Renault – Nissan : la roue tourne dans l’économie capitaliste mondialisée.

Publié le par NPA Auto Critique

L’alliance Renault-Nissan date de mars 1999. C’était la mise en place du 4ème constructeur mondial d’automobile. Cocorico ! Renault prenant de fait le contrôle de Nissan rivalisait avec Volkswagen, Toyota ou General Motors. Le 6 février 2023, 24 ans après, une reconfiguration complète des relations entre Nissan et Renault sera annoncée. Cela devient un simple accord comme il en existe des dizaines dans l’industrie automobile, avec une prise de participation réciproque minoritaire à hauteur de 15 % dans le capital de l’un et de l’autre.

L’installation de Renault comme actionnaire de Nissan au début des années 2000 a entraîné la fermeture de 3 usines d’assemblage sur 7, la casse de 30 % des capacités de production, et 23 000 suppressions d’emploi, soit 15 % des effectifs totaux. Du jamais vu depuis des décennies dans une entreprise japonaise de cette taille. A cette époque, le retour au profit de Nissan n’a donc rien eu de miraculeux, mais est dû à l’application des règles les plus éculées du capitalisme sous la houlette de Carlos Ghosn dont les fraudes au service de son enrichissement personnel ne seront démasquées que plus tard.

En 1999, les ventes mondiales de Renault et de Nissan étaient presque égales, autour de 2,4 millions de voitures. En 2022, 23 ans plus tard, Renault a vendu 2 millions de voitures dans le monde contre 3,8 millions pour Nissan. Ce résultat est surtout la conséquence des choix géographiques réservés à l’un et l’autre :Chine et États-Unis pour Nissan où il était déjà présent, et Amérique latine pour Renault où il était déjà présent. Plus la Russie, où aucune des deux firmes n’était présente, pour Renault.

Jusqu’à aujourd’hui Renault détenait 43 % du capital Nissan et à ce titre a reçu des dividendes en proportion des profits réalisés.  les dividendes reçus par Renault les seules dix dernières années ont atteint le montant de 4,8 milliards d’euros. Merci pour les actionnaires de Renault qui sans conteste en ont bien profité. S’il y une chasse pour découvrir qui aurait le plus profité de cette alliance entre Renault et Nissan, il suffit de se rappeler qu’à l’origine de ces profits partagés entre actionnaires de toute nationalité, il y a le travail effectué sur tous les continents dans les usines Renault et Nissan.

La roue tourne. La prétention de Renault, soutenue par son actionnaire de référence le gouvernement français, à dominer l’alliance et pourquoi pas à absorber Nissan dans une fusion, est devenue de moins en moins crédible. La révélation des pratiques de Ghosn, sa fuite au Liban et le fait que les actionnaires de Renault, parmi lesquels les représentants du gouvernement, aient couvert cet escroc jusqu’au bout, ont entraîné, cause et prétexte, un gel de l’alliance Renault Nissan. La possession par Renault de 40 % des actions de Nissan contre 15 % des actions Renault par Nissan est défini au Japon comme un « contrat inégal ». Les discussions pour aboutir à un rééquilibrage ont duré des mois et l’annonce d’un accord n’a été faite qu’après une rencontre à Paris le 6 janvier 2023 entre Macron et le premier ministre japonais. Il a fallu l’intervention de ce niveau politique pour valider la nouvelle relation entre Nissan et Renault, chacun devant posséder 15 % du capital de l’autre, aboutissant donc à la perte du contrôle de Nissan par Renault.

Il y aura peut-être quelques nouveaux projets communs entre Renault et Nissan mais la nouvelle direction de Renault n’en finit pas de rechercher tout azimut des nouveaux partenaires appelés à accompagner le démantèlement complet de Renault en cours. Ainsi Renault engage une relation étroite avec Geely l’une des firmes chinoises les plus dynamiques sur le marché mondial... et aussi l’un des concurrents de Nissan. A l’heure du dérèglement climatique, Renault continue à rechercher la participation d’Aramco, la firme pétrolière d'Arabie Saoudite parmi les plus polluantes de la planète. Alors que Tesla, la coqueluche des boursicoteurs, et dans une moindre mesure Stellantis, réintègrent des activités vouées jusqu’à présent à l’externalisation, Renault pousse jusqu’au bout les pratiques des décennies précédentes en démembrant à tout va, partageant ou vendant, au sens strict, par lots, les surfaces de son technocentre devenu largement en surcapacité.

La roue tourne et ce qui advient de l’alliance Renault Nissan s’inscrit dans la longue liste des fusions et projets avortés qui jalonnent l’histoire de l’industrie automobile. Les directions qui décident malgré leur incompétence démontrée lors de ces échecs, trouvent des moyens de se recaser. Ce n’est pas le cas des travailleurs et travailleuses du rang, dans les ateliers et les services, qui en subissent en première ligne les conséquences par des consignes de travail qui ne cessent de changer et par des suppressions de postes et d’emplois au fil de ces ruptures d’activités,

23 ans d’alliance entre Renault et Nissan pour en arriver là et des patrons qui se pavanent devant leurs échecs, il y en a assez ! Nissan devient une firme de plus dans le mécano du démantèlement de Renault actuellement en cours.  Maintien des droits acquis et des emplois ne peuvent être gagnés que par notre action collective, salariées et salariés. C'est la tâche du moment.!

Alors que l’urgence est à la réorientation des transports prenant en compte les contraintes imposées par le dérèglement climatique, les mêmes restent, pour le profit de quelques-uns, aux commandes d’une industrie automobile parmi les plus responsables de la situation d’aujourd’hui. 

Publié dans Renault, Nissan

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