L'enjeu des négociations entre les constructeurs automobiles américians et le syndicat "officiel" UAW
Les négociations actuelles entre le patronat automobile américain et le syndicat officiel UAW vont-elles laisser se perpétuer le système en place où cohabitent pour le même travail dans la même usine travailleurs payés à un salaire et d'autres payés la moitié ? Le site amériacain Labor Notes a fait le point sur les enjeux dans un article publié par Dianne Folley. En voici la traduction
Les contrats de travail entre les Trois Grands Constructeurs automobiles américains et le syndicat américain, l'United Auto Workers (UAW), devaient expiré le 14 septembre à minuit, Mais ils ont été prorogés pour permettre aux négociations de se poursuivre.
La stratégie de l'UAW, le syndicat officiel, a été de négocier en priorité avec General Motors. Dès que des accords partiels étaient signés entres ces deux parties, ils étaient ensuite soumis à Chrysler pour acceptation ou modification.
Le PDG de Chrysler, Sergio Marchionne, a écrit une lettre de remontrances au président de l'UAW, Bob King, deux heures avant la date limite de fin des négociations. Il expliquait qu'il était revenu du salon automobile de Francofort, spécialement pour résoudre les problèmes encore en suspens. Pour lui, les accords « ne doivent pas revenir en arrière les vieilles méthodes de conflit et confrontation du passé ». Bob King étant retenu par ses négociations avec GM, il lui fut incapable de rencontrer Marchionne. Celui-ci est reparti des Etats-Unis se déclarant disposé à à prolonger le contrat actuel d'une semaine « pour permettre la conclusion de toutes les questions encore en suspens."
En revanche, les négociations entre Ford et l'UAW peuvent durer car Ford a prolongé le contrat actuellement en vigueur indéfiniment. Parce que les travailleurs de Ford avaient rejeté en 2009 un projet d'accord, ils avaient préservé leur droit de grève, et maintenu certains droits concernant les salaires et le nombre des salariés exclus des garanties principales.
Lorsque le gouvernement fédéral avait participé au renflouement de GM et de Chrysler, l'administration Obama avait exigé des travailleurs qu'ils renoncent jusqu'en 2015 à leur droit de grève pour les salaires et leurs avantages sociaux et éliminé de nombreux droits tant pour les retraités que pour les salariés actifs. Alors que Ford réclamait que ces concessions s'appliquent aussi chez lui, les travailleurs l'avaient massivement rejeté. Et c'est précisément pour cette raison que l'UAW n'a pas voulu faire de Ford la première négociation.
L'UAW représente 112.000 travailleurs chez les « Trois Grands ». Cela comprend 48.000 chez GM, 23 000 chez Chrysler 41.000 chez Ford. Environ 4.500 d'entre eux sont des travailleurs de second rang, aux salaires de moitié des autres. Il y a d'autre part des « intérimaires » qui travaillent dans les usines depuis cinq ans sans sécurité d'emploi. Quant aux travailleurs « traditionnels », cela fait neuf ans qu'ils n'ont pas eu d'augmentation de salaires. Leurs indemnités de rattrapage du coût de la vie ont été détournés vers la couverture des dépenses de santé et on été gelées en 2009. Leurs vacances et les temps de pause ont été été réduits. Des niveaux décents de retraite et de couverture santé avaient été maintenus pour cette seule catégorie de travailleurs.
Tous travaillent sous un contrôle accru de l'absentéisme et l'accélération des rythmes de travail. Beaucoup d'emplois qui n'appartiennent pas à la main d'oeuvre directe ont été externalisés.Cela concerne les postes d'entretien, les travaux de bureau et ce qui concourt à l'organisation des lignes d'assemblage.
Depuis le début des négociations sur le contrat de 2011, le syndicat de l'UAW a choisi de mener en priorité les négociations dans les entreprises où les travailleurs avaient dû subir les concessions les plus importantes. Cette stratégie rétrograde fut jugée nécessaire parce que l'UAW affirme que les syndicats du 21e siècle doivent «se joindre aux employeurs» pour leur assurer une rentabilité suffisante.
Le président de l'UAW, Bob King a fait remarquer qu'au cours de la période couverte par les contrats négociés en 2007, les travailleurs ont abandonné entre 7 000 et 30,000 dollars annuels en cumulant salaires perdus, conditions de travail aggravées et avantages sociaux en baisse., les Et il a déclaré que cela était nécessaire.
Les « Trois Grands » sont tous rentables et ont remboursé leurs prêts plus tôt que prévu.
Au cours des deux dernières années, Ford a accumulé 9,3 milliards de dollars de bénéfices. En 2010, les deux principaux dirigeant de Ford , Alan Mulally et Ford Junior ont gagné chacun 26,5 millions de dollars avec en plus 9, 9 millions de dollars en stock options. General Motors a aussi produit des bénéfices record, gagnant 2,5 milliards de dollars pour le seul deuxième trimestre de 2011 . Le PDG Dan Akerson devrait toucher 9 millions . Même Chrysler, le plus petit des « Trois grands », et maintenant réorganiser par son nouveau propriétaire, Fiat, est rentable.
