change à partir du lundi 18 mai et surtout de la semaine prochaine. Ce sera largement la fin du volontariat et la reprise de la production dans la plupart des usines de montage.

Même avec les effectifs réduits de ces premières semaines les conditions de travail sont profondément dégradées. Travailler avec un masque sur une chaîne de production ou sur un plateau en open space, c’est une nouveau facteur de pénibilité. Et c’est pire lorsque c’est port d’un masque FFP2 qui est requis, là où l’installation des machines ne permet pas de respecter les distances « sociales ». Et partout les mêmes protestations s’expriment sur le manque de ventilation et de climatisation rendant de moins en moins supportable le travail dans des locaux conçus pour fonctionner avec ce type d’équipements.

Les contrôles de température à l’entrée dans l’usine rappellent en permanence la persistance de la menace de la contagion. Et les plus menacés  peuvent être interdits d'entrée sans explication supplémentaire, ni garantie d'être payés.

Toute la hiérarchie des usines et des établissements veut non seulement faire produire dans ces conditions, mais faire produire au maximum pour retrouver au plus vite ses objectifs de productivité d’avant crise. Le retour au collectif qu’entraîne cette reprise de la production peut permettre de s’opposer à cette remise en cause si brutale des conditions de travail..


PSA Mulhouse. La reprise a eu lieu lundi 18 mai au matin pour le ferrage, la peinture et le montage : cela représente 1100 personnes, environ la moitié de l’effectif. Les bus du personnel ont été bloqués une heure aux portes de l’usine afin de contrôler les attestations de température des gars. 60 salariés ont été renvoyés chez eux, dont une trentaine reconduites par taxi. La direction dit que leur journée sera payée... en fonction de l'avis médical. C'est donc très flou.car les motifs du renvoi à domicile peuvent être simplement l’absence d’attestation.

15 voitures avaient été produites vers 11H30. Une trentaine au total pour toute la journée. Il manque du monde partout, même si des intérimaires ont repris leur activité. Près de 30 salariés qui étaient en prêt à Sochaux ont été rappelés pour venir travailler au Montage. Les conditions de travail sont difficiles du fait du port des masques et visières.

Que sera la paie avec seulement 3 jours travaillés par semaine ? On ne sait pas . C’est l’incertitude

PSA Sochaux. La reprise du travail se fait encore sur le base du volontariat, en une équipe sur le système 1 (308). , puis le 25 mai avec le démarrage d'une équipe sur le système 2 (3008) puis d'une deuxième équipe sur le système 1 le 2 juin.  Mais à partir  du 25 mai, la notion de volontariat prendra fin et on en reviendra au travail obligatoire : c’est la direction qui missionnera les effectifs.

Vendredi matin 15 mai, ce sont d'abord 200 salariés qui ont fait redémarrer l’outil industriel sur le système 1, d’abord à l’emboutissage et au ferrage (où l’on réamorce l’encours de pièces). Lundi 18 mai, 300 autres salariés ont été appelés pour relancer, à petits pas, la ligne de production de la 308. La troisième vague aura lieu mardi.19 mai avec 730 salariés en production, tous volontaires, qui reprendront alors le travail, C’est moins du dixième de l’effectif de Sochaux.  

PSA La Janais . L’usine a repris avec une seule équipe de salariés au lieu de quatre. dès mercredi 20 mai. 140 véhicules devraient être produits chaque jour à PSA La Janais. Avant la crise sanitaire une équipe produisait 190 voitures, et avec quatre équipes, 500 voitures sortaient chaque jours des lignes de production de PSA La Janais.

PSA Poissy. Redémarrage lundi 11 mai de l’emboutissage avec 57 salariés volontaires. La direction cherche de nouveaux volontaires pour démarrer la peinture. Puis à partir du 19 mai il est prévu 2 équipes. Pas de date concernant le montage.

Le travail au volontariat se poursuit avec sur le site 20 personnes en retouche, 15 au PAC, 120 personnes sur les bacs batteries et 300 pour la fabrication des respirateurs.

Le travail deviendra obligatoire la semaine prochaine en 3X8 sur les bacs batteries. Pas de date précise pour la reprise de l'activité montage.

