La direction de l'UAW devrait revenir sur les déclarations de soutien aux mesures protectionnistes de Trump

Publié le par NPA Auto Critique qui transmet un article d'Against the Current traduit en français

Photo Liga Sindical Obrera Mexicana

Les camarades du site nord-américain Against the Current ont publié une prise de position de deux militants retraités de l’UAW. Cet article critique la position de la direction de l’UAW qui a soutenu les dernières mesures protectionnistes de Trump.

Ci dessous la traduction de cet article et le lien avec le site Against the Current

Article de Judy Wraight and Ron Lare, tous deux retraités "UAW Local 600 Ford Rouge".

Dans cet article, nous parlons uniquement entre notre nom.
La direction de l’UAW devrait revenir sur sa déclaration de soutien à Trump sur les taxes douanières et le protectionnisme et devrait faire appel à la solidarité internationale des travailleurs en organisant un parti du travail et en appelant à une grève générale.
La déclaration de l’UAW a raison de rejeter le « libre-échange ». Le « libre-échange » appliqué par le capitalisme et de l’impérialisme aboutit à expulser plus de travailleurs du marché du travail. Mais les taxes douanières et le nationalisme ne sont pas meilleurs pour les travailleurs. Les taxes douanières augmentent les prix pour tout le monde, en particulier les travailleurs et les pauvres. Les guerres tarifaires peuvent conduire à des dépressions économiques et à des guerres armées.
La déclaration de l’UAW est erronée au sujet de Trump. Il est profondément anti-syndicaliste. Il a paralysé le Conseil national des relations du travail et l’EEOC en privant les syndicats des membres nécessaires pour atteindre le quorum. L’allié de Trump, Elon Musk de SpaceX s’est associé à Amazon et Trader Joe’s pour déclarer illégale l’agence chargée de veiller au respect du droit syndical.
La tentative opportuniste de la déclaration de l’UAW pour se rapprocher de Trump ne fonctionnera même pas. Trump exige une allégeance complète à lui et à ce qu’il fait.
La récente déclaration de l’UAW est un coup porté à la solidarité internationale des travailleurs. Les travailleurs mexicains et canadiens ne sont pas mentionnés malgré les effets des mesures de Trump sur eux. L’UAW a pourtant des relations d’alliance avec ces camarades syndiqués. Au lieu de solidarité, l’esprit de la déclaration est en ligne avec le nationalisme « America First » de Trump.
Lorsque Victor Reuther était à la tête du département international de l’UAW, celle-ci était plutôt internationaliste en matière de politique commerciale, d'avantage que protectionniste.
Puis est venu le tournant vers le protectionnisme, suivi du néolibéralisme, à mesure que l’UAW cessait de réellement vraiment s’opposer aux politiques patronales, que la corruption augmentait et que la bureaucratie dirigeante se durcissait davantage.
De nombreux membres de l’UAW pensaient que nous commencions à nous débarrasser des politiques syndicales néolibérales en élisant l’actuel conseil exécutif international, dans le cadre de la  campagne menée par l’UAWD (Unite All Workers for Democracy, le mouvement de réforme de l’UAW). Dans ses interviews et ses discours, le président de l’UAW, Shawn Fain, a comparé le déménagement de sa famille du Sud vers l’Indiana pour trouver du travail à celui des immigrants qui s’installent aux États-Unis. La récente déclaration de l’UAW va à l’encontre de cet esprit de solidarité internationale. L’unité et l’action par-delà les frontières sont la clé du pouvoir des travailleurs, tout comme les revendications telles que « 30 heures de travail pour 40 heures de salaire » (« 30 for 40 ») pour créer des emplois.
L’aile progressiste du mouvement syndical commence à se mobiliser contre les politiques de Trump. Par exemple, Sara Nelson, des agents de bord, a déjà appelé à une grève générale, ce que Fain a fait plus tôt pour 2028. Il a lancé cet appel en même temps que l’expiration des contrats de l’UAW pour 2028. Et il a appelé d’autres syndicats à aligner leurs contrats afin de préparer l’action de 2028.
Aujourd’hui, les travailleurs fédéraux ripostent. Les militants syndicaux et communautaires participent dans les rues et par d’autres moyens aux mobilisations croissantes dans tout le pays. Mais l’appel actuel de l’UAW à Trump est complètement contraire à l’appel de Fain lui-même à une grève générale.
L’organisation d’une grève générale pourrait également contribuer à la création d’un parti travailliste pour remplacer les démocrates et les républicains en tant que forces politiques vers lesquelles les travailleurs et la plupart de leurs dirigeants se tournent. En fait, le soutien de l’UAW à un parti travailliste remonte à la convention de l’UAW de 1936. En 1996, un parti travailliste de courte durée a été fondé. Il a été soutenu par neuf syndicats, dont les Oil, Chemical and Atomic Workers, les United Electrical Workers, les West Coast longshore (ILWU), la California Nurses Association (CNA) et d’autres syndicats.
Judy Wraight et Ron Lare sont tous deux des membres retraités de la section locale 600 de l’UAW à Ford Rouge.

Labor Notes a publié un article utile sur la position du syndicat en matière de droits de douane.

Voici la déclaration de l’UAW du 4 mars sur les droits de douane :

Depuis 40 ans, nous constatons les effets dévastateurs du soi-disant « libre-échange » sur la classe ouvrière. Les entreprises se livrent à une course effrénée vers le bas en supprimant les bons emplois d’ouvriers en Amérique pour aller exploiter des travailleurs pauvres dans un autre pays en leur versant des salaires de misère. Les droits de douane sont un outil puissant dans la boîte à outils pour réparer l’injustice des accords commerciaux anti-travailleurs. Nous sommes heureux de voir un président américain prendre des mesures énergiques pour mettre fin au désastre du libre-échange qui a frappé la classe ouvrière comme une bombe.

On a beaucoup parlé de ces droits de douane qui « perturbent » l’économie. Mais si les entreprises américaines choisissent de faire payer des prix abusifs aux consommateurs américains ou d’attaquer les travailleurs américains parce qu’ils ne veulent pas payer leur juste part, ce sont les entreprises américaines qui sont responsables de cette décision. La classe ouvrière a souffert de tous les maux de l’ALENA, et nous ne souffrirons pas de tous les maux de son démantèlement. Nous voulons que les entreprises américaines, de l’industrie automobile et au-delà, s’engagent à nouveau envers la classe ouvrière qui fabrique les produits et génère les bénéfices qui font tourner ce pays.

L’UAW est en négociations actives avec l’administration Trump au sujet de ses projets visant à mettre fin au désastre du libre-échange. Nous sommes impatients de travailler avec la Maison Blanche pour façonner les tarifs automobiles en avril au profit de la classe ouvrière. Nous voulons voir des mesures sérieuses qui inciteront les entreprises à changer de comportement, à réinvestir en Amérique et à cesser de tromper le travailleur américain, le consommateur américain et le contribuable américain.


 

Commenter cet article