La mobilisation de l'UAW à l'approche du 15 septembre

Publié le par Diane Feeley. Against the Current. Traduction NPA Auto Critique

Alors que les contrats de travail signés par l'UAW avec les trois grands constructeurs automobiles de Detroit expirent le 14 septembre à minuit, il apparaît que les entreprises soient loin d'être parvenues à leurs fins. Ayant engrangé plus de 250 milliards de dollars au cours de la dernière décennie, elles rechignent à répondre aux revendications du président nouvellement élu de l'UAW, Shawn Fain, selon lequel "des profits records méritent des contrats records".
Portant des T-shirts "End Tiers" et "No Concessions", des centaines de travailleurs et leurs familles ont manifesté leur volonté de se battre pour un bon contrat lors du rassemblement de la région 1 de l'UAW, le dimanche 20 août. Le programme court comprenait Fain, le responsable de la région 1, LaShawn English, et la représentante du Congrès américain, Haley Stevens.
Fain s'est attaqué à l'argument selon lequel l'UAW aurait placé la barre trop haut. Pourquoi est-il acceptable que les PDG se récompensent en augmentant de 40 % leurs avantages sociaux, alors qu'il est inacceptable que les travailleurs fassent une telle demande ?
Les salaires ont stagné pendant une génération, l'ajustement au coût de la vie (COLA) abandonné en 2009 n'a pas été rétabli, et une main-d'œuvre divisée en niveaux de salaires, les « tiers », signifie que certains travailleurs ont des salaires et des avantages nettement inférieurs aux autres. Ces questions, ainsi que la fin des heures supplémentaires forcées, ainsi que le droit à la sécurité de l'emploi et à une vie en dehors du lieu de travail, sont essentielles pour obtenir gain de cause.
Les négociations entre les entreprises et l'UAW commencent traditionnellement par une poignée de main très photographiée entre le président du syndicat et les PDG de chaque entreprise. Cela n'a pas eu lieu cette année. Au lieu de cela, le président Fain a serré la main des travailleurs des usines Ford, GM et Stellantis, écoutant leurs revendications et répondant à leurs questions.

Dans le même temps, le personnel de l'UAW a encouragé les membres à s'inscrire pour recevoir des informations et mises à jour hebdomadaires par SMS ou par courrier électronique. Depuis lors, M. Fain a tenu de courtes intervnetions hebdomadaires en direct sur Facebook.
En plus des informations Facebook Live, le site web et les pages Facebook de l'UAW présentent de courtes vidéos qui incluent des histoires de travailleurs. La dernière en date met en scène une ouvrière de Ford de la quatrième génération qui décrit son expérience de mère célibataire travaillant comme intérimaire pendant six ans dans quatre usines différentes avant de devenir employée à plein temps.
Cette inclusion et cette transparence constituent un changement radical par rapport à la manière dont les dirigeants de l'UAW ont fonctionné au cours des cinquante dernières années. Auparavant, les négociations se déroulaient à huis clos et le département de la communication de l'UAW répondait généralement aux questions des médias par la formule "pas de commentaire".
En revanche, les dirigeants nouvellement élus de l'UAW - les premiers à avoir été élus directement par l’ensemble des adhérents dans un vote transmis par voie postale, ont élaboré une stratégie militante "Pas de concessions, pas de tiers", alors que la date limite de signature du contrat approche à grands pas. Ils ont dressé une liste claire des revendications des membres, se sont attaqués à la position des entreprises, ont encouragé les régions et les sections locales à préparer une campagne revendicative et, par l'intermédiaire du département d'organisation du syndicat, ont mis en place des formations en ligne afin que les membres soient en mesure d’animer des actions avec leurs collègues de travail.
S’inspirant des méthodes développées chez les chauffeurs routiers, les « Teamsters », d’UPS, ces actions consistent notamment à s’inscrire pour recevoir des informations hebdomadaires, à porter des badges et des chemises rouges avec des slogans au travail le mercredi, à encourager des rassemblements de 10 minutes dans les parkings avec les piquets de grève nécessaires. Que les dirigeants locaux participent ou non à la campagne, les travailleurs sont encouragés à s'impliquer activement.
Fain a appelé les sections locales à organiser des votes pour autoriser un mandat de grève si les négociations ne progressent pas. Il a ajouté : "En tant que syndicat, nous devons mener le combat pour la justice économique - pas seulement pour nous-mêmes, mais pour l'ensemble de la classe ouvrière", ce qui correspond au sentiment de la foule. Le slogan du site Internet de l'UAW, "Our generation's defining moment at the Big Three", le moment décisif de notre génération chez les trois grands, reflète clairement l'état d'esprit des travailleurs de l'automobile à l'approche du 15 septembre.

Publié dans USA

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