Mais l' UAW ne demande pas un terme la fin du système des deux catégories de salariés, le retour de l'indemnité de rattrapage du coût de la vie, l'augmentation des salaires deux vitesses salaires et avantages sociaux, la restauration de l'augmentation des salaires. Elle n'avance aucune idée d'avenir comme la réouverture des usines fermées pour y produire des autobus ou des voitures pour des métros légers.
Les négociations en cours indiquent que l'UAW est prête à signer des accords qui ne reviennent pas sur l'érosion des salaires qui s'est produite au cours de ces dix dernières années d'inflation et de blocage des salaires. Au lieu de demander «un salaire égal pour un travail égal», ils parlent seulement d'augmenter de deux dollars le salaire des salariés de second catégorie » qui gagnent la moitié du salaire des autres.
La « Caravane des Travailleurs de l'Automobile », un regroupement de travailleurs du rang, a soulevé cinq priorités pour les négociations de 2011
• A salaire égal à travail égal Elimination des discriminations en catégories de salariés
• Embauche permanente de tous les travailleurs temporaires.
• Réinstauration de l'indemnité de rattrapage du côut de la vie
• Plus de fermetures d'usines plus – Réouverture et conversion et des usines pour produire des emplois « écologiques »
• Connaissance de la totalité des contrats et droit à voter sur tous les changements au contrat de travail. complète et juste de ratifier les changements du contrat - Aucun vote bloqué
Cette dernière demande est particulièrement importante parce que l'UAW a l'habitude, lors des réunions d'information, de ne faire voter et discuter que sur les têtes de chapitre. Et c'est seulement plus tard que les travailleurs découvrent avoir voté en toute ignorance d'importantes concessions
Les travailleurs de General Motors ont ainsi découvert à Lake Orion qu'ils n'avaient même pas eu le droit de voter lorsque l'UAW avait négocié un contrat permettant à l'usine de tourner avec des effectifs constitués à 100% de travailleurs « de seconde catégorie », la conversion de 40% d'entre eux salaire inférieur étant immédiate.
Ceci avait été justifié comme nécessaire parce que la « subcompacte » produite dans l'usine avait auparavant été produite à l'extérieur des Eats-Unis. . Et les travailleurs avaient eu à voter un vague memorandum « innovant » ouvrant des négociations au niveau des délégués d'ateliers. En réalité, les syndicats avaient accepté un chèque en blanc.
Afin de maintenir leur niveau de salaire, les 40% des travailleurs de l'usine auxquels on voulait imposer une baisse de la moitié de leurs salaires ont été forcés, laissant leur famille de se déplacer de plusieurs centaines de kilomètres
Au cours des négociations de cette année de l' 'UAW cette année, plusieurs journalistes on interrogé les responsables du syndicat officiel.
Un article publié dans Automotive News par David Barkholz soulève des questions intéressantes abandonnées par l'UAW. Une modeste augmentation de 4% des salaires et de l'indemnité de rattrapage du coût de la vie auraient coûté moins cher à Ford que les attributions d'actions accordées aux deux principaux dirigeant de l'entreprise. Un reporter du New York Tilmes a noté que des militants scandaient « A travail égal, salaire égal » lors de la parade du Jour du travail à Détroit
Encore plus intéressant et inhabituel est le constat publié dans la presse professionnelle d'automotive News sous le titre « Pourquoi les négociations entre syndicats et les trois Grand n'ont pas d'importance » Les coûts de fabrication d'un véhicule représentent environ 15% du côut total d'un véhicule. Cela comprend le travail et le capital investi dans la production. Il y a d'autres choses plus importantes dans les motivations des dirigeants. Cet article constatait aussi que General motors a gaspillé un milliard de dollars chaque année en raison de la mauvaise exécution des programmes de développement. Et il estime aussi que l'inflation des rémunérations du haut encdrement devrait aussi être examiné.
Ce dont ont besoin les travailleurs de l'automobile est clair : de bons emplois, des conditions de travail décentes et sures, sécuritaires, des soins de santé, et le droit à une vie en dehors du travail fourni.
La société des Etats-Unis a besoin de produits construits pour le 21ème siècle, mettant l'accent sur le développement des énergies non fossiles. Malheureusement, les négociateurs syndicaux sont obsédés par la rentabilité de l'entreprise.
Cette fois-ci, est-ce que les travailleurs de l'automobile pourront pourront imposer aux négociateurs que les résultats actuels ne correspondent pas à nos besoins, ? Ou bien les travailleurs de l'automobile, sachant bien dans leur for intérieur que tout est est faussé, se résigneront-ils à voter pour une signature parce qu'ils croient que c'est tout ce qu'ils peuvent obtenir?
Ceux d'entre nous, qui ont fait campagne pour la fin du système des salariés divisés en deux catégories, et pour contester l'idée que la rentabilité serait la valeur la plus élevée de la Société, espèrent que les travailleurs de l'automobile ignoreront, quand ils voteront, la propagande et l'intimidation qu'on veut leur imposer
Dianne Folley
Traduction JCV