PSA Hordain. Une première reprise partielle avait eu lieu lundi 11 mai avec une seule équipe contre trois habituellement. Ce fonctionnement devait durer jusqu’à la fin du mois de mai. Mais la direction de l’usine a remis en cause ce protocole en annonçant le passage à deux équipes dès le 25 mai. Pour assurer le fonctionnement de ces deux équipes, elles seront complétées - suite à l’absentéisme du au coronavirus et à ses menaces particulières sur les plus fragiles - par des salariés volontaires de l’équipe de nuit et le recours à environ 120 salariés venus de Poissy.

PSA Ingénierie.  Le chômage technique, qui concerne 60 % du personnel, est prolongé jusqu’à fin mai . Beaucoup d’activités « nouveaux projets » ont été mises en veilleuse à l’ingénierie PSA. C'est une reprise encore en demi teinte. Pour les activités maintenues, le télétravail est mis en place pour la plupart des activités maintenues. Les intentions de PSA de le généraliser après l’épidémie avec une présence sur poste très limitée fait discuter.

Renault Cléon. Tous les secteurs de l’usine ont repris lundi 18 mai. Cela représente 2400 salariés, c’est à dire la moitié de l’effectif. Mais dans cette moitié il y a 90 % des salariés de la production proprement dite.

La fonderie tourne en 2X8 plus la nuit et en Samedi-Dimanche. Cette production est destinée au moteurs essence pour la Roumanie et l’Espagne.

Au début du confinement le temps de travail journalier était de 6 h payé 8h et depuis le 11 mai celui-ci est porté à 7H45 payé 8H. L’écart de ¼ h est destiné a éviter le croisement des équipes. Le reste du personnel est en télétravail ou chômage partiel.

Pas de restauration sur place, des micro-ondes et réfrigérateurs ont été remis à disposition mais du fait des réfectoires trop petits afin d’appliquer la distanciation et la crainte des employés d’utiliser le matériel commun, les salariés ne mangent pas sur place. Les employés font de longues queues pour atteindre leurs vestiaires.

Le protocole est appliqué avec beaucoup de protestations – individuelles pour le moment. C’est déjà dur avec la moitié de l’effectif l’absence de ventilation, le port des masques. Qu’est ce que cela va être avec la totalité de l’effectif en poste et la chaleur de l’été arrivant !

Renault Lardy. L’activité ne s’est jamais arrête sur le centre d'essais de Renault à Lardy. Il n’y a eu jamais moins de 400 présents sur le poste de travail avec 800 fin avril. Les 1 000 ont été atteints le 11 mai. Et en plus le télétravail s’est généralisé. Vraiment pas d’arrêt des activités !

Dans les open space, la ventilation a été coupée d’où des conditions de travail de plus en plus difficiles

Renault Flins. Une reprise partielle a été effectuée à partir du 11 mai. 200 voitures sont produites contre une moyenne de 700 habituellement avec une semaine de travail alternée. Seuls la moitié des employés sont donc présents pour l’instant

Des mesure de sécurité non respectées par la direction entraînent des ripostes

Renault Technocentre. La reprise très progressive combine développement du télétravail et travail sur site. Dans le semaine qui a suivi le 11 mai il y a eu 900 présents sur le Technocentre de Guyancourt

Les 3 cantines ouvertes, sur les 4 prévues, sont peu fréquentables du fait de l’application des règles de sécurité. Le personnel préfère déjeuner à son poste de travail. Est ce que cela pourra durer longtemps ?

Pour les prestataires nettoyage dépendant de  Veolia des tests seront proposés après accord entre Veolia et des labos. Veolia a obtenu  un type d'accord n'existant ni chez  Renault ni chez PSA concernant de tels tests.

Le port du masque FFP2 pose des difficultés évidentes de respiration alors qu’il est demandé dans les zones ou la clim est coupée et où ne fonctionne que le recyclage d’air. Là encore cette reprise témoigne de conditions de travail inacceptables si les mêmes règle de sécurité sont appliquées avec les mêmes exigences de quantité de production ou d’activités.


 

 


 


 


 

 

 

 

 

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