Le covid ne s'arrête pas aux portes des usines automobiles

Publié le par NPA Auto Critique

Au moment de la mise en place du confinement numéro 2, le 30 octobre 2020, les carnets de commande de l’industrie automobile étaient bien remplis, en raison notamment du maintien d’un effet rattrapage des activités suspendues pendant le printemps dernier.

Mais bien évidemment la production ne s’effectue pas dans des conditions « normales ». Le port du masque et l’application des mesures barrières, déjà difficiles à supporter en eux-mêmes , le sont encore d’avantage quand les effectifs en poste sont rabotés du fait de l’éviction des intérimaires presque partout, et quand durée et intensité du travail ne sont pas réduites pour tenir compte des effets de cette « distanciation » imposée.

Des résistances à cette aggravation des conditions de travail
Elles se sont manifestées dans les usines PSA de Mulhouse et Sochaux, avec une grève des salariés en charge de l’emballage du sous traitant STPI , et celle Renault à Cléon où des moteurs sont fabriqués pour le monde entier. Dans l’usine PSA d’ Hourdain, les salariés d’un atelier ont utilisé leur droit de retrait suite à risques de contamination au covid 19.
Mais dans une situation où sur le terrain les syndicats sont, au mieux, largement désorganisés, au pire empêtrés dans le dialogue social, pas de riposte d’ensemble même au plan d’une seule usine ou d’établissement.

Les plans patronaux continuent de se préparer et de s’appliquer.
Chez PSA, la fusion avec Fiat a franchi de nouvelles étapes avec le feu vert fourni par la Commission Européenne. Sous le nom imaginé par ordinateur de Stellantis, ils préparent de nouvelles restructurations avec la vente d’une partie de l’activité véhicule utilitaire de PSA à Toyota, et l’abandon prévisible de la production de modèles tant pour Fiat que pour PSA.
Chez Renault une attaque d’ampleur s’organise visant aujourd’hui particulièrement l'ingénierie : arrêt brutal de contrats avec des prestataires dont il est prévu de supprimer 5 300 poses s’ajoutant aux 4600 emplois Renault menacés de suppression, utilisation des « ruptures conventionnelles collectives » découlant de la contre-réforme Macron du code du travail.

Mensonge : le covid s’arrêterait aux portes des usines !
Ce message est démenti par des comptes rendus de Comités sociaux et économique de nombreuses usines et établissements. Parmi d’autres, dans l’usine Renault de Sandouville, le vendredi 6 novembre sur 39 derniers tests, 13 ont été classés positifs. Dans l’usine Toyota d’Onnaing, 101 salariés ont été testés positifs en octobre et 49 sont actuellement en arrêt de travail. Dans l’usine PSA de Mulhouse, à la date du 4 novembre il apparaît que le nombre de cas de salariés positifs à la Covid est en augmentation : 9 cas en 4 jours selon les chiffres de la direction alors qu'il y en avait eu 16 en 2 mois.

Et le comble est que les directions d’usine relayant les propos de la ministre du travail expliquent que le COVID ne se propage pas dans les usines ou sur les lieux de travail Si c’était le cas, pourquoi alors inciter voir imposer au télétravail. La vérité est que les ouvriers et salariés contraints de se rendre physiquement sur leurs lieux de travail sont exposés à risquer leur santé et leur vie. Le scandale du maintien de l’activité de production de biens non essentiels est toujours là, même s’il faut reconnaître que patronat et gouvernement ont réussi jusqu’à présent à largement le faire tolérer.

Les activités de production à l’épreuve du confinement
La réalité de la propagation du covid va affecter de plus en plus toute l’activité de production. Un confinement même réservé aux seuls déplacements privés de la population aura nécessairement des conséquences sur les activités économiques, et pas seulement sur le commerce de détail. Déjà l’industrie automobile est confrontée à ses premiers nouveaux chocs. Si dans les tout premiers jours du confinement la production pouvait continuer pour satisfaire les commandes passées, c’en est maintenant terminé. Selon les informations fournies dans la presse automobile professionnelle les commandes d’automobiles se sont effondrées depuis la mise en place du nouveau confinement. Et à l’époque du « juste à temps » pour éliminer les stocks, cela a des conséquences immédiates sur les activités de production.

Dès maintenant PSA a annoncé le report de la création d’une équipe vendredi-samedi-dimanche à Sochaux pour la production des Peugeot 3008 et 5008 alors que celle-ci aurait dû entrer en fonction fin novembre. Toutes les heures supplémentaires ont aussi été abandonnées à Sochaux et Mulhouse. Et depuis plusieurs mois il n’y a plus d’intérimaires à Mulhouse.
L’usine PSA de Rennes La Janais a annoncé la suspension de l’équipe de nuit à compter du 16 novembre : 500 salariés vont passer au chômage partiel ou voir leur contrat d’intérim interrompu. Et on parle dans l’usine de Mulhouse de la mise au chômage partiel du personnel à partir du début du mois de décembre.

Le confinement, qu’il soit prolongé ou qu’il s’applique selon des phases de « stop and go «  va nécessairement entraîner une chute de la production dans tous les secteurs de l’économie et en particulier dans l’industrie automobile.

Réduction immédiate de la journée de travail à 6 heures
Face à cela il ne sert à rien de se faire les « idiots utiles » des directions d’entreprise en réclamant, comme les syndicats CFDT, FO, CFTC et CGC de PSA, la réouverture des concessions automobiles... pour espérer vendre un peu plus.
Ce qui est l’ordre du jour c’est bien sûr l’indemnisation à 100 % du chômage partiel tant pour les salariés PSA et Renault que pour les intérimaires et prestataires.
C’est une réduction immédiate du temps de travail, à 6 heures de travail par jour comme le revendique le syndicat CGT de Renault Cléon, en raison des conditions dégradées imposées par le port du masque et les gestes barrière, permettre la désinfection de tous les postes de travail et empêcher le croisement des équipes aux entrées-sorties des usines.
Ces revendications sont d’autant plus urgentes à être partout défendues que la situation actuelle de la pandémie crée l’inquiétude parmi les salariés pour leur santé , leurs conditions de travail et leurs salaires.

Tout pour la « stabilité sociale » !
Le patronat  automobile, rien à voir avec le petit commerce, demande au gouvernement la réouverture des concessions automobiles. Le CNPA, l’organisme des garagistes, explique : « Sans distribution, l’effet dominos bloquera, à très court terme, l’appareil productif et l’écosystème automobile dans son ensemble. Ce moteur de l’économie étant aussi un élément de la stabilité sociale du pays ».

Alors que les concessions automobiles devraient être  fermées, que les ateliers sont des clusters potentiels, et que les voitures sont sûrement moins essentiels que les livres, volume de production et mise au chômage partiel sont, pendant cette pandémie, exclusivement définies selon le niveau des stocks et les exigences de profit. Conditions de travail des salariés et satisfaction des besoins les plus essentiels de la population sont ainsi délibérément sacrifiées. Le contre exemple de l’automobile.

Commenter cet article